Bulletin of Physical Education

Bulletin d'Education Physique

 

August  1957

 

Contents :

Table des Matières:

The Life Divine

The spiritual Evolution V &VI

-Sri Aurobindo

La Vie Divine

L'évolution Spirituelle V & VI

-Sri Aurobindo

Questions and Answers

-The Mother

Entretiens

-La Mère

Report on the Quarter

Rapport Trimestriel

Illustrations

Illustrations

 

The Life Divine

THE SPIRITUAL EVOLUTION

 

These six chapters of The Life Divine of which the French translation is also given here form the last section of the book comprising Chapters XXIII-XXVIII of Vol. II, Part II and bear the general title, "The Spiritual Evolution". Sri Aurobindo gives here a general outline of the spiritual evolution of mankind and the transformation that will make a divine life upon earth possible.

 

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Les six chapitres de La Vie Divine dont nous publions ici la traduction sous le titre général: L'Évolution Spirituelle, sont les derniers de l'œuvre intégrale: les chapitres XXIII à XXVIII de la deuxième partie. Sri Aurobindo y donne une vue d'ensemble de l'évolution spirituelle de l'humanité et de la transformation qui rendra possible la vie divine sur la terre.

 

 

The Life Divine

THE SPIRITUAL EVOLUTION
V

THE GNOSTIC BEING (continued)

 

AN aspiration, a demand for the supreme and total delight of existence is there secretly in the whole make of our being, but it is disguised by the separation of our parts of nature and their differing urge and obscured by their inability to conceive or seize anything more than a superficial pleasure. In the body consciousness this demand takes shape as a need of bodily happiness, in our life parts as a yearning for life happiness, a keen vibrant response to joy and rapture of many kinds and to all surprise of satisfaction; in the mind it shapes into a ready reception of all forms of mental delight; on a higher level it becomes apparent in the spiritual mind's call for peace and divine ecstasy. This trend is founded in the truth of the being; for Ananda is the very essence of the Brahman, it is the supreme nature of the omnipresent Reality. The supermind itself in the descending degrees of the manifestation emerges from the Ananda and in the evolutionary ascent merges into the Ananda. It is not, indeed, merged in the sense of being extinguished or abolished but is there inherent in it, indistinguishable from the self of awareness and the self-effectuating force of the Bliss of Being. In the involutionary descent as in the evolutionary return supermind is supported by the original Delight of Existence and carries that in it in all its activities as their sustaining essence; for Consciousness, we may say, is its parent
power in the Spirit, but Ananda is the spiritual matrix from which it manifests and the maintaining source into which it carries back the soul in its return to the status of the Spirit,

La Vie Divine

L'ÉVOLUTION SPIRITUELLE

 

V

 L'ÊTRE GNOSTIQUE  (suite)

 

UNE aspiration, une exigence de félicité suprême et totale dans l'existence, est là, secrètement dans toute la substance de notre être, mais elle est déguisée par la séparation des parties de notre nature et par leurs impulsions divergentes, obscurcie par leur incapacité à concevoir ou à saisir autre chose qu'un plaisir superficiel. Dans la conscience du corps cette exigence prend la forme d'un besoin de bonheur physique, dans les parties vitales, d'une soif de bonheur vital, d'une intense et vibrante réaction à la joie, aux ravissements de toutes sortes et à toutes les satisfactions inattendues, dans le mental elle prend l'aspect d'une prompte réceptivité à toutes les formes de joies mentales; à un niveau supérieur elle transparaît dans l'appel du mental spirituel vers la paix et l'extase divine. Cette tendance est fondée sur la vérité de l'être, car l'Ânanda est l'essence même du Brahman, c'est la suprême nature de la Réalité omniprésente. Dans les degrés descendants de la manifestation, le supramental lui-même émerge de l'Ânanda, et dans l'ascension évolutive il se fond dans l'Ânanda. En fait, il ne s'y fond pas au sens d'une absorption ou abolition, mais il est là, inhérent à l'Ânanda, indiscernable du moi conscient de la Félicité de l'Être et de sa force réalisatrice. Dans sa descente involutive comme dans son retour évolutif, le supramental est soutenu par la Félicité originelle de l'existence et la porte en lui dans toutes ses activités comme leur essence sustentatrice, car la Conscience, pourrait-on dire, est sa puissance-mère dans l'Esprit, mais l'Ânanda est la matrice spirituelle d'où

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A supramental manifestation in its ascent would have as a next sequence and culmination of self-result a manifestation of the Bliss of the Brahman : the evolution of the being of gnosis would be followed by an evolution of the being of bliss; an embodiment of gnostic existence would have as its consequence an embodiment of the beatific existence. Always in the being of gnosis, in the life of the gnosis some power of the Ananda would be there as an inseparable and pervading significance of supramental self-experience. In the liberation of the soul from the Ignorance the first foundation is peace, calm, the silence and quietude of the Eternal and Infinite, but a consummate power and greater formation of the spiritual ascension takes up this peace of liberation into the bliss of a perfect experience and realisation of the eternal beatitude, the bliss of the Eternal and Infinite. This Ananda would be inherent in the gnostic consciousness as a universal delight and would grow with the evolution of the gnostic nature.

        It has been held that ecstasy is a lower and transient passage, the peace of the Supreme is the supreme realisation, the consummate abiding experience. This may be true on the spiritual-mind plane : there the first ecstasy felt is indeed a spiritual rapture, but it .can be and is very usually mingled with a supreme happiness of the vital parts taken up by the spirit; there is an exaltation, exultation, excitement, a highest intensity of the joy of the heart and the pure inner soul-sensation that can be a splendid passage or an uplifting force but is not the ultimate permanent foundation. But in the highest ascents of the spiritual bliss there is not this vehement exaltation and excitement; there is instead an illimitable intensity of participation in an eternal ecstasy which is founded on the eternal Existence and therefore on a beatific tranquillity of eternal peace. Peace and ecstasy cease to be different and become one. The supermind, reconciling and fusing all differences as well as all contradictions, brings out this unity; a wide calm and a deep delight of all-existence are among its first steps of self-realisation, but this calm and this delight rise together, as one state, into an increasing intensity and culminate in the eternal ecstasy, die bliss that is the Infinite. In the gnostic consciousness at any stage there would be always in some degree this fundamental and  

il se manifeste et la source -nourricière à laquelle il ramène l'âme dans son retour à l'état d'Esprit. Dans son ascension, la manifestation supramentale aura pour suite immédiate et pour couronnement de son développement, une manifestation de la Béatitude du Brahman : l'évolution de l'être de gnose sera suivie par l'évolution de l'être de béatitude, l'incarnation de l'existence gnostique aura pour conséquence l'incarnation de l'existence béatifique. Dans l'être de gnose, dans la vie de la gnose, se trouve toujours un certain pouvoir d'ânanda comme expression inséparable et dominante de l'expérience propre au supramental. Quand l'âme est libérée de l'ignorance, son premier fondement est la paix, le calme, le silence et la quiétude de l'Éternel et de l'Infini, mais un pouvoir plus complet et une forme plus haute de l'ascension spirituelle reprennent la paix de cette libération et la transforment en la joie d'une expérience et d'une réalisation parfaites de la béatitude éternelle, en la félicité de l'Éternel et de l'Infini. En tant que félicité universelle cet Ânanda est inhérent à la conscience gnostique, et il grandira avec l'évolution de la nature gnostique.

On a soutenu que l'extase est un passage inférieur et transitoire, et que la paix du Suprême est la suprême réalisation, l'expérience ultime et permanente. Ceci peut être vrai sur le plan du mental spirituel, là, la première extase ressentie est en vérité un ravissement spirituel, mais elle peut être, — et elle est le plus souvent, — mélangée à un bonheur suprême des parties vitales soulevées par l'Esprit; il y a une exaltation, une exultation, une surexcitation, une extrême intensité dans la joie du cœur et dans la pure sensation intérieure de l'âme, et ce peut être un passage splendide, une force exaltante, ce n'est pourtant pas le fondement ultime et permanent. Mais sur les sommets les plus hauts de la béatitude spirituelle, on ne trouve pas cette exaltation véhémente, cette surexcitation; elle est remplacée par l'intensité illimitée de la participation à une extase éternelle fondée sur l'Existence éternelle et par conséquent sur la tranquillité béatifique de la paix éternelle. La paix et l'extase cessent d'être différentes et deviennent une. Le supramental, réconciliant et fusionnant toutes les différences et toutes les contradictions, fait naître cette unité, le vaste calme et la félicité profonde de l'existence totale sont

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spiritual conscious delight of existence in the whole depth of the being; but also all the movements of Nature would be pervaded by it, and all the actions and reactions of the life and the body : none could escape the aw of the Ananda. Even before the gnostic change there can be a beginning of this fundamental ecstasy of being translated into a manifold beauty and delight. In the mind, it translates into a calm of intense delight of spiritual perception and vision and knowledge, in the heart into a wide or deep or passionate delight of universal union and love and sympathy and the joy of beings and the joy of things. In the will and vital parts it is felt as the energy of delight of a divine life-power in action or a beatitude of the senses perceiving and meeting the One everywhere, perceiving as their normal aesthesis of things a universal beauty and a secret harmony of creation of which our mind can catch only imperfect glimpses or a rare supernormal sense. In the body it reveals itself as an ecstasy pouring into it from the heights of the spirit and the peace and bliss of a pure and spiritualised physical existence. A universal beauty and glory of being begins to manifest; all objects reveal hidden lines, vibrations, power, harmonic significances concealed from the normal mind and the physical sense. In the universal phenomenon is revealed the eternal, Ananda.

        These are the first major results of the spiritual transformation that follow as a necessary consequence of the nature of Supermind. But if there is to be not only a perfection of the inner existence, of the consciousness, of an inner delight of existence, but a perfection of the life and action, two other questions present themselves from our mental view-point which have to our human thought about our life and its dynamisms a considerable, even a premier importance. First, there is the place of personality in the gnostic being,—whether the status, the building of the being will be quite other than what we experience as the form and life of the person or similar. If there is a personality and it is in any way responsible for its actions, there intervenes, next, the question of the place of the ethical element and its perfection and fulfilment in the gnostic nature. Ordinarily, in the common notion, the separative ego is our self and, if ego has to disappear  

parmi les premiers pas de la réalisation supramentale, mais ce calme et cette félicité apparaissent ensemble, comme un état unique, dans une croissante intensité, et ils culminent dans une extase éternelle, la béatitude qui est l'Infini. A tous les degrés de la conscience gnostique il y aura toujours, dans une certaine mesure, et dans toute la profondeur de l'être, cette félicité consciente, fondamentale et spirituelle de l'existence, et de plus, tous les mouvements de la Nature en seront imprégnés, ainsi que toutes les actions et réactions de la vie et du corps, — rien ne peut échapper à la loi de l'Ânanda. Même avant le changement gnostique, cette extase d'être fondamentale peut commencer et se traduire par des formes multiples de beauté et de félicité. Dans le mental, elle se traduit par la calme et intense félicité d'une perception, d'une vision et d'une connaissance spirituelles, dans le cœur par la félicité vaste, profonde ou passionnée d'une union, d'une sympathie et d'un amour universels, la joie des êtres et la joie des choses. Dans la volonté et les parties vitales, elle est sentie comme l'énergie de félicité d'une puissance vitale divine en action, ou comme la béatitude des sens percevant et rencontrant l'Un partout, percevant dans leur sensibilité normale des choses, la beauté universelle et la secrète harmonie de la création, dont notre mental ne peut saisir que des aperçus imparfaits, ou de rares sensations supranormales. Dans le corps, elle se révèle comme une extase qui se déverse des hauteurs de l'Esprit, comme la paix et la béatitude d'une existence physique pure et spiritualisée. Une beauté et une gloire d'être universelles commencent à se manifester, tous les objets révèlent des lignes cachées, des vibrations, des pouvoirs, des significations harmoniques qui sont voilés au mental normal et aux sens physiques. Dans l'univers phénoménal, se révèle l'éternel Ânanda.

Tels sont les premiers résultats majeurs de la transformation spirituelle et la conséquence inévitable de la nature du supramental. Mais s'il doit y avoir une perfection, non seulement de l'existence intérieure, de la conscience, de la félicité intérieure de l'existence, mais aussi une perfection de la vie et de l'action, deux autres questions se présentent de notre point de vue mental, qui, pour la conception humaine de la vie et de ses dynamismes,

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in a transcendental or universal Consciousness, personal life and action must cease; for, the individual disappearing, there can only be an impersonal consciousness, a cosmic self, but if the individual is altogether extinguished, no further question of personality or responsibility or ethical perfection can arise. According to another line of ideas the spiritual person remains, but liberated, purified, perfected in nature in a celestial existence. But here we are still on earth, and yet it is supposed that the ego personality is extinguished and replaced by a universalised spiritual individual who is a centre and power of the transcendent Being. It might be deduced that this gnostic or supramental individual is a self without personality, an impersonal Purusha. There could be many gnostic individuals but there would be no personality, all would be the same in being and nature. This, again, would create the idea of a void or blank of pure being from which an action and function of experiencing consciousness would arise,  but without a construction of differentiated personality such as that which we now observe and regard as ourselves on our surface, But this would be a mental rather than a supramental solution of the problem of a spiritual individuality surviving ego and persisting in experience. In the supermind consciousness personality and impersonality are not opposite principles; they are inseparable aspects of one and the same reality. This reality is not the ego but the being, who is impersonal and universal in his stuff of nature, but forms out of it an expressive personality which is his form of self in the changes of Nature.

        Impersonality is in its source something fundamental and universal; it is an existence, a force, a consciousness that takes on various shapes of its being and energy, each such shape of energy, quality, power or force, though still in itself general, impersonal and universal, is taken by the individual being as material for the building of his personality. Thus impersonality is in the original undifferentiated truth of things the pure substance of nature of the Being, the Person; in the dynamic truth of things it differentiates its powers and lends them to constitute by their variations the manifestation of personality. Love is the nature of the lover, courage the nature of the warrior, love and courage

ont une importance considérable et même primordiale. Tout d'abord, la place de la personnalité dans l'être gnostique— savoir si le statut, la structure de l'être resteront semblables ou différeront complètement de ce que nous connaissons comme forme et vie de la personne. Ensuite, s'il y a une personnalité et qu'elle soit d'une manière quelconque responsable de ses actes, la question se pose de savoir la place de l'élément éthique, de sa perfection et de son accomplissement dans la nature gnostique. D'ordinaire, suivant la conception commune, l'ego séparatif est notre moi, et, si l'ego doit disparaître dans une Conscience universelle ou transcendantale, la vie et l'action personnelles doivent également cesser, car l'individu disparaissant, il ne peut rester qu'une conscience impersonnelle, un moi cosmique, et si l'individu est complètement aboli, la question de la personnalité, ou de la responsabilité, ou de la perfection éthique, ne peut plus se poser. Suivant une autre ligne de pensée, la personne spirituelle subsiste, mais libérée, purifiée, avec une nature rendue parfaite dans une existence céleste. Mais ici, nous sommes encore sur la terre, et cependant on suppose que l'ego personnel est aboli et remplacé par une individualité spirituelle universalisée, qui est un centre et un pouvoir de l'Être transcendant. On pourrait en conclure que cet individu gnostique ou supramental est un moi sans personnalité, un Pourousha impersonnel. Il pourrait y avoir beaucoup d'individus gnostiques, mais ils n'auraient pas de personnalité, tous seraient identiques en être et en nature. Ceci en outre, donnerait l'idée d'un blanc ou d'un vide d'être pur, d'où sortiraient l'action et le jeu d'une conscience observatrice, mais celle-ci n'aurait pas la structure d'une personnalité différenciée comme celle que nous observons maintenant à notre surface et considérons comme nous-même. Mais ce serait là une solution mentale plutôt que supramentale du problème d'une individualité spirituelle survivant à l'ego et persistant dans l'expérience. Dans la conscience supramentale, personnalité et impersonnalité ne sont pas des principes opposés; ce sont les aspects inséparables d'une seule et même réalité. Cette réalité n'est pas l'ego mais l'être, qui est impersonnel et universel dans la substance de sa nature, et qui pourtant, de cette substance, façonne une personnalité qui l'exprime et qui

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are impersonal and universal forces or formulations of the cosmic Force, they are the spirit's powers of its uniiversal being and nature. The Person is the Being supporting what is thus impersonal, holding it in himself as his, his nature of self; he is that which is the lover and warrior. What we call the personality of the Person is his expression in nature-status and nature-action,—he himself being in his self-existence, originally and ultimately, much more than that, it is the form of himself that he puts forth as his manifested already developed natural being or self in nature. In the formed limited individual it is his personal expression of what is impersonal, his personal appropriation of it, we may say, so as to have a material with which he can build a significant figure of himself in manifestation. In his formless unlimited self, his real being, the true Person or  Purusha, he is not that, but contains in himself boundless and universal possibilities; but he gives to them, as the divine Individual, his own turn in the manifestation so that each among the Many is a unique self of the one Divine. The Divine, the Eternal, expresses himself as existence, consciousness, bliss, wisdom, knowledge, love, beauty, and   we can think of him as these impersonal and universal powers of himself, regard them as the nature of the Divine and Eternal; we can say that God is Love, God is Wisdom, God is Truth or Righteousness : but he is not himself an impersonal state or abstract of states or qualities, he is the Being, at once absolute, universal and individual. If we look at it from this basis, there is, very clearly, no opposition, no incompatibility, no impossibility of a co-existence or one-existence of the Impersonal and the Person; they are each other, live in one another, melt into each other, and yet in a way can appear as if different ends, sides, obverse and reverse of the same Reality. The gnostic being is of the nature of the Divine and therefore repeats in himself this natural  mystery of existence,

        A supramental gnostic individual will be a spiritual Person, but not a personality in the sense of a pattern of being marked out by a settled combination of fixed qualities, a determined character, he cannot be that since he is a conscious expression of the universal and the transcendent. But neither can his being 

est la forme de son moi dans les mouvements de la Nature.

A son origine, l'impersonnalité est une chose fondamentale et universelle; c'est une existence, une force, une conscience dont l'être et l'énergie revêtent des formes variées; chacune de ces formes d'énergie, de qualité, de pouvoir ou de force, tout en restant générale, impersonnelle et universelle en soi, est prise par l'être individuel comme matière première pour la construction de sa personnalité. Ainsi, dans la vérité originelle indifférenciée des choses, l'impersonnalité est la substance pure de la nature de l'Être, la Personne; dans la vérité dynamique des choses, elle différencie ses pouvoirs et les prête pour constituer par leurs variations la manifestation de la personnalité. L'amour est la nature de l'amant, le courage, la nature du guerrier; l'amour et le courage sont des forces ou des formulations impersonnelles et universelles de la Force cosmique; ce sont des pouvoirs de l'Esprit dans son être universel et sa nature universelle. La Personne est l'Être soutenant ce qui est ainsi impersonnel, le portant en lui-même comme sien, comme la nature de son moi; elle est ce qui est l'amant et le guerrier. Ce que nous appelons la personnalité de la Personne est son expression dans l'état intérieur comme dans l'action extérieure de notre nature, — elle-même étant originairement et ultimement, dans son existence en soi, beaucoup plus que cela; c'est la forme d'elle-même qu'elle émet comme manifestation de son être naturel déjà développé, son moi dans la nature. Dans l'individu formé et limité, c'est son expression personnelle de ce qui est impersonnel, son appropriation personnelle de cela, pouvons-nous dire, afin d'avoir les matériaux qui lui permettent de construire une image significative d'elle-même dans la manifestation. Dans son moi sans forme et sans limite, son être réel, la vraie Personne ou Pourousha n'est pas cela, mais contient en elle-même des possibilités universelles et sans bornes; et elle leur donne, en tant qu'Individu divin, sa propre marque dans la manifestation, afin que chaque être dans la multiplicité soit un moi unique de l'unique Divin. Le Divin, l'Éternel, s'exprime comme existence, conscience, béatitude, sagesse, connaissance, amour, beauté, et nous pouvons le penser comme ces pouvoirs de lui-même impersonnels et universels, considérer ceux-ci comme

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be a capricious impersonal flux throwing up at random waves of various form, waves of personality as it pours through Time. Something like this may be felt in men who have no strong centralising Person in their depths but act from a sort of confused multi-personality according to whatever element in them becomes  prominent at the time; but the gnostic consciousness is a consciousness of harmony and self-knowledge and self-mastery and would not present such a disorder. There are, indeed, varying notions of what constitutes personality and what constitutes character. In one view personality is regarded as a fixed structure of recognisable qualities expressing a power of being, but another idea distinguishes personality and character, personality as a flux of self-expressive or sensitive and responsive being, character as a formed fixity of Nature's structure. But flux of nature and fixity of nature are two aspects  of being neither of "I which, nor indeed both together, can be a definition of personality. For in all men there is a double element, the unformed though, limited flux of being or Nature out of which personality is fashioned and the personal formation out of that flux. The formation may become rigid and ossify or it may remain sufficiently plastic to change constantly and develop; but it develops out of the^formative flux, by a modification or enlargement or remoulding of the personality, not, ordinarily, by an abolition of the formation already made and the substitution of a new form of being,—this can only occur in an abnormal turn or a supernormal conversion. But besides this flux and this fixity there is also a third and occult element, the Person behind of whom the personality is a self-expression; the Person puts forward the personality as his role, character, persona, in the present act of his long drama of manifested existence. But the Person is larger than his personality, and it may happen that this inner largeness overflows into the surface formation, the result is a self-expression of being which can no longer be described by fixed qualities, normalities of mood, exact lineaments, or marked out by any structural limits. But neither is it a mere indistinguishable, quite amorphous and unseizable flux : though its acts of nature can be characterised but not itself, still it can be distinctively felt, fol

la nature du Divin et de l'Éternel; nous pouvons dire que Dieu est amour, que Dieu est sagesse, que Dieu est vérité et rectitude, mais il n'est pas lui-même un état impersonnel ou une abstraction d'états et de qualités, il est l'Être, à la fois absolu, universel et individuel. Si nous regardons le problème sur cette base, il n'y a très évidemment aucune opposition, aucune incompatibilité, aucune impossibilité de coexistence ou d'existence une entre l'Impersonnel et la Personne, ils sont l'un l'autre, ils vivent l'un en l'autre, se fondent l'un dans l'autre, et cependant, d'une certaine manière, peuvent apparaître comme les extrémités, les côtés différents, l'avers et le revers de la même Réalité. L'être gnostique a la nature du Divin et par conséquent reproduit en lui-même ce mystère naturel de l'existence.

Un individu supramental gnostique sera une Personne spirituelle, mais non une personnalité au sens d'un type d'être délimité par la combinaison invariable de qualités fixes, un caractère déterminé; il ne peut être cela puisqu'il est une expression consciente de l'universel et du transcendant. Mais son être ne peut pas être non plus un flux impersonnel capricieux projetant au hasard des vagues de formes variées, des vagues de personnalité, tandis qu'il coule dans le temps. On peut sentir quelque chose de ce genre chez les hommes qui n'ont pas, dans leurs profondeurs, de forte Personne centralisatrice et qui agissent avec une sorte de personnalité multiple confuse, au gré de l'élément qui domine en eux à tel ou tel moment; mais la conscience gnostique est une conscience d'harmonie, de connaissance de soi et de maîtrise de soi, et elle ne présentera pas un tel désordre. On trouve, en fait, des conceptions divergentes sur ce qui constitue la personnalité et ce qui constitue le caractère. Selon les uns, la personnalité serait une structure fixe de qualités discernables exprimant un pouvoir d'être; mais une autre conception distingue la personnalité et le caractère : la personnalité serait le flux d'expression d'un être sensitif et réagissant, le caractère serait une fixité qui s'est formée dans la structure de la Nature. Mais le flux de notre nature et la fixité de notre nature sont deux aspects de l'être et ils ne peuvent ni l'un ni l'autre, ni même ensemble, servir de définition à la personnalité. Car dans tout homme il y a un élément

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lowed in its action, it can be recognised, though it cannot easily be described, for it is a power of being rather than a structure. The ordinary restricted personality can be grasped by a description of the characters stamped on its life and thought and action, its very definite surface building and expression of self; even if we may miss whatever was not so expressed, that might seem to detract little from the general adequacy of our understanding, because the element missed is usually little more than an amorphous raw material, part of the flux, not used to form a significant part of the personality. But such a description would be pitifully inadequate to express the Person when its Power of Self within manifests more amply and puts forward its hidden daemonic force in the surface composition and the life. We feel  ourselves in presence of a light of consciousness, a potency, a sea of energy, can distinguish and describe its free waves of action and quality, but not fix itself; and yet there is an impression of personality, the presence of a powerful being, a strong, high or beautiful recognisable Someone, a Person, not a limited creature of Nature but a Self or Soul, a Purusha. The gnostic Individual would be such an inner Person unveiled, occupying both the depths—no longer self-hidden—and the surface in a unified self-awareness , he would not be a surface personality partly expressive of a larger secret being, he would be not the wave but the ocean : he would be the Purusha, the inner conscious Existence self-revealed, and would have no need of a carved expressive mask or persona.

        This, then, would be the nature of the gnostic Person, an infinite and universal being revealing—or, to our mental ignorance, suggesting—its eternal self through the significant form and expressive power of an individual and temporal self manifestation. But the individual nature-manifestation, whether strong and distinct in outline or multitudinous and protean but still harmonic, would be there as an index of the being, not as the whole being : that would be felt behind, recognisable but; indefinable, infinite. The consciousness also of the gnostic Person would be an infinite consciousness throwing up forms of self-expression, but aware always of its unbound infinity and  

double : le flux non formé, et pourtant limité, de l'être ou de la Nature à partir duquel la personnalité est façonnée, et la formation personnelle résultant de ce flux. La formation peut devenir rigide et s'ossifier, ou elle peut demeurer suffisamment plastique pour changer constamment et se développer; mais elle se développe à partir du flux formateur par une modification, un élargissement ou un remodellement de la personnalité, et non, généralement, par abolition de la formation déjà faite, et substitution d'une nouvelle forme d'être,— ceci ne peut se produire que dans un changement anormal ou une conversion supranormale. Mais en dehors de ce flux et de cette fixité, il y a aussi un troisième élément occulte, la Personne par derrière, dont la personnalité est une expression; la Personne émane la personnalité comme un rôle, un personnage, un masque, persona, dans le présent acte du long drame de son existence manifestée. Cependant la Personne est plus vaste que sa personnalité, et il peut arriver que cette ampleur intérieure déborde dans la formation de surface; il en résulte que l'expression de l'être ne peut plus être décrite par des qualités fixes, des manières d'être normales, des contours exacts, ni définie par des limites structurelles. Mais ce n'est pas non plus un simple flux indistinct, tout à fait amorphe et insaisissable; les actes de sa nature peuvent être caractérisés, mais cette personnalité elle-même ne peut l'être; et pourtant on peut la sentir distinctement, la suivre dans son action; on peut la reconnaître, quoiqu'il ne soit pas facile de la décrire; car elle est un pouvoir d'être plutôt qu'une structure. La personnalité ordinaire restreinte peut être saisie par une description des caractères qui s'impriment sur sa vie, sa pensée et ses actes, sur sa construction de surface et l'expression de son moi qui sont bien déterminées. Et même si l'on omet ce qui ne s'est pas exprimé de cette façon, cela semble n'enlever que peu de chose à l'exactitude générale de notre compréhension, parce que l'élément omis n'est habituellement guère plus qu'une matière brute amorphe, une fraction du flux qui n'a pas été utilisée pour former une partie importante de la personnalité. Mais une telle description serait lamentablement inadéquate pour exprimer la Personne quand le pouvoir de son Moi intérieur se manifeste avec toute son ampleur et déploie, dans sa constitution de surface et dans

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universality and conveying the power and sense of its infinity and universality even in the finiteness of the expression,—by which, moreover, it would not be bound in the next movement of farther self-revelation. But this would still not be an unregulated unrecognisable flux but a process of self-revelation making visible the inherent truth of its powers of existence according to the harmonic law natural to all manifestation of the Infinite.

        All the character of the life and action of the gnostic being would arise self-determined out of this nature of his gnostic individuality. There could be in it no separate problem of an ethical or any similar content, any conflict of good and evil. There could indeed be no problem at all, for problems are the creations of mental ignorance seeking for knowledge and they cannot exist in a consciousness in which knowledge arises self-born and the act is self-born out of the knowledge, out of a pre-existent truth of being conscious and self-aware. An essential and universal spiritual truth of being manifesting itself, freely fulfilling itself in its own nature and self-effectuating consciousness, a truth of being one in all even in an infinite diversity of it s truth and making all to be felt as one, would also be in its very nature an essential and universal good manifesting itself, fulfilling itself in its own nature and self-effectuating consciousness, a truth of good one in all and for all even in an infinite diversity of its good. The purity of the eternal Self-existence would pour itself into all the activities, making and keeping all things pure; there could be no ignorance leading to wrong will and falsehood of the steps, no separative egoism inflicting by its ignorance and separate contrary will harm on oneself or harm on others, self-driven to a wrong dealing with one's own soul, mind, life or body or a wrong dealing with the soul, mind, life, body of others, which is the practical sense of all human evil. To rise beyond virtue and sin, good and evil is an essential part of the Vedantic idea of liberation, and there is in this correlation a self-evident sequence. For liberation signifies an emergence into the true spiritual nature of being where all action is the automatic self-expression of that truth and there can be nothing else. In the imperfection and conflict of our members there is an effort to arrive at a right standard of conduct and to 

la vie, la force de son daïmôn caché. Nous nous sentons alors en présence d'une lumière de conscience, d'une puissance, d'un océan d'énergie, nous pouvons distinguer et décrire les libres vagues de son action et de ses qualités, mais non la fixer elle-même, et cependant nous avons l'impression d'une personnalité, nous sentons la présence d'un être puissant, d'un Quelqu'un qui est reconnaissable, fort, élevé ou beau, une Personne, non une créature limitée de la Nature mais un Moi ou Âme, un Éternel L'Individu gnostique sera une Personne intérieure de cette sorte, mais dévoilée, occupant à la fois les profondeurs, — non plus cachées, — et la surface, dans une conscience de soi unifiée. Il ne sera pas une personnalité superficielle exprimant partiellement un être secret plus vaste, il ne sera pas la vague, mais l'océan; il sera le Éternel, l'Existence intérieure consciente révélée à elle-même, et n'aura plus besoin d'un masque sculpté, persona, pour s'exprimer.

Telle sera donc la nature de la Personne gnostique : un être infini et universel qui révèle son moi éternel, — ou, pour notre ignorance mentale, qui le suggère, — au moyen de la forme significative et du pouvoir d'expression d'une manifestation individuelle et temporelle. Mais la manifestation d'une nature individuelle, — qu'elle soit forte et distincte dans ses contours ou innombrable et protéenne, et pourtant harmonieuse, — sera là comme une indication de l'être, non comme l'être tout entier; celui-ci sera senti par derrière, reconnaissable mais indéfinissable, infini. De même, la conscience de la Personne gnostique sera une conscience infime projetant des formes qui l'expriment, mais percevant toujours son infinité et son universalité sans limite, et communiquant le sens et la puissance de son infinitude et de son universalité jusque dans la finitude de son expression, qui, d'ailleurs, ne la liera pas pour le mouvement suivant de sa révélation ultérieure. Mais ce ne sera pas cependant, un flux désordonné et indéfinissable, ce sera un mouvement d'auto-révélation qui rend visible la vérité inhérente de ses pouvoirs d'existence conformément à la loi d'harmonie naturelle à toute manifestation de l'Infini.

Tout le caractère de la vie et de l'action de l'être gnostique surgira spontanément déterminé par la nature de son individualité

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observe it; that is ethics, virtue, merit punya, to do otherwise is sin, demerit, pāpa. Ethical mind declares a law of love, a law of justice, a law of truth, laws without number, difficult to observe, difficult to reconcile. But if oneness with others, oneness with truth is already the essence of the realised spiritual nature  there is no need of a law of truth or of love,—the law, the standard has to be imposed on us now because there is in our natural being an opposite force of separateness, a possibility of antagonism, a force of discord, ill-will, strife. All ethics is a construction of good in a Nature which has been smitten with evil by the powers of darkness born of the Ignorance, even as it is expressed in the ancient legend of the Vedanta. But where all is self-determined by truth of consciousness and truth of being, there can be no standard, no struggle to observe it, no virtue or merit, no sin or demerit of the nature. The power of love, of truth, of right will be there, not as a law mentally constructed but as the very substance and constitution of the nature and, by the integration of the being, necessarily also the very stuff and constituting nature of the action. To grow into this nature of our true being, a nature of spiritual truth and oneness, is the liberation attained by an evolution of the spiritual being; the gnostic evolution gives us the complete dynamism of that return to ourselves. Once that is done, the need of standards of  virtue, dharmas, disappears; there is the law and self-order of the liberty of the spirit, there can be no imposed or constructed law of conduct, dharma. All becomes a self-flow of spiritual self-nature, Swadharma of Swabhava.

        Here we touch the kernel of the dynamic difference between life in the mental ignorance and life in the gnostic being and nature, It is the difference between an integral fully conscious being in full possession of its own truth of existence and working out that truth in its own freedom, free from all constructed laws, while yet its life is a fulfilment of all true laws of becoming in their essence of meaning, and an ignorant self-divided existence which seeks for its own truth and tries to construct its findings into laws and I construct its life according to a pattern so made. All true law is the right motion and process of a reality, an energy or power of being in action fulfilling its own inherent movement self-implied

gnostique. Il ne peut y avoir en cette individualité aucun problème particulier de nature éthique ou similaire, aucun conflit de bien et de mal. En fait, il ne peut y avoir aucun problème, car les problèmes sont une création de l'ignorance mentale à la recherche de la connaissance, et ils ne peuvent exister dans une conscience où la connaissance naît d'elle-même et où l'acte naît de lui-même hors de la connaissance, hors d'une vérité de l'être préexistante et consciente d'elle-même. Une vérité spirituelle de l'être, essentielle et universelle, qui se manifeste elle-même, s'accomplit librement dans sa propre nature et dans sa conscience auto-réalisatrice, une vérité de l'être qui est une en toute chose, même dans la diversité infinie de sa vérité, et qui fait sentir que tout est un, sera en même temps, de par sa nature même, un bien essentiel et universel qui se manifeste lui-même, s'accomplit lui-même dans sa nature propre et sa conscience auto-réalisatrice, la vérité d'un bien un en tout et pour tous, même dans l'infinie diversité de son bien. La pureté de l'éternelle Existence en soi se déversera dans toutes les activités de l'être gnostique, rendant et gardant pures toutes choses; il ne pourra pas y avoir d'ignorance conduisant à une volonté mauvaise et à des mouvements faux, pas d'égoïsme séparatif s'infligeant du mal à soi-même par son ignorance et sa volonté séparée contraire, ou en infligeant aux autres, poussé par soi-même à mal agir avec son âme, son mental, sa vie ou son corps ou à mal agir avec l'âme, le mental, la vie et le corps des autres, ce qui est pratiquement le sens de tout mal humain. S'élever au-dessus de la vertu et du péché, du bien et du mal est une partie essentielle de la conception védantique de la libération, et il y a dans cette corrélation un ordre naturel évident. Car la libération signifie l'émergence dans la vraie nature spirituelle de l'être, là où toute action est l'expression automatique de la vérité et où il ne peut y avoir rien d'autre. Dans l'imperfection et le conflit des éléments de notre nature, il y a un effort pour arriver à une règle correcte de conduite et pour l'observer; c'est ce que cherchent l'éthique, la vertu, le mérite, pounya; agir autrement c'est le péché, le démérite, papa. L'esprit moral proclame une loi de l'amour, une loi de la justice, une loi de la vérité, des lois sans nombre, difficiles à observer, difficiles à concilier. Mais si l'unité

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in its own truth of existence. This law may be inconscient and its working appear to be mechanical,—that is the character or, at least, the appearance of law in material Nature : it may be a conscious energy, freely determined in its action by the consciousness in the being aware of its own imperative of truth, aware of its plastic possibilities of self-expression of that truth, aware, always in the whole and at each moment in the detail, of the actualities it has to realise; this is the figure of the law of the Spirit. An entire freedom of the spirit, an entire self-existent order self-creating, self-effectuating, self-secure in its own natural and inevitable movement, is the  character of this dynamis of the gnostic Supernature. 

        At the summit of being is the Absolute with its absolute freedom of infinity but also its absolute truth of itself and power of that truth of being, these two things repeat themselves in the life of the spirit in supernature. All action there is the action of the supreme Self, the supreme Ishwara in the truth of the supernature, It is at once the truth of the being of the self and the truth of the will of the Ishwara one with that truth—a biune reality—which expresses itself in each individual gnostic being according to his supernature. The freedom of the gnostic individual is the freedom of his spirit to fulfil dynamically the truth of his being and the power of his energies in life, but this is synonymous with an entire obedience of his nature to the truth of Self manifested in his existence and to the will of the Divine in him and all. This All-Will is one in each gnostic individual and in many gnostic individuals and in the conscious All which holds and contains them in itself; it is conscious of itself in each gnostic being and is there one with his own will, and at the same time he is conscious of the same Will, the same Self and Energy variously active in all. Such a gnostic consciousness and gnostic will aware of its oneness in many gnostic individuals, aware of its concordant totality and the meaning and meeting-point of its diversities, mustassure a symphonic movement, a movement of unity, harmony, mutuality in the action of the whole. It assures at the same time in the individual a unity and symphonic concord of all the powers and movements of his being. All energies of being seek their self-expression and at their highest seek their absolute, this they find in the supreme Self, and

avec les autres, l'unité avec la vérité est déjà l'essence de la nature spirituelle réalisée, il n'est plus besoin d'une loi de la vérité ni d'une loi de l'amour. La loi, la règle doit nous être imposée à présent parce qu'il y a dans notre être naturel une force opposée de séparation, une possibilité d'antagonisme, une force de discorde, une mauvaise volonté, un conflit. Toute morale est une construction du Bien dans une Nature que les puissances d'obscurité nées de l'Ignorance ont forgée par le Mal, ainsi qu'il est dit dans la légende ancienne du Védânta. Mais là où tout est spontanément déterminé par la vérité de la conscience et la vérité de l'être, il ne peut y avoir ni règle, ni lutte pour observer la règle, ni vertu ou mérite, ni péché ou démérite de notre nature. Le pouvoir de l'amour, de la vérité, du bien sera là, non comme une loi construite par le mental, mais comme la substance même et la constitution de notre nature, et du fait de l'intégration de l'être, il sera nécessairement aussi l'étoffé même et la nature constitutive de l'action. Croître dans la nature de notre être véritable, une nature de vérité et d'unité spirituelles, telle est la libération atteinte par l'évolution de l'être spirituel, l'évolution gnostique nous donne le dynamisme complet de ce retour à nous-même. Dès qu'il est effectué, le besoin de règles de vertu, de dharmas, disparaît; il y a la loi et l'ordre spontané de la liberté de l'Esprit; il ne peut y avoir de règle de conduite imposée ou construite, de dharma. Tout devient le flot spontané de notre propre nature spirituelle, le swadharma du swabhâva.

Ici nous touchons l'essentiel de la différence dynamique entre la vie dans l'ignorance mentale et la vie dans l'être et la nature gnostiques. C'est la différence entre, d'une part, un être intégral pleinement conscient, en pleine possession de la vérité de sa propre existence et exprimant cette vérité selon sa liberté propre, indépendamment de toute loi construite, et alors même que sa vie est l'accomplissement de toutes les vraies lois du devenir dans leur signification essentielle, et, d'autre part, une existence ignorante et divisée, qui cherche sa propre vérité et essaye d'ériger ses découvertes en lois et de construire sa vie suivant le modèle ainsi fait. Toute loi vraie est le mouvement et le processus exact d'une réalité, d'une énergie ou pouvoir d'être en action qui

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they find at the same time their supreme oneness, harmony and mutuality of united and common self-expression in its all-seeing and all-uniting dynamic power of self-determination and self effectuation, the supramental gnosis. A separate self-existent being could be at odds with other separate beings, at variance with the universal All in which they co-exist, in a state of contradiction with any supreme Truth that was willing its self-expression in the universe; this is what happens to the individual in the Ignorance, because he takes his stand on the consciousness of a separate individuality. There can be a similar conflict, discord, disparity between the truths, the energies, qualities, powers, modes of being that act as separate forces in the individual and in the universe. A world full of conflict, a conflict in ourselves, a conflict of the individual with the world around him are normal and inevitable features of the separative consciousness of the Ignorance and our ill-harmonised existence. But this cannot happen in the gnostic consciousness because there each finds his complete self and all find their own truth and the harmony of their different motions in that which exceeds them and of which they are the expression. In the gnostic life, therefore, there is an entire accord between the free self-expression of the being and his automatic obedience to the inherent law of the supreme and universal Truth of things. These are to him interconnected sides of the one Truth; it is his own supreme truth of being which works itself out in the whole united truth of himself and things in one supernature. There is also an entire accord between all the many and different powers of the being and their action; for even those that are contradictory in their apparent motion and seem    in our mental experience of them to enter into conflict, fit themselves and their action naturally into each other, because each has its self-truth and its truth of relation to the others and this is self-found and self-formed in the gnostic supernature.

        In the supramental gnostic nature there will therefore be no need of the mental rigid way and hard style of order, a limiting standardisation, an imposition of a fixed set of principles, the compulsion of life into one system or pattern which is alone valid because it is envisaged by mind as the one right truth of being and 

accomplit son propre mouvement naturel déjà contenu dans la vérité de sa propre existence. Cette énergie peut être inconsciente et son action peut sembler mécanique : tel est le caractère, ou du moins l'apparence, des lois de la Nature matérielle. Ce peut être une énergie consciente, dont l'action est librement déterminée par la conscience de l'être, et qui perçoit son propre impératif de vérité, les possibilités plastiques d'exprimer cette vérité, qui perçoit toujours dans leur ensemble, et à chaque moment dans le détail, les réalités qu'elle doit réaliser : telle est l'image de la loi de l'Esprit. Une totale liberté de l'Esprit, un ordre total existant en soi, se créant de lui-même, s'effectuant lui-même, sûr de lui-même et de son propre mouvement naturel inéluctable, tel est le caractère du dynamisme de la supranature gnostique.

Au sommet de l'être est l'Absolu, avec l'absolue liberté de son infinitude, mais avec aussi son absolue vérité de lui-même et le pouvoir absolu de cette vérité de l'être; ces deux choses se retrouvent dans la vie de l'Esprit dans la supranature. Là, toute action est l'action du Moi suprême, le suprême îshwara, dans la vérité de la supranature. Ce qui s'exprime dans chaque être gnostique individuel, selon la supranature de chacun, c'est à la fois la vérité de l'être de son moi, et, une avec cette vérité, la vérité de la volonté de l'îshwara, — une réalité à la fois double et unique. La liberté de l'individu gnostique est la liberté de son Esprit d'accomplir dynamiquement dans la vie la vérité de son être et le pouvoir de ses énergies, et ceci est synonyme d'une entière obéissance de sa nature à la vérité du Moi manifestée dans son existence, et à la volonté du Divin en lui et en tout. Cette Toute-Volonté est une dans chaque individu gnostique et dans l'ensemble des individus gnostiques et dans le Tout conscient qui les maintient et les contient en lui-même, elle est consciente d'elle-même en chaque être gnostique où elle est une avec la volonté de l'être gnostique, et en même temps, celui-ci est conscient que c'est la même Volonté, le même Moi, la même Énergie qui est diversement active en tous. Une telle conscience gnostique, une telle volonté gnostique, consciente de son unité dans la multiplicité des individus gnostiques, consciente de sa totalité concordante, de la signification et du point de rencontre de ses diversités,

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conduct. For such a standard cannot include and such a structure cannot take up into itself the whole of life, nor can it adapt itself freely to the pressure of the All-life or to the needs of the evolutionary Force; it has to escape from itself or to escape from its self-constructed limits by its own death, by disintegration or by an intense conflict and revolutionary disturbance. Mind has thus to select its limited rule and way of life, because it is itself bound and limited in vision and capacity; but gnostic being takes up into itself the whole of life and existence, fulfilled, transmuted into the harmonic self-expression of a vast Truth one and diverse, infinitely one, infinitely multiple. The knowledge and action of the gnostic being would have the wideness and plasticity of an infinite freedom. This knowledge would grasp its objects as it went in the largeness of the whole; it would be bound only by the integral truth of the whole and the complete and inmost truth of the object, but not by the formed idea or fixed mental symbols by which the mind is caught and held and confined in them so as to lose the freedom of its knowledge. The entire activity also would be unbound by an obligation of unelastic rule or by the obligation of a past state or action or by its compelling consequence. Karma; it would have the sequent but self-guided and self-evolving plasticity of the Infinite acting directly upon its own finites. This movement will not create a flux or chaos, but a liberated and harmonic Truth expression; there would be a free self-determination of the spiritual being in a plastic entirely conscious nature.

        In the consciousness of the Infinite individuality does not break up nor circumscribe cosmicity, cosmicity does not contradict transcendence. The gnostic being living in the consciousness of the Infinite will create his own self-manifestation as an individual, but he will do so as a centre of a larger universality and yet at the same time a centre of the transcendence. A universal individual, all his action would be in harmony with the cosmic action, but, owing to his transcendence, it would not be limited by a temporary inferior formulation or at the mercy of any or every cosmic force, His universality would embrace even the Ignorance around him in its larger self, but, while intimately aware of it, he would not be affected by it: he would follow the greater law of his transcendent  

doit assurer un mouvement symphonique, un mouvement d'unité, d'harmonie et d'entente réciproque dans l'action du tout. Et en même temps, elle assure dans l'individu une unité et un accord symphonique de tous les pouvoirs et tous les mouvements de l'être. Toutes les énergies de l'être cherchent leur expression propre et, au sommet, recherchent leur absolu, elles le trouvent dans le Moi suprême, et, en même temps, elles trouvent leur suprême unité, l'harmonie et l'entente réciproque de leur expression commune unifiée, dans Son pouvoir dynamique d'auto-détermination et d'auto-réalisation qui voit tout et unifie tout, — la gnose supramentale. Un être séparé existant en soi peut être en conflit avec les autres êtres séparés, en désaccord avec le Tout universel dans lequel ils coexistent, en état de contradiction avec la suprême Vérité qui veut se réaliser dans l'univers; c'est ce qui arrive avec l'individu dans l'ignorance, parce qu'il prend son appui sur la conscience d'une individualité séparée. Il peut y avoir un semblable conflit, une discorde, une disparité semblable entre les vérités, les énergies, les qualités, les pouvoirs, les modes d'êtres qui agissent comme des forces séparées dans l'individu et dans l'univers. Un monde plein de conflits,— conflits en nous-mêmes, conflits entre l'individu et le monde qui l'entoure, — est un trait normal et inévitable de la conscience séparative dans l'ignorance et de notre existence mal harmonisée. Mais ceci ne peut pas se produire dans la conscience gnostique, parce qu'en elle chacun trouve son moi complet, et tous trouvent leur propre vérité et l'harmonie de leurs différents mouvements dans cela qui les dépasse et dont ils sont l'expression. Dans la vie gnostique par conséquent, il y a accord complet entre la libre expression propre de l'être et son obéissance automatique à la loi inhérente de la Vérité suprême et universelle des choses. Libre expression et obéissance sont pour lui les deux côtés interdépendants de la Vérité une, c'est la vérité propre et suprême de son être qui s'exprime dans la vérité totale de lui-même et des choses unifiée dans une supranature unique. Il y a aussi entier accord entre les nombreux et différents pouvoirs de l'être et leur action, car même ceux qui sont contradictoires dans leur mouvement apparent et semblent, pour notre expérience mentale,

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individuality and express its gnostic truth in his own way of being and action. His life would be a free harmonic expression of the self; but, since his highest self would be one with the being of the Ishwara, a natural divine government of his self-expression by the Ishwara, by his highest self, and by the Supernature, his own supreme nature, would automatically bring into the knowledge, the life, the action a large and unbound but perfect order. The obedience of his individual nature to the Ishwara and the Supernature would be a natural consonance and indeed the very condition of the freedom of the self, since it would be an obedience to his own supreme being, a response to the Source of all his existence. The individual nature would be nothing separate, it would be a current of the Supernature. All antinomy of the Purusha and the Prakriti, that curious division and unbalance of the Soul and Nature which afflicts the Ignorance, would be entirely removed, for the nature would be the out flowing of the self-force of the Person and the Person would be the out-flowing of the supreme Nature, the supramental power of being of the Ishwara. It is this supreme truth of his being, an infinitely harmonic principle, that would create the order of his spiritual freedom, an authentic, automatic and plastic order.

        In the lower existence the order is automatic, the binding of Nature complete, her groove firm and imperative : the cosmic Consciousness-Force evolves a pattern of Nature and its habitual mould or fixed round of action and obliges the infrarational being to live and act according to the pattern and in the mould or round made for it. Mind in man starts with this prearranged pattern and routine, but, as it evolves, it enlarges the design and expands the mould and tries to replace this fixed unconscious or half-conscious law of automatism by an order based on ideas and significances and accepted life-motives, or it attempts an intelligent standardisation and a framework determined by rational purpose, utility and convenience. There is nothing really binding or permanent in man's knowledge-structures or his life-structures; but still he cannot but create standards of thought, knowledge, personality, life, conduct and, more or less consciously and completely, base his existence on them or, at least, try his best to frame his life

entrer en conflit, s'accordent naturellement l'un avec l'autre, ainsi que leur action, parce que chacun possède sa propre vérité et la vérité de sa relation avec les autres, et cette vérité se trouve et prend forme spontanément dans la supranature gnostique.

Dans la nature supramentale gnostique il n'y aura donc plus besoin des méthodes mentales rigides, ni d'un ordre mental au style inflexible, d'une standardisation limitative, plus besoin d'imposer un ensemble de principes fixes, de faire entrer de force la vie dans un système, un modèle, qui seul est valable parce qu'il est considéré par le mental comme la seule vérité correcte de l'être et de la conduite. Car une telle norme, une telle structure ne peuvent contenir la totalité de la vie, ni s'adapter librement à la pression de la vie totale ou aux besoins de la Force évolutive; elle doit finalement échapper aux limites qu'elle s'est construites ou s'évader d'elle-même par sa propre mort, par la désintégration ou par un conflit intense et un bouleversement révolutionnaire. Le mental est ainsi obligé de choisir sa règle et sa manière de vivre limitées, parce qu'il est lui-même lié et limité dans sa vision et sa capacité; mais l'être gnostique prend en lui-même la totalité de la vie et de l'existence, qu'il accomplit et transmue en l'expression harmonieuse et spontanée d'une vaste vérité une et cependant diverse, infiniment une, infiniment multiple. La connaissance et l'action de l'être gnostique auront l'ampleur et la plasticité d'une liberté infinie. Cette connaissance se saisira de ses objets à mesure qu'elle avance dans l'ampleur du tout; elle ne sera liée que par la vérité intégrale du tout et par la vérité complète et intime de l'objet, mais non par la forme de l'idée ou le symbole mental fixe par lesquels l'intellect est pris, retenu et si bien emprisonné qu'il perd la liberté de sa connaissance. De plus, l'activité tout entière de l'être gnostique ne sera pas limitée par l'obligation d'une règle sans élasticité ni liée par un état passé ou une action passée ou ses conséquences contraignantes, karma; elle aura une plasticité ordonnée, mais qui sera guidée et développée du dedans, la plasticité de l'Infini agissant directement sur ses propres finis. Ce mouvement ne créera pas un flux ou un chaos, mais une expression libérée et harmonieuse de la Vérité; ce sera une auto-détermination

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in the ideative cadre of his chosen-or accepted dharmas. In the  passage to the spiritual life the supreme ideal held up is, on the contrary, not law, but liberty in the spirit, the spirit breaks through all formulas to find its self and, if it has still to be concerned with expression, it must arrive at the liberty of a free and true instead of an artificial expression, a true and spontaneous spiritual order. "Abandon all dharmas, all standards and rules of being and action, and .take refuge in Me alone", is the summit rule of the highest existence held up by the Divine Being to the seeker. In the seeking for this freedom, in the liberation from constructed law into law of self and spirit, in the casting away of the mental control in order to substitute for it the control of the spiritual Reality, an abandonment of the lower constructed truth of mind for the higher essential truth of being, it is possible to pass through a stage in which there is an inner freedom but a lack of outer order,—an action in the flux of nature childlike or inert like a leaf lying passive or driven by the wind or even incoherent or extravagant in outer semblance, It is possible also to arrive at a temporary ordered spiritual expression of the self which is sufficient for the stage one can reach for a time or in this life; or it may be a personal order of self-expression valid according to the norm of what one has already realised of the spiritual truth but afterwards changing freely by the force of spirituality to express the yet larger truth that one goes on to realise. But the supramental gnostic being stands in a consciousness in which knowledge is self-existent and manifests itself according to the order self-determined by the Will of the Infinite in the supernature. This self-determination according to a self-existent knowledge replaces the automatism of Nature and the standards of Mind by the spontaneity of a Truth self-aware and self-active in the very grain of the existence.

        In the gnostic being this self-determining knowledge freely;  obedient to self-truth and the total truth of Being would be the very law of his existence. In him Knowledge and Will become one and cannot be in conflict; Truth of spirit and life become one and cannot be at variance : in the self-effectuation of his being there an be no strife or disparity or divergence between the spirit and , the members. The two principles of freedom and order, which

libre de l'être spirituel dans une nature plastique entièrement consciente.

Dans la conscience de l'Infini, l'individualité ne morcelle ni ne circonscrit la cosmicité; la cosmicité ne contredit pas la transcendance. L'être gnostique vivant dans la conscience de l'Infini créera sa propre manifestation individuelle, mais elle sera le centre d'une universalité plus vaste, et, en même temps, un centre de la transcendance. Individu universel, toute son action sera en harmonie avec l'action cosmique, mais du fait de sa transcendance, elle ne sera pas limitée par une formule temporaire inférieure, ni à la merci de n'importe quelle force cosmique. Son universalité embrassera même, dans son moi plus vaste, l'ignorance qui l'entoure, et bien qu'il en ait une conscience intime, il n'en sera pas affecté, car il suivra la loi plus grande de son individualité transcendante et exprimera la vérité gnostique selon le mode d'être et d'action qui lui est propre. Sa vie sera une libre et harmonieuse expression du moi; mais, puisque son moi supérieur sera un avec l'être de l'Îshwara, le gouvernement divin naturel de son expression propre par l'îshwara, par son moi supérieur et par la puissance-mère, sa propre nature suprême, apportera automatiquement dans la connaissance, la vie et l'action, un ordre libre et vaste, mais parfait. L'obéissance de sa nature individuelle à l'îshwara et à la puissance-mère, sera un accord naturel, et, en fait, la condition même de la liberté du moi, puisque ce sera une obéissance à son propre être supérieur, une réponse à la Source de toute son existence. La nature individuelle ne sera pas une chose séparée, mais un courant de la puissance-mère Toute antinomie entre le mouvement symphonique et la mouvement symphonique, cette division et ce déséquilibre étrange entre l'Âme et la Nature qui affligent l'ignorance, disparaîtront entièrement; car notre nature deviendra le déploiement de la force spontanée de la Personne, et la Personne le déploiement 1e la Nature suprême, le pouvoir supramental de l'être de l'Îshwara. C'est cette vérité suprême de son être, principe infiniment harmonieux, qui créera l'ordre de sa liberté spirituelle, un ordre authentique, automatique et plastique.

Dans l'existence inférieure l'ordre est automatique, la servitude de la Nature est complète, ses ornières sont solides et

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in mind and life are constantly representing themselves as contraries or incompatibles, though they have no need to be that if freedom is guarded by knowledge and order based upon truth of being, are in the supermind consciousness native to each other and even fundamentally one. This is so because both are inseparable aspects of the inner spiritual truth and therefore their determinations are one, they are inherent in each other, for they arise from an identity and therefore in action coincide in a natural identity. The gnostic being does not in any way or degree feel his liberty infringed by  the imperative order of his thought or actions, because that order is intrinsic and spontaneous, he feels both his liberty and the order of his liberty to be one truth of his being. His liberty of knowledge is not a freedom to follow falsehood or error, for he does not need like the mind to pass through the possibility of error in order to know,—on the contrary, any such deviation would be a departure from his plenitude of the gnostic self, it would be a diminution of his self-truth and alien and injurious to his being; for his freedom is a freedom of light, not of darkness. His liberty of action is not a license to act upon wrong will or the impulsions of the Ignorance, for that too would be alien to his being, a restriction and diminution of it, not a liberation. A drive for fulfilment of falsehood or wrong will would be felt by him, not as a movement towards freedom, but as a violence done to the liberty of the spirit, an invasion and imposition, an inroad upon his supernature, a tyranny of some alien Nature.

        A supramental consciousness must be fundamentally a Truth consciousness, a direct and inherent awareness of the truth of being and the truth of things, it is a power of the Infinite knowing and working out its finites, a power of the Universal knowing and working out its oneness and detail, its cosmicity and its individualities, self-possessed of Truth, it would not have to seek for the Truth  or suffer from the liability to miss it as does the mind of the Ignorance. The evolved gnostic being would have entered into this truth-consciousness of the Infinite and Universal, and it would be that which would determine for him and in him all his individual seeing and action. His would be a consciousness of universal identity and a consequent or rather inherent Truth-knowledge, Truth-

impératives. La Conscience-Force cosmique fait apparaître une Nature d'un certain type, avec son moule habituel, sa ronde immuable d'activités, et elle oblige l'être infrarationnel à vivre et agir suivant ce type et dans le moule ou l'ornière tracée pour lui. Le mental de l'homme part de ce type et de cette routine préordonnés, mais à mesure qu'il évolue, il élargit le dessin et agrandit le moule, et il essaye de remplacer l'automatisme de cette loi fixe, inconsciente ou semi-consciente, par un ordre qui se fonde sur des idées, des valeurs et des principes de vie reconnus, ou bien il essaye d'établir une standardisation intelligente et une charpente déterminée par une utilité, une commodité et un but rationnels. Il n'est rien qui soit réellement obligatoire ou permanent dans les structures de connaissance établies par l'homme ou dans ses structures de vie; cependant, il ne peut faire autrement que de créer des normes de pensée, de connaissance, de personnalité, de vie, de conduite, et, plus ou moins consciemment et complètement, de fonder son existence sur elles, ou tout au moins, d'essayer de son mieux pour faire entrer sa vie dans le cadre idéal des dharmas qu'il a choisis ou acceptés. Avec le passage à la vie spirituelle, l'idéal suprême offert est, au contraire, non une loi, mais une liberté dans l'Esprit; l'Esprit en nous se fraye un chemin à travers toutes les formules pour trouver son moi, et s'il doit encore se préoccuper d'expression, il lui faut remplacer l'expression artificielle par la liberté d'une expression affranchie et vraie, par un ordre spirituel vrai et spontané. "Abandonne tous les dharmas, toutes les normes et les règles d'être et d'action, et prends refuge en Moi seul", telle est la règle suprême de l'existence la plus haute offerte au chercheur par l'Être divin. Lorsqu'on recherche cette liberté, qu'on se libère de la loi construite, pour entrer dans la loi du Moi et de l'Esprit, quand on rejette la direction mentale afin d'y substituer la direction dé-là Réalité spirituelle, qu'on abandonne la vérité mentale, inférieure et construite, pour adopter la vérité de l'être, essentielle et plus haute, il peut se faire que l'on passe par une étape où il y a une liberté intérieure mais où manque l'ordre extérieur; l'action semble alors appartenir au flux de la nature, elle est enfantine, ou inerte comme une feuille immobile et passive, ou poussée par le vent, ou même elle est incohérente

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sight. Truth-feeling, Truth-will, Truth-sense and Truth-dynamis of action implicit in his identity with the One or spontaneously arising from his identity with the All. His life would be a movement in the steps of a spiritual liberty and largeness replacing the law of the mental idea and the law of vital and physical need and desire and the compulsion of a surrounding life; his life and action would be bound by nothing else than the Divine Wisdom and Will acting on him and in him according to its Truth-consciousness. An absence of an imposed construction of law might be expected to lead in the life of the human ignorance, because of the separativeness of the human ego and its smallness, the necessity it feels to impinge on and possess and utilise other life, to a chaos of conflict, license and egoistic disorder; but this could not exist in the life of the gnostic being. For in the gnostic truth-consciousness of a supramental being there must necessarily be a truth of relation of all the parts and movements of the being, —whether the being of the individual or the being of any gnostic collectivity,—a spontaneous and luminous oneness and wholeness in all the movements of the consciousness and all the action of the life. There could be no strife of the members; for not only  the knowledge and will consciousness but the heart consciousness and life consciousness and body consciousness, what are in us the emotional, vital or physical parts of nature, would be included in this integrated harmony of wholeness and oneness. In our language we might say that the supermind knowledge-will of the gnostic being would have a perfect control of the mind, heart, life and body; but this description could apply only to the transitional stage when the supernature was remoulding these members into its own nature: once that transition was concluded, there would be no need of control, for all would be one unified consciousness and therefore would act as a whole in a spontaneous integrality and unity.

         In a gnostic being there could be no conflict between self affirmation of the ego and a control by super-ego; for since in his action of life the gnostic individual would at once express himself, his truth of being, and work out the Divine Will, since he would know the Divine as his true self and the source and 

et extravagante dans son apparence extérieure. Il se peut aussi qu'on arrive à une expression spirituelle ordonnée et temporaire du moi, qui est suffisante pour le stade qu'on peut atteindre à un moment donné ou pour cette vie, ou bien on peut arriver à un ordre personnel d'expression qui est valable selon les normes de la vérité spirituelle déjà réalisée, mais qui change ensuite librement, par la force de la spiritualité, afin d'exprimer la vérité plus vaste encore que l'on est en train de réaliser. Mais l'être gnostique supramental se tient dans une conscience où la connaissance existe en soi et se manifeste selon l'ordre spontanément déterminé par la volonté de l'Infini dans la supranature. Cette auto-détermination qui est en accord avec une connaissance existant en soi, remplace l'automatisme de la Nature et les normes mentales par la spontanéité de la Vérité consciente d'elle-même et agissant d'elle-même dans la texture même de l'existence.

L'être gnostique aura pour loi même de son existence cette connaissance qui se détermine elle-même et obéit librement à la vérité de son moi et à la vérité totale de l'Être. En lui, connaissance et volonté deviennent une et ne peuvent être en conflit; la vérité de l'Esprit et celle de la vie deviennent une et ne peuvent être en désaccord, dans l'accomplissement propre de son être, il ne peut y avoir ni conflit, ni disparité, ni divergence entre l'Esprit et ses instruments. Les deux principes de liberté et d'ordre, qui dans le mental et la vie se présentent constamment comme opposés ou incompatibles,—bien que ce ne soit pas là une nécessité, si la liberté est gardée par la connaissance et l'ordre basés sur la vérité de l'être,—sont, dans la conscience supramentale, d'une nature semblable et même fondamentalement un. Il en est ainsi parce que tous deux sont des aspects inséparables de la vérité spirituelle intérieure et que par conséquent leurs déterminations sont une, ils sont inhérents l'un à l'autre, car ils naissent d'une identité et par suite coïncident dans l'action suivant une identité naturelle. L'être gnostique ne sent en aucune manière et à aucun degré que l'ordre impératif de ses pensées et de ses actions empiète sur sa liberté, parce que cet ordre est intrinsèque et spontané; il sent que sa liberté et l'ordre de sa liberté sont tous deux une seule et même vérité de son être. La liberté de

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constituent of his spiritual individuality, these two springs of his conduct would not only be simultaneous in a single action, but they would be one and the same motor-force. This motive power would act in each circumstance according to the truth of the circumstance, with each being according to its need, nature, relation, in each event according to the demand of the Divine Will upon that event: for all here is the result of a complexus and a close nexus of many forces of one Force, and the gnostic consciousness and Truth-Will would see the truth of these forces of each and of all together, and put forth the necessary impact or intervention on the complex of forces to carry out what was willed to be done through itself, that and no more. In consequence of the Identity present everywhere, ruling everything and harmonising all diversities, there would be no play of a separative ego bent on its own separate self-affirmation, the will of the self of the gnostic being would be one with the will of the Ishwara, it would not be a separative or contrary self-will. It would have the joy of action and result but would be free from all ego claim, attachment to action or demand of result, it would do what it saw had to be done and was moved to do. In mental nature there can be an opposition or disparity between self-effort and obedience to the Higher Will, for there the self or apparent person sees itself as different from the supreme Being, Will or Person; but here the person is being of the Being and the opposition or disparity does not arise. The action of the person is the action of the Ishwara in the person, of the One in the many, and there can be no reason for a separative assertion of self-will or pride of independence,

        On this fact that the Divine Knowledge and Force, the supreme Supernature, would act through the gnostic being with his full participation, is founded the freedom of the gnostic being; it is this unity that gives him his liberty. The freedom from  law,  including   the law, so frequently affirmed of the spiritual being, is founded on this unity of its will with the will of the  Eternal. All the mental standards would disappear because all necessity for them would cease; the higher authentic law of; identity with the Divine Self and identity with all beings would have replaced them. There would be no question of selfishness  

sa connaissance n'est pas une liberté de suivre le mensonge et l'erreur, car il n'a pas besoin, comme le mental, de passer par la possibilité de l'erreur afin de savoir; au contraire, toute déviation de ce genre l'écarterait de la plénitude de son moi gnostique, ce serait une diminution de sa vérité propre, un mouvement étranger et préjudiciable à son être, car sa liberté est une liberté de lumière, non d'obscurité. Sa liberté d'action n'est pas la licence d'agir suivant une volonté fausse ou d'obéir aux impulsions de l'ignorance, car cela aussi serait étranger à son être : une restriction et une diminution, non une libération. Il sentirait toute poussée vers l'accomplissement du mensonge ou de la volonté mauvaise, non comme un mouvement menant à la liberté, mais comme une violence faite à la liberté de l'Esprit, une intrusion et une contrainte, un empiétement sur sa supranature, la tyrannie de quelque nature étrangère.

Une conscience supramentale doit être fondamentalement une Conscience de Vérité, une perception directe et inhérente de la vérité de l'être et de la vérité des choses. C'est un pouvoir de l'Infini qui connaît ses finis et les élabore, un pouvoir de l'Universel qui connaît son unité et ses détails, sa cosmicité et ses individualités et les élabore, possédant en soi la Vérité, elle n'aura pas à la chercher et ne sera pas exposée à ne pas la trouver, comme c'est le cas du mental dans le monde de l'ignorance. L'être gnostique développé sera entré dans cette Conscience de Vérité de l'Infini et de l'Universel, et c'est cela qui déterminera pour lui et en lui toute sa vision et son action individuelles. Sa conscience sera la conscience d'une identité universelle et il aura par suite, ou plutôt de façon inhérente, une connaissance de la vérité, une vision, un sentiment, une volonté de la vérité, un sens de la vérité et un dynamisme de la vérité dans l'action, qui résulteront implicitement de son identité avec l'Un, ou naîtront spontanément de son identité avec le Tout. Sa vie s'avancera sur les traces d'une liberté et d'une ampleur spirituelles qui remplaceront la loi de l'idée mentale, la loi du besoin et des désirs vitaux et physiques, et la contrainte du milieu, sa vie et son action ne seront liées par rien d'autre que par la sagesse et la volonté divines agissant sur lui et en lui selon la Conscience de Vérité. Dans la vie de l'ignorance

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or altruism, of oneself and others, since all are seen and felt as the one self and only what the supreme Truth and Good decided would be done. There would be in the action a pervasive feeling of a self-existent universal love, sympathy, oneness, but the feeling would penetrate, colour and move in the act, not solely dominate or determine it: it would not stand for itself in opposition to the larger truth of things or dictate a personally impelled departure from the divinely willed true movement. This opposition and departure can happen in the Ignorance where love or any other strong principle of the nature can be divorced from wisdom even as it can be divorced from power, but in the supermind gnosis all powers are intimate to each other and act as one. In the gnostic person the Truth-Knowledge would lead and
determine and all the other forces of the being concur in the action: there would be no place for disharmony or conflict between the powers of the nature. In all action there is an imperative of existence that seeks to be fulfilled, a truth of being not yet manifested has to be manifested or a truth manifesting has to be evolved and achieved and perfected in manifestation or, if already achieved, to take its delight of being and self-effectuation. In the half-light and half-power of the Ignorance the imperative is secret or only half-revealed and the push to fulfilment is an imperfect, struggling, partly frustrated movement: but in the gnostic being and life the imperatives of being would be felt within, intimately perceived and brought into action; there would be a free play of their possibilities, there would  be an actualisation in accordance with the truth of circumstance and the intention  in the Supernature. All this would be seen in the knowledge and develop itself in act; there would be no uncertain combat or torment of forces at work; a. disharmony of the being, a contradictory working of the consciousness could have no place: the
imposition of an external standardisation of mechanised law would be entirely superfluous where there is this inherence of truth and its spontaneous working in act of nature. A harmonic action, a working out of the divine motive, an execution of the imperative truth of things would be the law and natural dynamics of the whole existence.

humaine on peut s'attendre à ce que l'absence d'une loi établie et imposée conduise au chaos et au conflit, à la licence et au désordre égoïste, à cause de la séparativité de l'ego humain et de sa petitesse, et de cette nécessité qui le pousse à heurter la vie des autres, à la posséder et à l'utiliser. Mais ceci ne peut pas se produire dans la vie de l'être gnostique, car dans la conscience de vérité gnostique de l'être supramental, se trouve nécessairement la vérité des relations entre toutes les parties et tous les mouvements de l'être, — qu'il s'agisse de l'être de l'individu ou de l'être d'une collectivité gnostique quelconque, — c'est-à-dire une unité et une totalité spontanées et lumineuses dans tous les mouvements de la conscience et toutes les actions de la vie. Il ne peut y avoir aucun conflit entre les diverses parties de l'être, car l'harmonie intégrale de cette totalité et de cette unité comprendra non seulement la conscience de la connaissance et de la volonté, mais la conscience du cœur, de la vie et du corps qui constituent les parties émotives vitales et physiques de notre nature. Dans notre langage nous pourrions dire que la connaissance-volonté supramentale de l'être gnostique aura une maîtrise parfaite du mental, du cœur, de la vie et du corps, mais cette description ne peut s'appliquer qu'à l'étape transitoire où la supranature remodèle les éléments de notre nature à sa propre image; une fois cette transition accomplie, il n'y aura plus besoin de maîtrise, car tout sera une seule conscience unifiée et par conséquent agira comme un tout dans une intégralité et une unité spontanées.

Dans un être gnostique il ne peut y avoir de conflit entre l'affirmation propre de l'ego et une direction du super-ego; étant donné en effet, que dans les actions de sa vie, l'individu gnostique s'exprimera lui-même, en même temps qu'il exprimera la vérité de son être et qu'il exécutera la Volonté divine, étant donné qu'il connaîtra le Divin comme son vrai moi, comme la source et la substance de son individualité spirituelle, ces deux ressorts de sa conduite ne seront pas seulement simultanés dans une action unique, mais ils seront une seule et même force motrice. Ce principe moteur agira en chaque circonstance selon la vérité de la circonstance, avec chaque être selon ses besoins, sa nature, ses relations, dans chaque événement selon ce que la Volonté divine

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A knowledge by identity using the powers of the integrated being for richness of instrumentation would be the principle of the supramental life. In the other grades of the gnostic being, although a truth of spiritual being and consciousness would fulfil itself, the instrumentation would be of a different order. A Higher-Mental being would act through the truth of thought, the truth of the idea and accomplish that in the life-action: but in the supramental gnosis thought is a derivative movement, it is a formulation of truth -vision and not the determining or the main driving force; it would be an instrument for expression of know ledge more than for arrival at knowledge or for action,—or it would intervene in action only as a penetrating point of the body of identity-will and identity-knowledge. So too in the illumined gnostic being truth-vision and in the intuitive gnostic being a direct truth-contact and perceptive truth-sense would be the mainspring of action. In the overmind a comprehensive immediate grasp of the truth of things and the principle of being of each thing, and all its dynamic consequences would originate and gather up a great wideness of gnostic vision and thought and  create a foundation of knowledge and action; this largeness of being and seeing and doing would be the varied result of an, underlying identity-consciousness, but the identity itself would not be in the front as the very stuff of the consciousness or the very force of the action. But in the supramental gnosis all this luminous immediate grasp of the truth of things, truth-sense, truth-vision, truth-thought would get back into its source of identity-consciousness and subsist as a single body of its knowledge. The identity-consciousness would  lead and contain everything; it would manifest as an awareness in the very grain of the being's substance putting forth its inherent self-fulfilling force and determining itself dynamically in form of consciousness and form of action. This inherent awareness is the origin and principle of the working of supramental gnosis; it could be sufficient in itself with no need of anything to formulate or embody it; but the play of illumined vision, the play of a radiant thought, the play of all other movements of the spiritual consciousness would not be absent; there would be a free instrumentation

demande de cet événement, car ici-bas tout est le résultat d'un assemblage et d'un étroit enchevêtrement des multiples forces d'une seule Force, et la conscience gnostique et la Volonté de Vérité verront la vérité de chacune de ces forces et de leur ensemble, et elles exerceront la pression ou l'intervention nécessaire sur le réseau des forces pour exécuter ce qui était voulu et devait être fait à travers lui, — cela et rien de plus. L'Identité étant présente partout, gouvernant toute chose et harmonisant toutes les diversités, il en résultera que le jeu d'un ego séparatif insistant sur sa propre affirmation séparée disparaîtra, la volonté du moi de l'être gnostique sera une avec la volonté de l'îshwara, ce ne sera pas une volonté autonome séparative et contraire. Elle aura la joie de l'action et du résultat, mais elle sera libre de toute revendication de l'ego, de tout attachement à l'action et de toute exigence quant au résultat; elle fera ce qu'elle voit qui doit être fait et ce qu'elle est poussée à faire. Dans la nature mentale, il peut y avoir opposition ou disparité entre l'effort personnel et l'obéissance à la Volonté Supérieure, car là le moi, ou personne apparente, se voit comme différente de l'Être suprême, de la Volonté ou de la Personne suprême; mais ici, dans la nature gnostique, la personne est l'être de l'Être, et l'opposition ou la disparité ne se présente pas. L'action de la personne est l'action de l'îshwara dans la personne, de l'Un dans le multiple, et il ne peut y avoir de raison pour l'affirmation séparée d'une volonté propre, ou pour l'orgueil de l'indépendance.

La liberté de l'être gnostique se fonde sur le fait que la Connaissance et la Force divines,— la suprême Supranature,— agiront dans l'être gnostique avec sa pleine participation; c'est cette unité qui lui donne sa liberté. La libération de toutes lois, y compris la loi morale, que l'on mentionne si fréquemment à propos de l'être spirituel, se fonde sur l'unité de sa volonté avec la volonté de l'Éternel. Toutes les normes mentales disparaîtront parce que leur nécessité cessera; la loi supérieure authentique d'identité avec le Moi divin et avec tous les êtres les aura remplacées. Il n& sera plus question d'égoïsme ou d'altruisme, de soi-même et des autres, puisque tous seront vus et sentis comme le moi unique et que seul sera fait ce que la Vérité et le Bien suprêmes auront décidé. L'action sera pénétrée par le sentiment d'une sympathie,

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them for their own brilliant functioning, for a divine richness and diversity, for a manifold delight of self-manifestation, for the joy of the powers of the Infinite. In the intermediate stages or degrees of the gnosis there might be the manifestation of various and separate expressions of the aspects of the divine Being and Nature, a soul and life of love, a soul and life of divine light and knowledge, a soul and life of divine power and sovereign action and creation, and innumerable other forms of divine life, on the supramental height all would be taken up into a manifold unity, a supreme integration of being and life. A fulfilment of the being in a luminous and blissful integration of its states and powers and their satisfied dynamic action would be the sense, of the gnostic existence.

All supramental gnosis is a twofold Truth-consciousness, a consciousness of inherent self-knowledge and, by identity of self and world, of intimate world-knowledge; this knowledge is the criterion, the characteristic power of the gnosis. But this is not a purely ideative knowledge, it is not consciousness observing, forming ideas, trying to carry them out; it is an essential light of consciousness, the self-light of all the realities of being and becoming, the self-truth of being determining, formulating and effectuating itself. To be, not to know, is the object of the manifestation; knowledge is only the instrumentation of an operative consciousness of being. This would be the gnostic life on earth, a manifestation or play of truth-conscious being, being grown aware of itself in all things, no longer lost to consciousness of itself, no longer plunged into a self-oblivion or a half-oblivion of its real existence brought about by absorption in form and action, but using form and action with a delivered spiritual power for its free and perfect self-expression, no longer; seeking for its own lost or forgotten or veiled and hidden significance or significances, no longer bound, but delivered from inconscience and ignorance, aware of its own truths and powers, determining freely in a movement always concurrent and in tune in every detail with its supreme and universal Reality its manifestation, the play of its substance, the play of its consciousness, the play of its force of existence, the play of its delight of existence

d'une unité, d'un amour universels existant en soi, mais ce sentiment pénétrera et agira dans l'acte, le colorera, il ne se contentera pas de le dominer ou de le déterminer, il ne s'affirmera pas lui-même en opposition à la vérité plus large des choses, ou ne s'écartera pas par impulsion personnelle du vrai mouvement voulu par le Divin. Cette opposition et cet écart peuvent se produire dans le monde de l'ignorance, car là l'amour, ou tout autre principe fort de notre nature, peut se séparer de la sagesse comme il peut se séparer du pouvoir, mais dans la gnose supramentale tous les pouvoirs sont inclus l'un dans l'autre et agissent comme une unité. Dans la personne gnostique la Connaissance de la Vérité dirigera et déterminera, et toutes les autres forces de l'être concourront dans l'action; il n'y aura pas de place pour la désharmonie ou le conflit entre les pouvoirs de la nature. Dans toute action, un impératif de l'existence cherche à s'accomplir, une vérité de l'être doit se manifester qui n'est pas encore manifestée, une vérité en voie de manifestation doit se développer, se réaliser et se perfectionner dans la manifestation, ou, si elle est déjà réalisée, elle doit se revêtir de sa joie d'être, trouver la joie de son accomplissement. Dans la demi-lumière et le demi-pouvoir de l'ignorance, cet impératif est secret ou n'est qu'à demi révélé, et la poussée vers l'accomplissement est un mouvement imparfait qui lutte et reste en partie frustré; mais dans l'être et la vie gnostiques, les impératifs de l'être seront sentis du dedans, perçus intimement et mis en action; leurs possibilités joueront librement; leur accomplissement sera en accord avec la vérité des circonstances et l'intention de la Supranature. Tout cela sera vu dans la connaissance et se développera spontanément en actes; il n'y aura ni combat incertain, ni tourment des forces à l'oeuvre; aucune désharmonie de l'être, aucune activité contradictoire de la conscience ne pourra se produire. Il serait donc entièrement superflu d'imposer la loi mécanique d'une norme extérieure quand la vérité est innée et son action spontanée dans le travail de la nature. Une activité harmonieuse, une élaboration du dessein divin, une exécution de la vérité impérative des choses, telle sera la loi et le dynamisme naturel de l'existence tout entière.

Le principe de la vie supramentale sera une connaissance

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In the gnostic evolution there would be a great diversity in the poise, status, harmonised operations of consciousness and force and delight of existence. There would naturally appear in time many grades of the farther ascent of the evolutive supermind to its own summits; but in all there would be the common basis and principle. In the manifestation the Spirit, the Being, while knowing all itself, is not bound to put forth all itself in the actual front of formation and action which is its immediate power and degree of self-expression: it may put forth a frontal self-expression and hold all the rest of itself behind in an unexpressed delight of self-being. That All behind and its delight would find itself in the front, know itself in it, maintain and suffuse the expression, the manifestation with its own presence and feeling of totality and infinity. This frontal formation with all the rest behind it and held in power of being within it would be an act of self-knowledge, not an act of Ignorance; it would be a luminous self-expression of the Superconscience and not an upthrow from the Inconscience. A great harmonised variation would thus be an element in the beauty and completeness of the evolution of .the gnostic consciousness and existence. Even in dealing with the mind of ignorance around it, as in dealing with the still lower degrees of the gnostic evolution, the supramental life would use this innate power and movement of its Truth of being: it would relate in the light of that integral Reality its own truth of being with the truth of being that is behind the Ignorance; it would found all relations upon the common spiritual unity, accept and harmonise the manifested difference. The gnostic Light would ensure the right relation and action or reaction of each upon each in every circumstance; the gnostic power or influence would affirm always a symphonic effectuation, secure the right relation of the more developed and the less developed life and impose by its influence a greater harmony on the lower  existence.  

        This would be the nature of the being, life and action of the gnostic individual so far as we can follow the evolution with our mental conception up to that point where it will emerge out of overmind and cross the border into supramental gnosis. This  

par Identité qui se sert des pouvoirs de l'être intégré pour la richesse de ses moyens d'expression. Aux degrés inférieurs de l'être gnostique, les moyens d'expression seront d'un ordre différent, bien que la vérité de l'être spirituel et de la conscience spirituelle s'accomplisse là aussi. Un être appartenant au plan du mental supérieur agira par la vérité de la pensée, la vérité de l'idée et c'est cela qu'il accomplira dans la vie active; mais dans la gnose supramentale la pensée n'est qu'un mouvement dérivé, elle est la formulation de la vision de vérité et non la force motrice déterminante ou principale. Elle sera plus un instrument pour exprimer la connaissance que pour arriver à la connaissance ou pour agir, ou bien, si elle intervient dans l'action, ce sera comme un simple point de pénétration du corps de la volonté par identité et de la connaissance par identité. De même, dans l'être gnostique illuminé, la vision de vérité sera le ressort principal de l'action, et dans l'être gnostique intuitif ce sera un contact direct de la vérité et un sens perceptuel de la vérité. Dans le surmental, une appréhension immédiate et compréhensive de la vérité des choses et du principe de l'être de chaque chose et de toutes ses conséquences dynamiques, fera naître une vision et une pensée gnostiques d'une grande ampleur et, en les rassemblant, créera le fondement de la connaissance et de l'action; cette ampleur d'être, de vision et d'action sera le résultat d'une conscience d'identité sous-jacente, mais l'identité elle-même ne sera pas au premier plan comme la substance même de la conscience ou la force même de l'action. Dans la gnose supramentale par contre, cette appréhension immédiate et lumineuse de la vérité des choses : sens de vérité, vision de vérité, pensée de vérité, — remontera à sa source qui est la conscience d'identité et subsistera comme le corps unique de sa connaissance.1 La conscience d'identité contiendra et dirigera toute chose; elle apparaîtra comme une perception dans la texture même de la substance de l'être, émettant sa force inhérente d'accomplissement propre et se déterminant dynamiquement dans des formes de conscience et des formes d'action. Cette perception

 

¹ Ce qui donne le sens d'une grande simplicité, car c'est toujours quand on descend que naissent les complications. (Note de la Mère)

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nature of the gnosis would evidently determine all the relations of the life or group-life of gnostic beings; for a gnostic collectivity would be a collective soul-power of the Truth-consciousness, even as the gnostic individual would be an individual soul-power of it: it would have the same integration of life and action in unison, the same realised and conscious unity of being, the same spontaneity, intimate oneness-feeling, one and mutual truth-vision and truth-sense of self and each other, the same truth-action in the relation of each with each and all with all, this collectivity would be and act not as a mechanical but a spiritual integer, A similar inevitability of the union of freedom and order would be the law of the collective life, it would be a freedom of the diverse play of the Infinite in divine souls, an order of the conscious unity of souls which is the law of the supramental Infinite. Our mental rendering of oneness brings into it the rule of sameness; a complete oneness brought about by the mental reason drives towards a thorough-going standardisation as its one effective means,—only minor shades of differentiation would be allowed to operate: but the greatest richness of diversity in the self expression of oneness would be the law of the gnostic life. In the gnostic consciousness difference would not lead to discord but to a spontaneous natural adaptation, a sense of complementary plenitude, a rich many-sided execution of the thing to be collectively known, done, worked out in life. For the difficulty in mind and life is created by ego, by separation of integers into component parts which figure as contraries, opposites, disparates: all in which they separate from each other is easily felt, affirmed and stressed; that in which they meet, whatever holds their divergences together, is largely missed or found with difficulty; everything has to be done^by an overcoming or an adjustment of difference, by a constructed unity. There is, indeed, an underlying principle of oneness and Nature insists on its emergence in a construction of unity; for she is collective and communal as well as individual and egoistic and has her instrumentation of associativeness, sympathies, common needs, interests, attractions, affinities as well as her more brutal means of unification: but her secondary imposed and too prominent basis of ego-life and 

inhérente est l'origine et le principe d'action de la gnose supramentale; elle pourrait se suffire à elle-même sans avoir besoin de rien pour se formuler ou prendre corps; mais le jeu de la vision illuminée, le jeu de la pensée radieuse, le jeu de tous I les autres mouvements de la conscience spirituelle, ne feront pas défaut. Ils seront librement employés comme instruments pour l'éclat de leur propre fonctionnement, pour la richesse et la diversité divines, pour la félicité innombrable de la manifestation de soi, pour la joie des pouvoirs de l'infini. Aux stades ou degrés intermédiaires de la gnose, une variété d'expressions particulières des aspects de l'Être divin et de la Nature divine pourra se manifester : une âme et une vie d'amour, une âme et une vie de lumière et de connaissance divines, une âme et une vie de pouvoir divin, d'action et de création souveraines, et d'autres formes innombrables de la vie divine. Sur le sommet supramental tout cela sera absorbé dans une unité multiforme, une intégration suprême de l'être et de la vie. L'accomplissement de l'être dans une intégration lumineuse et béatifique de ses états et ses pouvoirs et la satisfaction de leur action dynamique, sera le sens de l'existence gnostique.

Toute gnose supramentale est une Conscience de Vérité au double aspect, la conscience d'une connaissance de soi inhérente, et, par l'identité du moi et du monde, la conscience d'une connaissance intime du monde; cette connaissance est le critère, le pouvoir caractéristique de la gnose. Mais ce n'est pas là une connaissance purement idéative, ce n'est pas une conscience qui observe, forme des idées, essaye de les mettre à exécution; c'est une lumière essentielle de conscience, la lumière propre de toutes les réalités de l'être et du devenir, la vérité propre de l'être qui se détermine, se formule et se réalise lui-même. Être, et non connaître, tel est l'objet de la manifestation; la connaissance n'est que l'instrument d'une conscience d'être active. Telle sera la vie gnostique sur la terre, manifestation ou jeu d'un être conscient de la vérité, d'un être devenu conscient de lui-même en toutes choses, ne perdant plus conscience de lui-même, ne plongeant plus dans l'oubli de soi ou dans un demi-oubli de son existence réelle comme autrefois lorsqu'il s'absorbait dans les formes et

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ego-nature overlays the unity and afflicts all its constructions with imperfection and insecurity. A farther difficulty is created by the absence or rather the imperfection of intuition and direct inner contact making each a separate being forced to learn with difficulty the other's being and nature, to arrive at understanding and mutuality and harmony from outside instead of inwardly through a direct sense and grasp, so that all mental and vital interchange is hampered, rendered ego-tainted or doomed to imperfection and incompleteness by the veil of mutual ignorance. In the collective gnostic life the integrating truth-sense, the concording unity of gnostic nature would carry all divergences in itself as its own opulence and turn a multitudinous thought, action, feeling into the unity of a luminous life-whole. This would be the evident principle, the inevitable result of the very character of the Truth-Consciousness and its dynamic realisation of the spiritual unity of all being. This realisation, the key to the perfection of life, difficult to arrive at on the mental plane, difficult even when realised to dynamise or organise, would be naturally dynamic, spontaneously self-organised in all gnostic creation and gnostic life.

        This much is easily understandable if we regard the gnostic beings as living their own life without any contact with a life of the Ignorance. But by the very fact of the evolution here the gnostic manifestation would be a circumstance, though a decisive circumstance, in the whole: there would be a continuance of the lower degrees of the consciousness and life, some maintaining the manifestation in the Ignorance, some mediating between it and the manifestation in the gnosis; these two forms of being and life would either exist side by side or interpenetrate. In either case the gnostic principle might be expected, if not at once, yet finally to dominate the whole. The higher spiritual-mental degrees would be in touch with the supramental principle now overtly supporting them and holding them together and would be delivered from the once enveloping hold of the Ignorance and Inconscience. As manifestations of the truth of being, though in a qualified and modified degree, they would draw all their light and energy from the supramental gnosis and would be in large 

l'action, mais se servant de la forme et de l'action avec un pouvoir spirituel délivré pour s'exprimer lui-même librement et parfaitement, ne cherchant plus sa ou ses significations propres perdues ou oubliées, voilées ou cachées, non plus enchaîné, mais délivré de l'inconscience et de l'ignorance, conscient de ses propres vérités et de ses propres pouvoirs, déterminant librement sa manifestation, dans un mouvement toujours concordant, toujours en accord dans chaque détail avec sa Réalité suprême et universelle, déterminant librement le jeu de sa substance, le jeu de sa conscience, le jeu de sa force d'existence, le jeu de sa félicité d'existence.

L'évolution gnostique présentera une grande diversité dans l'équilibre, le statut, les opérations harmonisées de la conscience, la force et la félicité d'existence. Avec le temps apparaîtront naturellement de nombreux degrés dans l'ascension toujours plus avancée du supramental évolutif jusqu'à ses propres sommets; mais tous auront une base et un principe communs. Dans la manifestation, l'Esprit, l'Être, bien qu'il se connaisse tout entier, n'est pas obligé de manifester la totalité de lui-même au premier plan actuel des formes et de l'action qui représentent le pouvoir et le degré immédiats de son expression propre; il peut déployer une expression de soi frontale et retenir tout le reste de lui-même en arrière dans une félicité d'être en soi non exprimé. Ce Tout en arrière, avec sa félicité, se trouvera et se connaîtra lui-même dans ce premier plan, il soutiendra et imprégnera cette expression, cette manifestation, par sa propre présence et le sentiment de sa totalité, de son infinité. Cette formation frontale avec tout le reste qui est derrière elle et retenu en elle comme un pouvoir d'être, sera un acte de connaissance de soi, non un acte d'ignorance; ce sera une lumineuse expression de la supraconscience et non une poussée de l'inconscience. Une grande variété harmonisée sera ainsi un élément de beauté et de plénitude dans l'évolution de la conscience et de l'existence gnostiques. Et même dans ses rapports avec le mental d'ignorance autour d'elle, comme dans ses rapports avec les degrés encore inférieurs de l'évolution gnostique, la vie supramentale utilisera ce pouvoir inné et ce mouvement de la vérité de son être, car dans la lumière de cette Réalité intégrale, elle reliera la vérité propre de son être à la vérité d'être qui est derrière

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contact with its instrumental- powers; they would themselves be conscious motive-powers of the spirit and, although not yet in the full force of their entirely realised spiritual substance, they would not be subjected to a lesser instrumentation fragmented, diluted, diminished, obscured by the substance of the Nescience. All Ignorance rising or entering into the overmind, into the intuitive, into the illumined or higher-mind being would cease to be ignorant; it would enter into the light, realise in that light the truth which it had covered with its darkness and undergo a liberation, transmutation, new state of consciousness and being which would assimilate it to these higher states and prepare it for the supramental status. At the same time the involved principle of the gnosis, acting now as an overt, arisen and constantly dynamic force and no longer only as a concealed power with a secret origination or a veiled support of things or an occasional intervention as its only function, would be able to lay something of its law of harmony on the still existing Inconscience and Ignorance. For the secret gnostic power concealed in them would act with a greater strength of its support and origination, a freer and more powerful intervention; the beings of the Ignorance, influenced by the light of the gnosis through their association with gnostic beings and through the evolved and effective presence of the supramental Being and Power in earth-nature, would be more conscious and responsive. In the untransformed part of humanity itself there might well arise a new and greater order of mental human beings; for the directly intuitive or partly intuitivised but not yet gnostic mental being, the directly or partly illumined mental being, the mental being in direct or part communion with the higher-thought plane would emerge: these would become more and more numerous, more and more evolved and secure in their type, and might even exist as a formed race of higher humanity leading upwards the less evolved in a true fraternity born of the sense of the manifestation of the One Divine in all beings. In this way, the consummation of the highest might mean also a lesser consummation in its own degree of what must remain still below. At the higher end of the evolution the ascending ranges and summits of supermind would begin

l'ignorance; elle fondera toutes les relations sur l'unité spirituelle commune, acceptera et harmonisera toutes les différences de la manifestation. La Lumière gnostique assurera la juste relation des êtres entre eux et l'action ou la réaction juste des uns sur les autres en toutes circonstances, le pouvoir ou l'influence gnostique assurera toujours une réalisation symphonique, établira la relation juste entre la vie plus développée et celle qui l'est moins, elle imposera une plus grande harmonie à l'existence inférieure.

Telle sera la nature de l'individu gnostique, de son être, de sa vie et de son action, dans la mesure où nous pouvons avec nos conceptions mentales suivre l'évolution jusqu'au point où elle émergera du surmental et franchira la frontière de la gnose supramentale. La nature de cette gnose déterminera évidemment toutes les relations des êtres gnostiques dans leur vie individuelle ou collective; car une collectivité gnostique sera un pouvoir d'âme collectif de la Conscience de Vérité, de même que l'individu gnostique en sera un pouvoir d'âme individuel. La vie et l'action de la collectivité seront pareillement intégrées et à l'unisson; cette collectivité réalisera consciemment la même unité d'être, elle aura la même spontanéité, le même sentiment d'unité intime, une seule et même vision de vérité, un seul et même sens de vérité pour chacun et pour les individus entre eux, une même action de vérité dans les relations de l'un avec l'autre et de tous avec tous; cette collectivité sera et agira non comme un ensemble mécanique mais comme un tout spirituel. De même, l'union inévitable de la liberté et de l'ordre sera la loi de la vie collective; ce sera la liberté du jeu diversifié de l'Infini dans des âmes divines, l'ordre d'une unité consciente des âmes, car telle est la loi de l'Infini supramental. Notre traduction mentale de l'unité y introduit une règle d'uniformité; en effet, une unité complète accomplie par la raison mentale conduirait à une standardisation intégrale parce que c'est son seul moyen effectif; des différenciations d'ordre mineur seraient seules permises; la vie gnostique au contraire aura pour loi la diversité la plus grande et la plus riche dans l'expression même de l'unité. Dans la conscience gnostique la différence ne conduira pas à la discorde, mais à l'adaptation naturelle et spontanée, au sens d'une plénitude complémentaire, à l'exécution

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to rise towards some supreme manifestation of the pure spiritual existence, consciousness and delight of being of Sachchidananda.

         A question might arise whether the gnostic reversal, thepassage into a gnostic evolution and beyond it would not mean sooner or later the cessation of the evolution from the Inconscience, since the reason for that obscure beginning of things here would cease. This depends on the farther question whether the movement between the Superconscience and the Inconscience as the two poles of existence is an abiding law of the material manifestation or only a provisional circumstance. The latter supposition is difficult to accept because of the tremendous force of pervasiveness and durability with which the inconscient foundation has been laid for the whole material all universe. Any complete reversal or elimination of the first evolutionary principle would mean the simultaneous manifestation of the secret involved consciousness in every part of this vast universal Inconscience; a change in a particular line of Nature such as the earth-line could not have any such all-pervading effect: the manifestation in earth-nature has its own curve and the completion of that curve is all that we have to consider. Here this much might be hazarded that in the final result of the revelatory creation or  reproduction of the upper hemisphere of conscious being in the lower triplicity the evolution here, though remaining the same in its degrees and stages, would be subjected to the law of harmony, the law of unity in diversity and of diversity working out unity: it would be no longer an evolution through strife; it, would become a harmonious development from stage to stage, from lesser to greater light, from type to higher type of the power; and beauty of a self-unfolding existence. It would only be otherwise if for some reason the law of struggle and suffering still, remained necessary for the working out of that mysterious possibility in the Infinite whose principle underlies the plunge into the Inconscience. But for the earth-nature it would seem as if this necessity might be exhausted once the supramental gnosis had emerged from the Inconscience. A change would begin  with its firm appearance, that change would be consummated!  

riche et multiforme de la chose qui doit être collectivement connue, faite et accomplie dans la vie. La difficulté dans le mental et la vie est en effet créée par l'ego, par la séparation d'un tout en ses parties composantes qui font figure de contraires, d'opposés disparates; tout ce qui les sépare les uns des autres est aisément perçu, affirmé, souligné, mais tout ce qui les unit, tout ce qui freine leurs divergences est complètement ignoré ou n'est trouvé qu'avec difficulté, tout doit être fait en surmontant ou en ajustant les différences, en construisant l'unité. Il existe bien, en vérité, un principe d'unité sous-jacent, et la Nature insiste pour qu'il émerge dans toute construction d'unité, car elle est collective et communautaire autant qu'individuelle et égoïste et elle possède des instruments d'association: sympathies, besoins et intérêts communs, attractions et affinités, aussi bien que des moyens plus brutaux d'unification; mais la base secondaire qui vient se surimposer et où prédominent largement la vie de l'ego et la nature de l'ego, recouvre l'unité et frappe d'imperfection et d'insécurité toutes ses constructions. Une difficulté supplémentaire est créée par l'absence ou plutôt l'imperfection de l'intuition et du contact intérieur direct, ce qui fait que chacun est un être séparé, forcé d'apprendre avec difficulté, par des moyens extérieurs, l'être et la nature des autres pour arriver à la compréhension, à l'entente et à l'harmonie, au lieu d'y arriver intérieurement par une appréhension et un sens directs, si bien que tout échange mental et vital est entravé, vicié par l'ego ou condamné à rester imparfait et incomplet de par le voile d'une ignorance mutuelle. La vie gnostique collective par son sens de vérité intégrateur, et par l'unité concordante de la nature gnostique, portera, en soi toutes les divergences comme une opulence particulière et changera la multitude des pensées, actions et sentiments en l'unité d'une lumineuse vie totale. Tel sera le principe évident, la conséquence inévitable du caractère même de la Conscience de Vérité et de sa réalisation dynamique de l'unité spirituelle de tout être. Cette réalisation, —clef de la perfection de la vie,—difficile à atteindre sur le plan mental, et, même quand elle est réalisée, difficile à rendre dynamique et à organiser, sera naturellement dynamique et spontanément organisée dans toute création gnostique et toute vie gnostique.

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when the supramental evolution became complete and rosé in the greater fullness of a supreme manifestation of the Existence Consciousness-Delight, Sachchidananda.

 

 

Dans l'ancien temps, renseignement des grandes vérités spirituelles était un enseignement secret réservé au petit nombre des initiés.

Encore maintenant, il y a des choses qui se disent mais qui ne peuvent pas s'écrire et encore moins s'imprimer.

La Mère

 

 

In ancient times the teaching of the great spiritual truths was a secret teaching confined to a small number of initiates.

Even now there are things that are being said, but they cannot. be written down, still less can be printed.

The Mother

Ceci se comprend aisément si l'on considère des êtres gnostiques qui vivraient leur vie propre sans avoir le moindre contact avec la vie de l'ignorance. Mais du fait même de l'évolution ici-bas, la manifestation gnostique ne sera qu'un élément dans le tout, encore que ce soit un élément décisif. Les degrés inférieurs de la conscience et de la vie continueront à exister, certains entretenant la manifestation dans l'ignorance, certains servant d'intermédiaire entre celle-ci et la manifestation dans la gnose, ces deux formes d'être et de vie existeront côte à côte ou s'interpénétreront. Dans les deux cas, on peut s'attendre à ce que le principe gnostique domine le tout, sinon immédiatement, du moins en dernier lieu. Les degrés supérieurs du mental spirituel seront en contact avec le principe supramental qui dès lors les soutiendra ouvertement et assurera leur cohésion, et ils seront délivrés de l'emprise de l'ignorance et de l'inconscience qui les enveloppaient autrefois. Étant des manifestations de la vérité de l'être, bien qu'à un degré restreint et d'une façon mitigée, ils tireront toute leur lumière et leur énergie de la gnose supramentale et seront largement en contact avec les pouvoirs qui lui servent d'instrument; ils seront eux-mêmes des pouvoirs moteurs conscients de l'Esprit et bien qu'ils n'aient pas encore entièrement réalisé la pleine force de leur substance spirituelle, ils ne seront plus soumis à des moyens d'expression inférieurs, fragmentés, dilués, diminués, obscurcis par la substance de la nescience. Toute ignorance qui s'élève ou pénètre dans l'être surmental, l'être intuitif, l'être illuminé ou mental supérieur, cessera d'être ignorante; elle entrera dans la lumière, et dans cette lumière prendra conscience de la vérité qu'elle avait recouverte de son obscurité, et elle parviendra à une libération, une transmutation, un nouvel état de conscience et d'être qui l'assimilera à ces états supérieurs et la préparera pour le statut supramental. En même temps, le principe de gnose involué, agissant désormais comme une force manifeste, dévoilée et constamment dynamique, et non plus comme un simple pouvoir caché ayant pour seule fonction d'être la source secrète ou le soutien des choses ou d'intervenir occasionnellement, sera capable d'établir partiellement sa loi d'harmonie sur l'inconscience et l'ignorance encore existantes. Car le pouvoir gnostique

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secret qui est caché en celles-ci, recevra de sa source et son soutien une force plus grande pour agir, et son intervention sera plus libre et plus puissante. Les êtres de l'ignorance, influencés par la lumière de la gnose grâce à leur association avec les êtres gnostiques et à la présence effective de l'Être supramental et du Pouvoir supramental apparus dans la nature humaine terrestre, seront plus conscients et plus réceptifs. Dans la partie non transformée de l'humanité elle-même, il se peut qu'apparaisse un nouvel ordre plus haut d'êtres humains mentaux; car émergeront l'être mental directement ou partiellement intuitif, mais qui cependant n'est pas encore gnostique, l'être mental directement ou partiellement illuminé, l'être mental en communion directe ou partielle avec le plan de la pensée supérieure, et ceux-ci deviendront de plus en plus nombreux, se développeront et s'affermiront de plus en plus dans leur type, et pourront même constituer une race humaine supérieure conduisant vers le haut les moins évolués, avec une fraternité réelle née du sens de la manifestation de l'Unique Divin dans tous les êtres. De cette manière, l'accomplissement du plus haut peut signifier aussi un accomplissement à un moindre degré de ce qui doit encore rester en bas, A l'extrémité supérieure de l'évolution, les degrés ascendants, et les sommets du supramental commenceront à s'élever vers une  manifestation suprême de la pure existence spirituelle, de la conscience et de la félicité d'être de Sat-Tchit-Ânanda. ,

On peut se demander si le renversement gnostique, le pas sage à une évolution gnostique et au-delà, ne signifiera pas, tôt ou tard, la cessation de l'évolution qui part de l'inconscience, puisque la raison aura disparu de cet obscur commencement des choses ici-bas. Ceci dépend d'une autre question, savoir si le mouvement entre la supraconscience et l'inconscience, pôles de l'existence, est une loi permanente de la manifestation matérielle ou seulement une circonstance provisoire. Cette dernière supposition est difficilement acceptable étant donné la force formidable de diffusion et de durée avec laquelle la base inconsciente a été établie dans l'ensemble de l'univers matériel. Un renversement complet ou une complète élimination du principe évolutif primordial entraînerait simultanément la manifestation de la conscience secrète involuée

dans chaque partie de cette vaste inconscience universelle; or un changement dans une ligne d'évolution particulière de la Nature, telle la ligne d'évolution terrestre, ne pourrait pas avoir un effet aussi généralisé, la manifestation dans la nature terrestre suit sa propre courbe, et l'achèvement de cette courbe est tout ce que nous avons à considérer. Ici, on pourrait cependant hasarder qu'avec l'aboutissement final d'une création révélatrice ou reproduction de l'hémisphère supérieur de l'être conscient dans la triplicité inférieure, l'évolution ici-bas, tout en demeurant la même dans ses degrés et ses étapes, sera soumise à la loi d'harmonie, la loi d'unité dans la diversité et de diversité qui accomplit l'unité. Dès lors, ce ne sera plus une évolution par la lutte, mais un développement harmonieux d'étape en étape, d'une moindre lumière vers une lumière plus grande, d'un type de pouvoir et de beauté vers un autre type plus élevé dans une existence qui se déploie spontanément. Il n'en serait autrement que si, pour une raison quelconque, la loi de la lutte et de la souffrance restait encore nécessaire pour l'élaboration de cette mystérieuse possibilité de l'Infini, possibilité dont le principe a déterminé la plongée dans l'inconscience. Mais pour la Nature terrestre il semblerait que cette nécessité doive être épuisée dès que la gnose supramentale aura émergé de l'inconscience. Avec son apparition décisive un changement se produira, et ce changement sera parachevé quand l'évolution supramentale deviendra complète et s'élèvera à la plénitude plus grande encore d'une manifestation suprême de Sat-Tchit-Ânanda, l'Existence-Conscience-Félicité.

 

 

 

 

 

 

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    The Life Divine

 

VI

THE SPIRITUAL EVOLUTION

THE DIVINE LIFE

       

O seeing Flame, thou earnest man of the crooked ways into the abiding truth  and the knowledge.

Rig Veda. I.3I. 6.

      

 I purify earth and heaven by the Truth..

Rig Veda. I. 133. I.

        

His ecstasy, in one who holds it, sets into motion the two births, the human self-expression and the divine, and moves between them.

Rig Veda. IX. 86,42.

       

May the invincible rays of his intuition be there seeking immortality pervading both the births; for by them he sets flowing in one movement human strengths and things divine.

 Rig Veda, IX. 70.3.

       

 Let all accept thy will when thou art born a living god from the dry tree, that they may attain to divinity and reach by the speed of thy movements to possession of the Truth and the Immortality.

Rig Veda. I. 68.2.

OUR endeavour has been to discover what is the reality and significance of our existence as conscious beings in the material universe and in what direction and how far that significance once discovered leads us, to what human or divine future, Our existence here may indeed be an inconsequential freak of Matter itself or of some Energy building up Matter, or it may be an inexplicable freak of the Spirit. Or, again, our existence here may be an arbitrary fantasy of a supracosmic Creator. In that case 

La Vie Divine

 

L'ÉVOLUTION SPIRITUELLE

VI

LA VIE DIVINE

 

 

O Flamme qui vois, tu portes l'homme des chemins tortueux jusqu'en la vérité qui dure, jusqu'en la connaissance.

Rig Vida. I. 31. 6.

 

Je purifie terre et ciel par la vérité.

Rig Véda. I. 133. 1

 

En celui qui la possède, son extase met en mouvement les deux naissances, celle qui exprime le moi humain et celle qui exprime le moi divin, et elle se meut entre l'une et l'autre.

Rig Véda. IX. 86. 42.

 

Puissent les invincibles rayons de son intuition être là et chercher l'immortalité, régner sur les deux naissances; car par eux il fait couler en un seul mouvement, forces humaines et choses divines.

Rig Véda. IX. 70. 3.

 

Que tous acceptent ta volonté quand tu nais dieu vivant, de l'arbre sec, afin qu'ils puissent atteindre à la divinité, et par la vitesse de tes mouvements, parvenir à la possession de la Vérité et de l'Immortalité.

Rig Véda. 1. 68. 2.

 

Nous nous sommes efforcés de découvrir ce qu'est la réalité et la signification de notre "existence en tant qu'êtres conscients dans l'univers matériel et dans quelle direction et jusqu'où cette signification une fois découverte nous conduit, vers quel avenir humain ou divin. Notre existence ici-bas peut être, en effet, un caprice sans conséquence de la madère elle-même ou de l'énergie qui construit la matière, ou elle peut être un caprice inexplicable de l'Esprit. Ou encore, notre existence ici-bas peut être la fantaisie

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it has no essential significance,—no significance at all if Matter or an inconscient Energy is the fantasy-builder, for then it is at best the stray description of a wandering spiral of Chance or the hard curve of a blind Necessity; it can have only an illusory significance which vanishes into nothingness if it is an error of Spirit. A conscious Creator may indeed have put a meaning into our existence, but it must be discovered by a revelation of his will and is not self-implied in the self-nature of things and discoverable there. But if there is a self-existent Reality of which our existence here is a result, then there must be a truth of that reality which is manifesting, working itself out, evolving here, and that will be the significance of our own being and life. Whatever that Reality may be, it is something that has taken upon itself the aspect of a becoming in Time,—an indivisible becoming, for our present and our future carry in themselves, transformed, made other, the past that created them, and the past and present already contained and now contain in themselves, invisible to us because still unmanifested, unevolved, their own transformation into the still uncreated future. The significance of our existence here determines our destiny : that destiny is something that already exists in us as a necessity and a potentiality, the necessity of our being's secret and emergent reality, a truth of its potentialities that is being worked out; both, though not yet realised, are even now implied in what has been already manifested. If there is a Being that is becoming, a Reality of existence that is unrolling itself in Time, what that being, that reality secretly is is what we have to become, and so to become is our life's significance.

It is consciousness and life that must be the keywords to what is being thus worked out in Time; for without them Matter and the world of Matter would be a meaningless phenomenon a thing that has just happened by Chance or by an unconscious Necessity. But consciousness as it is, life as it is cannot be the whole secret; for both are very clearly something unfinished and still in process. In us consciousness is Mind, and our mind is ignorant and imperfect, an intermediate power that has grown and is still growing towards something beyond itself: there were lower levels of consciousness that came before it and out of which it  

arbitraire d'un Créateur supracosmique. Dans tous ces cas, elle n'a aucune signification essentielle: elle n'a pas de signification du tout si c'est la matière ou quelque énergie inconsciente qui est l'artisan de la fantaisie, car alors, elle est au mieux l'expression fugitive d'une spirale errante du Hasard ou la courbe inflexible d'une aveugle Nécessité. Et si elle est une erreur de l'Esprit, elle ne peut avoir qu'une signification illusoire qui s'évanouit dans le néant. Il se peut, certes, qu'un Créateur conscient ait mis un sens dans notre existence, mais ce sens doit être découvert par une révélation de sa volonté; il n'est pas impliqué dans la nature propre des choses et n'y est pas découvrable. Mais s'il y a une Réalité existant en soi, dont notre existence ici-bas soit un résultat, alors il faut bien que la vérité de cette Réalité se manifeste, s'exprime, se développe ici-bas, et cette vérité sera la signification de notre être et de notre vie. Quelle que puisse être cette Réalité, elle a revêtu l'aspect d'un devenir dans le temps: un devenir indivisible, car notre présent et notre avenir portent en eux, transformé, devenu autre, le passé qui les a créés, et le passé et le présent contenaient déjà et contiennent encore en eux-mêmes, invisible pour nous parce qu'elle n'est pas encore manifestée ni apparue dans l'évolution, leur propre transformation en un avenir encore incréé. La signification de notre existence ici-bas détermine notre destinée, et cette destinée existe déjà en nous comme une nécessité et une potentialité: la nécessité de la réalité secrète de notre être et de son émergence, la vérité de ses potentialités qui est en voie d'expression, et toutes deux, bien qu'elles ne soient pas encore réalisées, sont dès maintenant contenues dans ce qui est déjà manifesté. S'il y a un Être qui devient, une Réalité d'existence qui se déroule dans le temps, ce qu'est cet être, ce qu'est secrètement cette réalité, c'est ce que nous devons devenir, et ce devenir est la signification de notre vie.

La conscience et la vie doivent être la clef de ce qui est ainsi en voie d'accomplissement dans le temps, car sans elles, la matière et le monde de la matière seraient un phénomène dépourvu de sens, quelque chose qui est arrivé juste par hasard ou par une nécessité inconsciente. Mais la conscience telle qu'elle est, la vie telle qu'elle est ne peuvent pas être le secret total, car toutes

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arose, there must very evidently be higher levels to which it is itself arising. Before our thinking, reasoning, reflecting mind there was a consciousness unthinking but living and sentient, and before that there was the subconscious and the unconscious; after us or in our yet unevolved selves there is likely to be waiting a greater consciousness, self-luminous, not dependent on constructive thought: our imperfect and ignorant thought-mind is certainly not the last word of consciousness, its ultimate possibility. For the essence of consciousness is the power to be aware of itself and its objects, and in its true nature this power must be direct, self-fulfilled and complete : if it is in us indirect, incomplete, unfulfilled in its workings, dependent on constructed instruments, it is because consciousness here is emerging from an original veiling Inconscience and is yet burdened and enveloped with the first Nescience proper to the Inconscient; but it must have the power to emerge completely, its destiny must be to evolve into its own perfection which is its true nature. Its true nature is to be wholly aware of its objects, and of these objects the first is self, the being which is evolving its consciousness here, and the rest is what we see as not-self,—but if existence is indivisible, that too must in reality be self: the destiny of evolving consciousness must be, then, to become perfect in its awareness, entirely aware of self and all aware. This perfect and natural condition of consciousness is to us a superconscience, a state which is beyond us and in which out mind, if suddenly transferred to it, could not at first function; but it is towards that superconscience that our conscious being must be evolving. But this evolution of our consciousness to a superconscience or supreme of itself is possible only if the Inconscience which is our basis here is really itself an involved Superconscience; for what is to be in the becoming of the Reality in us must be already there involved or secret in its beginning. Such an involved Being or Power we can well conceive the Inconscient to be when we closely regard this material creation of an unconscious Energy and see it labouring out with curious construction and infinite device the work of a vast involved Intelligence and see, too, that we ourselves are something of that Intelligence evolving out of its involution, an emerging consciousness whose emergence cannot

deux sont très clairement quelque chose d'inachevé, elles sont encore en voie de développement. En nous la conscience est le mental, et notre mental est ignorant et imparfait; c'est un pouvoir intermédiaire qui grandit et qui continue de grandir vers quelque chose au-delà de lui-même. Il y a eu des niveaux inférieurs de conscience qui sont apparus avant lui et d'où il s'est élevé; et il doit y avoir évidemment des niveaux supérieurs vers lesquels il s'élève à son tour. Avant notre mental, qui pense, raisonne et réfléchit, il y avait une conscience qui ne pensait pas, mais qui vivait et sentait; et avant elle, il y avait le subconscient et l'inconscient. Après nous, ou dans notre moi qui n'est pas encore apparu dans l'évolution, il doit y avoir probablement une plus grande conscience qui attend, lumineuse en soi et qui ne dépend pas de la pensée constructrice; notre mental pensant, imparfait et ignorant, n'est certainement pas le dernier mot de la conscience, son ultime possibilité. Car l'essence de la conscience est le pouvoir de se percevoir soi-même et de percevoir ses objets, et, dans sa vraie nature, ce pouvoir doit être direct, complet et s'accomplir spontanément. Si son action est en nous indirecte, incomplète, imparfaite, si elle dépend d'instruments qu'elle a construits, c'est parce que, ici-bas, la conscience émerge d'une inconscience originelle qui la voile, et qu'elle est encore enveloppée et alourdie par la nescience primordiale propre à l'inconscient; mais elle doit avoir le pouvoir d'émerger complètement. Sa destinée doit être d'évoluer jusqu'à sa propre perfection, qui est sa vraie nature. Sa vraie nature est d'être pleinement consciente de ses objets, et de ses objets le premier est le moi, l'être qui à travers l'évolution développe sa conscience ici-bas, et le reste est ce que nous percevons comme non-moi. Mais si l'existence est indivisible, ce non-moi aussi doit, en réalité, être le moi; dès lors, la destinée de la conscience en évolution doit être de devenir parfaitement consciente, entièrement consciente du moi et du tout. Cet état parfait et naturel de la conscience est pour nous une supraconscience, un état qui nous dépasse, et où notre mental, s'il y était soudainement transporté, ne pourrait pas tout d'abord fonctionner; mais c'est vers cette supraconscience que notre être conscient doit évoluer. Or cette évolution de notre conscience vers son sommet, la supraconscience,

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stop short on the way until the Involved has evolved and revealed itself as a supreme totally self-aware and all-aware Intelligence. It is this to which we have given the name of Supermind or Gnosis.For that evidently must be the consciousness of the Reality, the Being, the Spirit that is secret in us and slowly manifesting here; of that Being we are the becomings and must grow into its nature.

        If consciousness is the central secret, life is the outward indication, the effective power of being in Matter; for it is that which liberates consciousness and gives it its form or embodiment of force and its effectuation in material act. If some revelation or effectuation of itself in Matter is the ultimate aim of the evolving Being in its birth, life is the exterior and dynamic sign and index of that revelation and effectuation. But life also, as it is now, is imperfect and evolving; it evolves through growth of consciousness even as consciousness evolves through greater organisation and perfection of life : a greater consciousness means a greater life, Man, the mental being, has an imperfect life because mind is not the first and highest power of consciousnes  of the Being; even if mind were perfected, there would be still something yet to be realised, not yet manifested. For what is involved and emergent is not a Mind, but a Spirit, and mind is not the native dynamism of consciousness of the Spirit; supermind, the light of gnosis, is its native dynamism. If then life has to become a manifestation of the Spirit, it is the manifestation of a spiritual being in us and the divine life of a perfected consciousness in a supramental or gnostic power of spiritual being that must be the secret burden and intention of evolutionary Nature.

        All spiritual life is in its principle a growth into divine living, It is difficult to fix the frontier where the mental ceases and the divine life begins, for the^two project into each other and there is a long space of their intermingled existence. A great part of this interspace,—when the spiritual urge does not turn away from earth or world altogether,—can be seen as the process of a higher life in the making. As the mind and life become illumined with the light of the spirit, they put on or reflect something of the divinity, the secret greater Reality, and this must increase until the interspace has been crossed and the whole existence is unified.

n'est possible que si l'inconscience qui est notre base ici-bas, est elle-même, en fait, une supraconscience involuée; car ce qui doit apparaître dans le devenir de la Réalité en nous, doit être déjà là, involué ou caché dans son commencement. Nous pouvons en effet concevoir que l'Inconscient est un Être ou un Pouvoir ainsi involué, quand nous observons attentivement cette création matérielle issue d'une énergie inconsciente et que nous voyons celle-ci mettre au jour par des constructions singulières et des artifices infinis, l'œuvre d'une vaste Intelligence involuée, et quand nous voyons que nous-mêmes aussi, sommes quelque chose de cette Intelligence, quelque chose qui évolue hors de son involution, une conscience qui émerge et dont l'émergence ne peut s'arrêter court sur le chemin tant que Ce qui est involué n'a pas évolué et ne s'est pas révélé comme une Intelligence suprême, totalement consciente d'elle-même et totalement consciente de tout. C'est à cela que nous avons donné le nom de Supramental ou Gnose. Car cela doit être évidemment la conscience de la Réalité, de l'Être, de l'Esprit qui est caché en nous et qui lentement se manifeste ici-bas. De cet Être nous sommes les devenirs et nous devons croître à sa ressemblance.

Si la conscience est le secret central, la vie est l'indication extérieure, le pouvoir réalisateur de l'être dans la matière; car c'est elle qui libère la conscience et lui donne sa forme, la revêt de force et la traduit en acte dans la matière. Si une révélation de soi ou un accomplissement de soi dans la matière est le but ultime de l'Être qui évolue dans la naissance, la vie est le signe extérieur et dynamique, l'indice de cette révélation et de cet accomplissement. Mais la vie aussi, telle qu'elle est maintenant, est imparfaite et en cours d'évolution, elle évolue par la croissance de la conscience, de même que la conscience évolue par l'organisation et la perfection plus "grandes de la vie, — une plus vaste conscience signifie donc une vie plus vaste. L'homme, l'être mental, a une vie imparfaite parce que le mental n'est pas le premier ni le plus haut pouvoir de conscience de l'Être, et même si le mental était rendu parfait, il resterait encore quelque chose à réaliser, quelque chose qui n'est pas encore manifesté. Car ce qui est involué et qui émerge, n'est pas le mental mais l'Esprit, et le

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in the full light and power of the spiritual principle. But, for the full and perfect fulfilment of the evolutionary urge, this illumination and change must take up and re-create the whole being, mind, life and body : it must be not only an inner experience of the Divinity, but a remoulding of both the inner and outer existence by its power; it must take form not only in the life of the individual but as a collective life of gnostic beings established as a highest power and form of the becoming of the Spirit in the earth-nature, For this to be possible the spiritual entity in us must have developed its own integralised perfection not only of the inner state of the being but of the outgoing power of the being and, with that perfection and as a necessity of its complete action, it must have evolved its own dynamis and instrumentation of the outer existence.

        There can undoubtedly be a spiritual life within, a kingdom of heaven within us which is not dependent on any outer manifestation or instrumentation or formula of external being. The inner life has a supreme spiritual importance and the outer has a value only in so far as it is expressive of the inner status. However the man of spiritual realisation lives and acts and behaves, in all ways of his being and acting, it is said in the Gita, "he lives and moves in Me"; he dwells in the Divine, he has realised the spiritual existence. The spiritual man living in the sense of the spiritual self, in the realisation of the Divine within him and everywhere, would be living inwardly a divine life and its reflection would fall on his outer acts of existence, even if they did not pass—or did not seem .to pass—beyond the ordinary instrumentation of human thought and action in this world of earth-nature. This is the first truth and the essence of the matter; but still, from the point of view of a spiritual evolution, this would be only an individual liberation and perfection in an unchanged environmental existence : for a greater; dynamic change in earth-nature itself, a spiritual change of the whole principle and instrumentation of life and action, the appearance of a new order of beings and a new earth-life must be envisaged in our idea of the total consummation, the divine issue. Here the gnostic change assumes a primary importance; all that precedes can be considered as an upbuilding and a preparation for this transmuting reversal of the whole nature. For it is a gnostic way

mental n'est pas le dynamisme de conscience naturel à l'Esprit; ce dynamisme naturel est le supramental, la lumière de la gnose. Si donc la vie doit devenir une manifestation de l'Esprit, c'est la manifestation en nous d'un être spirituel, et la vie divine d'une conscience rendue parfaite dans le pouvoir supramental ou gnostique de l'être spirituel qui doivent être l'intention de la Nature évolutive, le fruit secret qu'elle porte en elle.

Toute vie spirituelle est dans son principe la croissance en une existence divine. Il est difficile de fixer la frontière où cesse la vie mentale et où la vie divine commence, car les deux débordent l'une sur l'autre et leur existence entremêlée s'étend sur un vaste intervalle. On peut voir qu'une grande partie de cet intervalle,— quand l'élan spirituel ne nous détourne pas complètement de la terre et du monde,—est le processus qui prépare une vie supérieure. A mesure que le mental et la vie s'illuminent de la lumière de l'Esprit, ils revêtent ou reflètent quelque chose de la divinité, de la Réalité secrète plus grande, et ceci doit croître jusqu'à ce que l'intervalle ait été franchi et l'existence entière unifiée dans la pleine lumière et le plein pouvoir du principe spirituel. Mais, pour un complet et parfait accomplissement de l'élan évolutif, cette illumination et ce changement doivent s'emparer de l'être tout entier, mental, vie et corps, et les recréer; ce ne doit pas être seulement une expérience intérieure de la Divinité, mais un remodèlement par son pouvoir de l'existence tant extérieure qu'intérieure. L'illumination, le changement doivent prendre forme non seulement dans la vie de l'individu mais dans une vie collective d'êtres gnostiques, qui s'établira comme le pouvoir et la forme la plus haute du devenir de l'Esprit dans la Nature terrestre. Pour que ceci soit possible, l'entité spirituelle en nous doit avoir atteint sa perfection intégrale, non seulement dans les états intérieurs de l'être, mais dans son pouvoir d'expression extérieure, et, en même temps que cette perfection et parce que cela est nécessaire pour que son action soit complète, elle doit avoir développé son dynamisme propre et les instruments de sa propre existence extérieure.

Sans aucun doute il peut y avoir une vie spirituelle intérieure, un royaume des cieux en nous, qui ne dépende d'aucune manifestation

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of dynamic living that must be 'the fulfilled divine life on earth, a way of living that develops higher instruments of world-knowledge and world action for the dynamisation of consciousness in the physical existence and takes up and transforms the values of a world of material Nature.

        But always the whole foundation of the gnostic life must be by its very nature inward and not outward. In the life of the spirit it is the spirit, the inner Reality, that has built up and uses the mind, vital being and body as its instrumentation; thought, feeling and action do not exist for themselves, they are not an object, but the means; they serve to express the manifested divine Reality within us: otherwise, without this inwardness, this spiritual origination, in a too externalised consciousness or by only external means, no greater or divine life is possible. In our present life of Nature, in our externalised surface existence, it is the world that seems to create us; but in the turn to the spiritual life it is we who must create ourselves and our world. In this new formula of creation, the inner life becomes of the first importance and the rest can be only its expression and outcome. It is this, indeed, that is indicated by our own strivings towards perfection, the perfection of  our own soul and mind and life and the perfection of the life of the race. For we are given a world which is obscure, ignorant, material, imperfect, and our external conscious being is itself created by the energies, the pressure, the moulding operations of this vast mute obscurity , by physical birth, by environment, by a training through the impacts and shocks of life; and yet we are vaguely aware of something that is there in us or seeking to be, something other than what has been thus made, a spirit self-existent, self-determining, pushing the nature towards the creation of an image of its own occult perfection or Idea.. of perfection. There is something that grows in us in answer to this demand, that strives to become the image of a divine Somewhat, and is impelled also to labour at the world outside that has been given to it and to remake that too in a greater image, in the image of its own spiritual and mental and vital growth, to make our world too something created according to our own mind and self-conceiving spirit, something new, harmonious perfect.  

extérieure, d'aucun instrument, d'aucune formule de l'être extérieur. La vie intérieure a une suprême importance spirituelle, et la vie extérieure n'a de valeur qu'autant qu'elle exprime l'état intérieur. De quelque manière que vive, agisse et se comporte l'homme de réalisation spirituelle, dans tous les modes de son être et de son action, "il vit et se meut en Moi", comme il est dit dans la Guîtâ, — il demeure dans le Divin, il a réalisé l'existence spirituelle. L'homme spirituel, qui vit avec le sens du moi spirituel, dans la réalisation du Divin en lui et en toute chose, vivra intérieurement une vie divine et le reflet de cette vie éclairera les actes extérieurs de son existence, même si ceux-ci ne dépassent pas, ou semblent ne pas dépasser, l'expression ordinaire de la pensée et de l'action humaines dans ce monde de la Nature terrestre. Telle est la vérité première et l'essence du problème. Et pourtant, du point de vue de l'évolution spirituelle, ce ne serait là qu'une libération et une perfection individuelles, et l'existence environnante resterait inchangée. Pour effectuer un changement dynamique plus grand dans la Nature terrestre elle-même, un changement spirituel du principe tout entier de la vie et de l'action et de tous leurs moyens d'expression, il faut envisager, dans notre conception de l'accomplissement total, du dénouement divin, l'apparition d'un nouvel ordre d'êtres et d'une nouvelle vie terrestre. Ici, le changement gnostique prend une importance primordiale, on peut considérer tout ce qui le précède comme un échafaudage et une préparation pour ce renversement transmutateur de notre nature tout entière. Car c'est un mode gnostique d'existence dynamique qui doit être l'accomplissement de la vie divine sur la terre, un mode d'existence qui fait apparaître des instruments supérieurs de connaissance et d'action dans le monde, pour dynamiser la conscience dans l'existence physique, et qui saisit et transforme les valeurs du monde de la Nature matérielle.

Mais toujours, l'entier fondement de la vie gnostique doit être, par sa nature même, intérieur et non extérieur. Dans la vie de l'Esprit, c'est l'Esprit, la Réalité intérieure, qui a construit l'être mental et vital et le corps et qui s'en sert comme d'instruments. La pensée, le sentiment et l'action n'existent pas pour eux-mêmes, ils ne sont pas une fin mais des moyens; ils servent

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But our mind is obscure, partial in its notions, misled by opposite surface appearances, divided between various possibilities; it is led in three different directions to any of which it may give an exclusive preference. Our mind, in its search for what must be, turns towards a concentration on our own inner spiritual growth and perfection, on our own individual being and inner living; or it turns towards a concentration on an individual development of our surface nature, on the perfection of our thought and outer dynamic or practical action on the world, on some idealism of our personal relation with the world around us; or it turns rather towards a concentration on the outer world itself, on making it better, more suited to our ideas and temperament or to our conception of what should be. On one side there is the call of out spiritual being which is our true self, a transcendent reality, a being of the Divine Being, not created by the world, able to live in itself, to rise out of world to transcendence; on the other side there is the demand of the world around us which is a cosmic form, a formulation of the Divine Being, a power of the Reality in disguise. There is too the divided or double demand of our being of Nature which is poised between these two terms, depends on them and connects them; for it is apparently made by the world and yet, because its true creator is in ourselves and the world instrumentation that seems to make it is only the means first used, it is really a form, a disguised manifestation of a greater spiritual being within us. It is this demand that mediates between our preoccupation with an inward perfection or spiritual liberation and our preoccupation with the outer world and its formation, insists on a happier relation between the two terms and creates the ideal of a better individual in a better world. But it is within us that the Reality must be found and the source and foundation of a perfected life; no outward formation can replace it: there must be the true self realised within if there is to be the true life realised in world and Nature

        In the growth into a divine life the spirit must be our first  preoccupation; until we have revealed and evolved it in our self out of its mental, vital, physical wrappings and disguises, extracted it with patience from our own body, as the Upanishad puts it, until we have built up in ourselves an inner life of the spirit, it is obvious

à exprimer la Réalité divine, qui se manifeste en nous. Autrement, sans cette intériorité, sans cette source spirituelle, il n'est pas possible de réaliser une vie plus grande ou divine dans une conscience trop extériorisée, ou de la réaliser seulement par des moyens extérieurs. Dans notre vie actuelle qui appartient à la Nature, dans notre existence extériorisée en surface, c'est le monde qui semble nous créer; mais à partir du moment où nous nous tournons vers la vie spirituelle, c'est nous qui devons nous créer nous-mêmes et créer notre monde. Avec cette nouvelle formule de création, la vie intérieure assume une importance première et le reste ne peut être que son expression et sa conséquence. En fait, c'est cela qu'indiquent nos propres efforts vers la perfection, la perfection de notre âme, de notre mental et notre vie, et la perfection de la vie de l'espèce. Car il nous a été donné un monde obscur, ignorant, matériel, imparfait, et notre être conscient extérieur est lui-même créé par les énergies de cette vaste obscurité muette, par leur pression, leur modelage, par la naissance physique, le milieu, l'apprentissage que nous donnent les chocs et les heurts de la vie; et cependant nous sommes vaguement conscients de quelque chose qui est là en nous, ou s'efforce d'être, quelque chose d'autre que ce qui a été ainsi façonné, un esprit qui existe en soi et se détermine lui-même, qui pousse notre nature à créer une image de sa propre perfection cachée ou de l'Idée de perfection. Quelque chose grandit en nous pour répondre à cette exigence, et s'efforce de devenir l'image d'un divin Quelque Chose; cette chose en nous est contrainte aussi d'œuvrer sur le monde extérieur qui lui a été donné et de le refaire lui aussi à une plus haute image, à l'image de sa propre croissance spirituelle, mentale et vitale, afin de le recréer selon notre mental et la conception propre de notre esprit, et d'en faire quelque chose de nouveau, d'harmonieux, de parfait.

Mais notre mental est obscur, ses notions sont partielles; il est trompé par les apparences superficielles opposées, partagé entre des possibilités multiples. Trois directions différentes l'entraînent et il peut donner sa préférence exclusive à l'une ou l'autre d'entre elles. Dans sa quête de ce qui doit être, notre mental choisit en effet de se concentrer ou bien sur notre propre être individuel et

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that no outer divine living can' become possible. Unless, indeed, it is a mental or vital godhead that we perceive and would be,— but even then the individual mental being or the being of power and vital force and desire in us must grow into a form of that godhead before our life can be divine in that inferior sense, the life of the infraspiritual superman, mental demi-god or vital Titan, Deva or Asura. This inner life once created, to convert our whole surface being, our thought, feeling, action in the world, into a perfect power of that inner life, must be our other preoccupation. Only if we live in that deeper and greater way in our dynamic parts, can there be a force for creating a greater life or the world be remade whether in some power or perfection of Mind and Life or the power and perfection of the Spirit. A perfected human world cannot be created by men or composed of men who are themselves imperfect. Even if all our actions are scrupulously regulated by education or law or social or political machinery, what will be achieved is a regulated pattern of minds, a fabricated pattern of lives, a cultivated pattern of conduct; but a conformity of this kind cannot change, cannot re-create the man within, it cannot carve or cut out a perfect soul or a perfect thinking man or a perfect or growing living being. For soul and mind and life are powers of being and can grow but cannot be cut out or made; an outer process or formation can assist or can express soul and mind and life but cannot create or develop it. One can indeed help the being to grow, not by an attempt at manufacture, but by throwing on it stimulating influences or by lending to it one's forces of soul or mind or life, but even so the growth must still come from within it, determining from there what shall be made of these influences and forces, and not from outside. This is the first truth that our creative zeal and aspiration have to learn, otherwise all our human endeavour is foredoomed to turn in a futile circle and can end only in a success that is a specious, failure.

        To be or become something, to bring something into being is the whole labour of the force of Nature; to know, feel, do are subordinate energies that have a value because they help the being in its partial self-realisation to express what it is and help

sa vie intérieure; ou bien, il choisit de se concentrer sur le développement individuel de notre nature de surface, sur la perfection de la pensée et de l'action extérieure dynamique ou pratique dans le monde, sur quelque idéal dans nos relations personnelles avec le monde qui nous entoure; ou encore, il choisit de se concentrer plutôt sur le monde extérieur lui-même, pour le rendre meilleur, mieux adapté à nos idées et à notre tempérament, ou à notre conception de ce qui devrait être. D'un côté il y a l'appel de notre être spirituel qui est notre vrai moi, une réalité transcendante, un être de l'Être Divin, non créé par le monde, capable de vivre en lui-même, de s'élever au-dessus du monde jusqu'à la transcendance. De l'autre, il y a l'exigence du monde qui nous entoure et qui est une forme cosmique, une formulation de l'Être Divin, un pouvoir déguisé de la Réalité. Il y a aussi l'exigence divisée, ou double exigence de notre être, qui appartient à la Nature et qui, en équilibre entre ces deux termes, dépend d'eux et les relie; car en apparence, il est fait par le monde, et cependant, parce que son créateur véritable est en nous et que les instruments cosmiques qui semblent le faire ne sont qu'un premier "moyen, il est en réalité une forme, une manifestation déguisée d'un être spirituel plus grand au-dedans de nous. C'est cette exigence qui sert de médiatrice entre notre préoccupation de perfection intérieure ou de libération spirituelle, et notre préoccupation du monde extérieur et de sa formation; c'est elle qui insiste pour établir une relation plus heureuse entre ces deux termes, et qui crée l'idéal d'un individu meilleur dans un monde meilleur. Mais c'est en nous que la Réalité doit être trouvée, source et fondement d'une vie parfaite, et aucune formation extérieure ne peut la remplacer. Le vrai moi doit être réalisé au-dedans, si la vraie vie doit être réalisée dans le monde et la Nature.

Si nous voulons croître en la vie divine, l'Esprit doit être notre première préoccupation. Tant que nous ne l'avons pas révélé et développé en nous-mêmes, hors des enveloppes mentales, vitales et physiques qui le déguisent, dégagé avec patience de notre propre corps, comme il est dit dans l'Oupanishad, tant que nous n'avons pas construit en nous-mêmes une vie intérieure de l'Esprit, il est évident qu'aucune existence divine extérieure

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it too in its urge to express the-still more not yet realised that it has to be. But knowledge, thought, action,—whether religious, ethical, political, social, economic, utilitarian or hedonistic, whether a mental, vital or physical form or construction of existence, —cannot be the essence or object of life; they are only activities of the powers of being or the powers of its becoming, dynamic symbols of itself, creations of the embodied spirit, its means of discovering or formulating what it seeks to be. The tendency of man's physical mind is to see otherwise and to turn the true method of things upside down, because it takes as essential or fundamental the surface forces or appearances of Nature; it accepts her creation by a visible or exterior process as the essence of her action and does not see that it is only a secondary appearance and covers a greater secret process : for Nature's occult process is to reveal the being through the bringing out of its powers and forms, her external pressure is only a means of awakening the involved being to the need of this evolution, of this self-formation, When the spiritual stage of her evolution is reached, this occult process must become the whole process; to get through the veil of forces and get at their secret mainspring, which is the spirit itself, is of cardinal importance. To become ourselves is the one thing to be done; but the true ourselves is that which is within us, and to exceed our outer self of body, life and mind is the condition for this highest being, which is our true and divine being, to become self-revealed and active. It is only by growing within and living within that we can find it; once that is done, to create from there the spiritual or divine mind, life, body and through this instrumentation to arrive at the creation of a world which shall be the true environment of a divine living,—this is the final object that Force of Nature has set before us. This then is the first necessity, that the individual, each individual, shall discover the spirit, the divine reality within him and express that in all his being and living. A divine life must be first and foremost an inner life; for since the outward must be the expression of what is within, there can be no divinity in the outer existence if there is not the divinisation of the inner being. The Divinity in man dwells veiled in his spiritual centre; there can be no such thing as self-exceeding for man or a

ne peut devenir possible. A moins évidemment, que ce ne soit une divinité mentale ou vitale que nous ayons en vue et que nous voulions être, mais même alors, l'être mental individuel, ou l'être de pouvoir, de désir et de force vitale en nous, doit croître et devenir une forme de cette divinité, avant que notre vie puisse être divine dans ce sens inférieur, la vie du surhomme infra-spirituel, du demi-dieu mental ou du titan vital, déva ou asoura. Cette vie intérieure une fois créée, notre autre préoccupation doit être de convertir tout notre être de surface, nos pensées, nos sentiments, toutes nos actions dans le monde, en un instrument parfait de cette vie intérieure. C'est seulement si, dans les parties dynamiques de notre être, nous vivons de cette manière plus profonde et plus grande, que nous pouvons trouver la force de créer une vie plus grande ou de refaire le monde en un instrument parfait du mental et de la vie ou en un instrument parfait de l'Esprit. Un monde humain parfait ne peut être créé par des hommes imparfaits ni composé d'hommes qui sont eux-mêmes imparfaits. Même si toutes nos activités sont scrupuleusement réglées par l'éducation, la loi, ou par un mécanisme social ou politique, il n'en résultera qu'un type de mentalité réglementé, ' un type de vie fabriqué, un type de conduite artificiellement cultivé, mais un conformisme de cette sorte ne peut pas changer, I ne peut pas recréer l'homme du dedans, elle ne peut pas tailler ' ou sculpter une âme parfaite, un penseur parfait, un être vivant et croissant parfait. Car l'âme, le mental et la vie sont des pouvoirs de l'être qui peuvent croître mais qui ne peuvent pas être taillés ou fabriqués, une formation ou un processus extérieurs peuvent aider ou peuvent exprimer l'âme, le mental et la vie, mais ne peuvent pas les créer ou les développer. On peut certes aider l'être à croître, mais ce n'est pas en essayant de le manufacturer, c'est en lui prodiguant des influences stimulantes ou en lui prêtant les forces de son âme, de son mental, ou de sa vie, mais même ainsi, la croissance ne doit pas venir du dehors, elle doit venir de l'intérieur de l'être, et depuis là, déterminer comment seront utilisées ces influences et ces forces. Telle est la première vérité que notre aspiration et notre zèle créateurs doivent apprendre, sinon tout notre effort humain est d'avance condamné à tourner

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higher issue for his existence if there is not in him the reality of an eternal self and spirit.

        To be and to be fully is Nature's aim in us; but to be fully is to be wholly conscious of one's being : unconsciousness, half consciousness or deficient consciousness is a state of being not in possession of itself; it is existence, but not fullness of being. To be aware wholly and integrally of oneself and of all the truth of one's being is the necessary condition of true possession of existence. This self-awareness is what is meant by spiritual knowledge: the essence of spiritual knowledge is an intrinsic self-existent consciousness; all its action of knowledge, indeed all its action any kind, must be that consciousness formulating itself. All other knowledge is consciousness oblivious of itself and striving return to its own awareness of itself and its contents; it is self-ignorance labouring to transform itself back into self-knowledge.

        But also, since consciousness carries in itself the force of existence, to be fully is to have the intrinsic and integral fore of one's being; it is to come into possession of all one's force of self and of all its use. To be merely, without possessing the force of one's being or with a half-force or deficient force of it, is a mutilated or diminished existence; it is to exist, but it is not fullness of being. It is possible, indeed, to exist only in status, with the force of being self-gathered and immobile in the self; but, even so, to be in deficient force of it, is a mutilated or diminished existence; power of self is the sign of the divinity of self,—a powerless spirit is no spirit. But, as the spiritual consciousness is intrinsic and self-existent, so too this force of our spiritual being must be intrinsic, automatic in action, self-existent and self-fulfilling, What instrumentality it uses, must be part of itself; even any: external instrumentality it uses must be made part of itself and  expressive of its being. Force of being in conscious action is will; and whatever is the conscious will of the spirit, its will of being and becoming, that all the existence must be able harmonically to fulfil. Whatever action or energy of action has not this sovereignty or is not master of the machinery of action, carries in it by that defect the sign of an imperfection of the force of being, of a division

futilement en rond et voué à un succès qui n'est qu'une faillite déguisée.

Être ou devenir quelque chose, amener quelque chose à l'existence est tout le labeur de la Nature et de sa force; savoir, sentir, faire, sont des énergies subordonnées qui ont leur valeur, parce qu'elles aident l'être à se réaliser partiellement afin d'exprimer ce qu'il est, et qu'elles l'aident aussi dans son élan pour exprimer le "plus encore" qu'il n'a pas réalisé et qu'il doit être. Mais la connaissance, la pensée et l'action, qu'elles soient religieuses, éthiques, politiques, sociales, économiques, utilitaires ou hédonistes, que ce soit une forme ou une construction mentale, vitale ou physique de l'existence, ne peuvent pas être l'essence ou le but de la vie; ce sont seulement les activités des pouvoirs de l'être ou des pouvoirs de son devenir, des symboles dynamiques de lui-même, des créations de l'Esprit incarné, ses moyens de découvrir et de formuler ce qu'il cherche à être. Parce qu'il prend pour essentielles ou fondamentales les forces ou les apparences superficielles de la Nature, le mental physique de l'homme a tendance à voir autrement et à tourner sens dessus dessous la vraie méthode des choses. Il prend les créations de la Nature au moyen de procédés visibles ou extérieurs pour l'essence même de son action et ne voit pas que c'est une simple apparence secondaire qui recouvre un processus secret plus grand. Car le processus occulte de la Nature est de révéler l'être en faisant apparaître ses pouvoirs et ses formes; sa pression extérieure n'est qu'un moyen d'éveiller l'être involué à la nécessité de cette évolution, de cette formation de soi. Quand le stade spirituel est atteint dans l'évolution de la Nature, ce processus occulte doit devenir le processus total. Il est donc d'une importance capitale de traverser le voile des forces et de toucher leur ressort secret qui est l'Esprit lui-même. Devenir soi-même est la seule chose à faire; mais le vrai soi-même est celui qui est au-dedans de nous, et dépasser notre moi extérieur corporel, vital et mental est la condition pour que cet être le plus haut, qui est notre être véritable et divin, se révèle lui-même et devienne actif. C'est seulement en grandissant au-dedans et en vivant au-dedans que nous pouvons le trouver; une fois que cela est fait, le but final que la force de la

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or disabling segmentation of the consciousness, of an incompleteness  in the manifestation of the being.

        Lastly, to be fully is to have the full delight of being. Being without delight of being, without an entire delight of itself and all things is something neutral or diminished; it is existence, but it is not fullness of being. This delight too must be intrinsic, self-existent, automatic; it cannot be dependent on things outside itself : whatever it delights in, it makes part of itself, has the joy of it as part of its universality. All undelight, all pain and suffering  are a sign of imperfection, of incompleteness; they arise from a division of being, an incompleteness of consciousness of being, an incompleteness of the force of being. To become complete in being, in consciousness of being, in force of being, in delight of being and to live in this integrated completeness is the divine living.

        But, again, to be fully is to be universally. To be in the limitations of a small restricted ego is to exist, but it is an imperfect existence: in its very nature it is to live in an incomplete consciousness, an incomplete force and delight of existence. It is to be less than oneself and it brings an inevitable subjection to ignorance, weakness and suffering : or even if by some divine composition of the nature it could exclude these things, it would be to live in a limited scope of existence, a limited consciousness and power and joy of existence. All being is one and to be fully is to be all that is, To be in the being of all and to include all in one's being, to be conscious of the consciousness of all, to be integrated in force with the universal force, to carry all action and experience in oneself and feel it as one's own action and experience, to feel all selves as one's own self, to feel all delight of being as one's own delight of being is a necessary condition of the integral divine living.

        But thus to be universally in the fullness and freedom of  one's universality, one must be also transcendentally. The spiritual fullness of the being is eternity; if one has not the consciousness of timeless eternal being, if one is dependent on body or embodied mind or embodied life, or dependent on this world or that world or on this condition of being or that condition of being that is not the reality of self, not the fullness of our spiritual exis-

Nature nous propose, c'est de créer, depuis là, un mental, une vie et un corps spirituels ou divins et à l'aide de ces instruments, d'arriver à la création d'un monde qui soit le vrai milieu d'une existence divine. La première nécessité est donc que l'individu, — chaque individu, — découvre l'Esprit, la Réalité divine qui est en lui et qu'il l'exprime dans tout son être et toute son existence. Une vie divine doit être d'abord et avant tout une vie intérieure. Car du moment que l'extérieur doit être l'expression de ce qui est au-dedans, il ne peut y avoir de divinité dans l'existence extérieure si l'être intérieur n'est pas divinisé. Dans l'homme, la Divinité habite voilée son centre spirituel, s'il n'a pas réellement en lui un moi éternel, un esprit éternel, il est impossible que l'homme parvienne à se dépasser lui-même ou qu'il trouve une issue plus haute à son existence.

Être et être pleinement, tel est le but que la Nature poursuit en nous. Mais être pleinement, c'est être totalement conscient de son être, l'inconscience, la semi-conscience ou une conscience insuffisante sont des états d'un être qui n'est pas en possession de lui-même,—c'est simplement exister, ce n'est pas la plénitude de l'être. Être totalement et intégralement conscient de soi-même et de toute la vérité de son être, telle est la condition nécessaire pour posséder vraiment l'existence. Cette conscience de soi est le sens même de la connaissance spirituelle. L'essence de la connaissance spirituelle est en effet une conscience intrinsèque existant en soi, toutes ses actions de connaissance, — en fait, toutes ses actions quelles qu'elles soient,—doivent être l'expression de cette conscience se formulant elle-même. Toute autre connaissance naît d'une conscience oublieuse de soi et qui s'efforce de se retrouver elle-même et son contenu; c'est une ignorance de soi qui fait effort pour se transformer de nouveau en connaissance de soi. Mais aussi, puisque la conscience porte en elle-même la force de l'existence, être pleinement c'est avoir la force intrinsèque et intégrale de son propre être; c'est entrer en possession de toute la force de son moi et lui donner tout son emploi. Être simplement, sans posséder la force de son être ou avec une demi-force ou une force insuffisante, c'est une existence mutilée ou diminuée;

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tence. To live only as a self of body or be only by the body is to be an ephemeral creature, subject to death and desire and pain and suffering and decay and decadence. To transcend, to exceed consciousness of body, not to be held in the body or by the body, to hold the body only as an instrument, a minor outward formation of self, is a first condition of divine living. Not to be a mind subject to ignorance and restriction of consciousness, to transcend mind and handle it as an instrument, to control it as a surface formation of self, is a second condition. To be by the self and spirit, not to depend upon life, not to be identified with it, to transcend it and control and use it as an expression and instrumentation of the self, is a third condition. Even the bodily life does not possess its own full being in its own kind if the consciousness does exceed the body and feel its physical oneness with all mate existence; the vital life does not possess its own full living in own kind if the consciousness does not exceed the restricted play of an individual vitality and feel the universal life as its own and its oneness with all life. The mentality is not a full conscious existence or activity in its own kind if one does not exceed the individual mental limits and feel a oneness with universal Mind and with all minds and enjoy one's integrality of consciousness fulfilled in their wealth of difference. But one must transcend not only the individual formula but the formula of the universe, for only so can either the individual or the universal existence find its own true being and a perfect harmonisation; both are in their outer formulation incomplete terms of the Transcendence, but they are the their essence, and it is only by becoming conscious of that in their essence that individual consciousness or universal consciousness come to its own fullness and freedom of reality. Otherwise the individual may remain subject to the cosmic movement and its reactions and limitations and miss his entire spiritual freedom. He must enter into the supreme divine Reality, feel his oneness with it, live in it, be its self-creation : all his mind, life, physicality must be converted into terms of its Supernature; all his thought, feelings, actions must be determined by it and be it, its self formation. All this can become complete in him only when he has evolved out of the Ignorance into the Knowledge and through

c'est exister mais ce n'est pas la plénitude de l'être. Il est possible, certes, d'exister seulement à l'état statique, avec la force de l'être rassemblée et immobile dans le moi. Mais, même ainsi, avoir une force incomplète, c'est avoir une existence mutilée ou diminuée; la puissance du moi est le signe de la divinité du moi, — un esprit sans pouvoir n'est pas l'esprit. Mais, de même que la conscience spirituelle est intrinsèque et qu'elle existe en soi, de même aussi cette force de notre être spirituel doit être intrinsèque, automatique dans son action, exister en soi et s'accomplir spontanément. Tous les instruments dont elle se sert doivent faire partie elle-même, même les instruments extérieurs qu'elle utilise doivent devenir des parties d'elle-même et des expressions de son être. La force de l'être en action consciente, est volonté, et quelle que soit la volonté consciente de l'Esprit, sa volonté d'être et de devenir, toute l'existence doit être capable de l'accomplir harmonieusement. Toute action ou énergie d'action qui n'a pas cette souveraineté et n'est pas maîtresse du mécanisme de l'action, porte en soi, du fait de ce défaut, le signe d'une imperfection de la force d'être, d'une division ou d'une segmentation qui mutile la conscience et rend incomplète la manifestation de l'être.

Enfin, être pleinement, c'est avoir la plénitude de la joie d'être. Être, sans la joie d'être, sans une entière félicité de soi-même et de toutes choses, c'est quelque chose de neutre ou d'amoindri; c'est exister, mais ce n'est pas la plénitude de l'être. Cette félicité aussi doit être intrinsèque, automatique, exister en soi; elle ne peut dépendre de choses qui lui sont extérieures. Quel que soit l'objet de sa joie, elle en fait une partie d'elle-même, elle en a la joie comme d'une partie de son universalité. Toute absence de joie, toute peine et toute souffrance sont des signes d'imperfection, d'inachèvement; elles proviennent d'une division de l'être, d'une conscience de l'être incomplète, d'une force de l'être incomplète. Devenir complet dans l'être, dans la conscience de l'être, dans la force de l'être, dans la joie de l'être, et vivre dans cette complète intégration, c'est vivre divinement.

En outre, être pleinement c'est être universellement. Être avec les limitations imposées par un petit ego restreint, c'est exister, mais c'est une existence imparfaite; car la nature même

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the Knowledge into the supreme Consciousness and its dynamis and supreme delight of existence; but some essentiality of these things and their sufficient instrumentation can come with the first spiritual change and culminate in the life of the gnostic supernature.

         These things are impossible without an inward living; they cannot be reached by remaining in an external consciousness turned always outwards, active only or mainly on and from the surface. The individual being has to find himself, his true existence; he can only do this by going inward, by living within and from within: for the external or outer consciousness or life separated from the inner spirit is the field of the Ignorance; it can only exceed itself and exceed the Ignorance by opening into the largeness of an inner self and life. If there is a being of the transcendence in us, it must be there in our secret self; on the surface there is only an ephemeral being of nature, made by limit and circumstance. If there is a self in us capable of largeness and universality, able to enter into a cosmic consciousness, that too must be within our inner being; the outer consciousness is a physical consciousness bound to its individual limits by the triple cord of mind, life and body: any external attempt at universality can only result either in an aggrandisement of the ego or an effacement of the personality by its extinction in the mass or subjugation to the mass. It is only by an inner growth, movement, action that the individual can freely and effectively universalise and transcendentalise his being. There must be for  the divine living a transference of the centre and immediate source of dynamic effectuation of the being from out inward; for there the soul is seated, but it is veiled or half veiled and our immediate being and source of action is for the present on the surface. In men says the "Upanishad, the- Self-Existent has cut the doors of consciousness outward, but a few turn the eye inward and it is these who see and know the Spirit and develop the spiritual being. Thus to look into ourselves and see and enter into ourselves and within is the first necessity for transformation of nature and for the divine life.

        This movement of going inward and living inward is a difficult task to lay upon the normal consciousness of the human being 

de l'ego, c'est de vivre dans une conscience incomplète, une force et une joie d'existence incomplètes. C'est être moins que soi-même, et cela entraîne une inévitable sujétion à l'ignorance, à la faiblesse et la souffrance, et même si quelque divine composition de notre nature pouvait exclure ces choses, ce serait encore vivre dans un champ limité d'existence, dans une conscience limitée, une puissance et une joie limitées de l'existence. Toute l'existence est une, et être pleinement, c'est être tout ce qui est. Être dans l'être de tous et tout inclure dans son être, être conscient de la conscience de tous, intégrer sa force à la force universelle, porter en soi-même foute action et toute expérience et les sentir comme sa propre action et sa propre expérience, sentir tous les moi comme son propre moi, sentir toute joie d'être comme sa propre joie d'être, telle est la condition nécessaire d'une existence divine intégrale.

Mais pour être universellement, dans la plénitude et la liberté de son universalité, on doit être aussi transcendentalement. La plénitude spirituelle de l'être est éternité; si l'on n'a pas conscience de l'être éternel hors du temps, si l'on dépend du corps, d'un mental ou d'un vital incarnés, ou que l'on dépende de tel ou tel monde, de telle ou telle condition d'existence, on ne possède pas la réalité du moi, ni la plénitude de l'existence spirituelle. Vivre seulement comme le moi du corps ou n'être que par le corps, c'est être une créature éphémère, sujette à la mort, au désir, à la douleur et à la souffrance, à la déchéance et à la décomposition. Dépasser, transcender la conscience du corps, ne pas être enfermé dans le corps ou par le corps, ne tenir le corps que pour un instrument, une formation extérieure et mineure du moi, est la première condition pour vivre divinement. Ne pas être un mental soumis à l'ignorance et à des restrictions de la conscience, transcender le mental et le traiter comme un instrument, le maîtriser comme une formation superficielle du moi, est la seconde condition. Être par le moi et l'Esprit, ne pas dépendre de la vie, ne pas s'identifier à elle, la transcender, la maîtriser et s'en servir comme d'une expression et d'un moyen d'action du moi, est la troisième condition. La vie corporelle elle-même ne possède pas la plénitude de son être dans son propre domaine, si la conscience ne dépasse pas le corps et ne sent pas son unité physique avec toute l'existence

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yet there is no other way of self-finding. The materialistic thinker, erecting an opposition between the extrovert and the introvert, holds up the extrovert attitude for acceptance as the only safety: to go inward is to enter into darkness or emptiness or to lose the balance of the consciousness and become morbid; it is from outside that such inner life as one can construct is created, and its health is assured only by a strict reliance on its wholesome and nourishing outer sources,—the balance of the personal mind and life can only be secured by a firm support on external reality, for the material world is the sole fundamental reality. This may be true for the physical man, the born extrovert, who feels himself to be a creature of outward Nature, made by her and dependent on her, he would lose himself if he went inward: for him there is no inner being, no inner living. But the introvert of this distinction also has not the inner life; he is not a seer of the true inner self and of inner things, but the small mental man who looks superficially inside himself and sees there not his spiritual self but his life-ego, his mind-ego and becomes unhealthily preoccupied with the movements of this little pitiful dwarf creature. The idea or experience of an inner darkness when looking inwards is the first reaction of a mentality which has lived always on the surface and has no realised inner existence; it has only a constructed internal experience which depends on the outside world for the materials of its being. But to those into whose composition there has entered the power of a more inner living, the movement of going within and living within brings not a darkness or dull emptiness but an enlargement, a rush of new experience, a greater vision, a larger capacity, an extended life infinitely more real and various than the first pettiness of the life constructed for itself by our normal physical humanity, a joy of being which is larger and richer than any delight in existence that the outer vital man or the surface mental man can gain by their dynamic vital force and activity or subtlety and expansion of the mental existence. A silence, an entry into a wide or even immense or infinite emptiness is part of the inner spiritual experience; of this silence and void the physical mind has a certain fear, the small superficially active thinking or vital mind a shrinking from it or dislike,—for it confuses the silence

matérielle. La vie vitale ne possède pas la plénitude de son existence dans son propre domaine, si la conscience ne dépasse pas le jeu restreint d'une vitalité individuelle et ne sent pas la vie universelle comme sienne et son unité avec toute vie. Le mental n'a pas une existence ou une activité pleinement conscientes dans son propre domaine, si l'on ne dépasse pas les limites mentales individuelles et que l'on ne sente pas l'unité avec le mental universel et avec le mental de tous les autres et si l'on ne jouit pas de l'intégralité de sa conscience qui s'accomplit dans la richesse de leurs différences. On doit transcender non seulement la formule individuelle, mais aussi la formule de l'univers, car c'est ainsi seulement que l'existence individuelle ou l'existence universelle peut trouver son être propre véritable et une harmonisation parfaite. Dans leur formulation extérieure, toutes deux sont des termes incomplets de la Transcendance, mais elles sont Cela dans leur essence, et c'est seulement en devenant consciente de cette essence que la conscience individuelle ou la conscience universelle peut parvenir à la plénitude et à la liberté de son être réel. Sinon, l'individu peut rester soumis au mouvement cosmique, à ses réactions et à ses limitations, et passer à côté de la liberté spirituelle intégrale. Il doit entrer dans la Réalité divine suprême, sentir son unité avec elle, vivre en elle, être sa création. Tout son être mental, vital et physique doit être converti en termes de la Supranature; toutes ses pensées, tous ses sentiments, toutes ses actions doivent être déterminés par elle, être elle, formés par elle. Tout cela ne peut devenir complet en lui que quand il est sorti de l'ignorance et qu'il est entré dans la Connaissance et, par la Connaissance, dans la Conscience suprême, dans son dynamisme et sa suprême félicité d'existence. Mais l'essentiel de ces choses et des moyens d'expression suffisants peuvent déjà venir avec le premier changement spirituel et atteindre ensuite leur couronnement dans la vie de la Supranature gnostique.

Ces choses sont impossibles si l'on ne vit pas à l'intérieur, elles ne peuvent être atteintes en restant dans une conscience extérieure toujours tournée vers le dehors, active seulement ou surtout à la surface et depuis la surface. L'être individuel doit se trouver lui-même, trouver son existence véritable, et ceci

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with mental and vital incapacity and the void with cessation or nonexistence: but this silence is the silence of the spirit which is the condition of a greater knowledge, power and bliss, and this emptiness is the emptying of the cup of our natural being, a liberation of it from its turbid contents so that it may be filled with the wine of God; it is the passage not into nonexistence but to a greater existence. Even when the being turns towards cessation, it is a cessation not in non-existence but into some vast ineffable of spiritual being or the plunge into the incommunicable superconscience of the Absolute.

        In fact, this inward turning and movement is not an imprisonment in personal self, it is the first step towards a true universality; it brings to us the truth of our external as well as the truth of our internal existence. For this inner living can extend itself and embrace the universal life, it can contact, penetrate; englobe the life of all with a much greater reality and dynamic force than is in our surface consciousness at all possible. Our utmost universalisation on the surface is a poor and limping endeavour,— it is a construction, a make-believe and not the real thing: for in our surface consciousness we are bound to separation of consciousness from others and wear the fetters of the ego. There our very selflessness becomes more often than not a subtle form of selfishness or turns into a larger affirmation of our ego; content with our pose of altruism, we do not see that it is a veil for the imposition of our individual self, our ideas, our mental and vital personality, our need of ego-enlargement upon the others whom we take up into our expanded orbit. So far as we really succeed in living for others, it is done by an inner spiritual force of love and sympathy; but the power and field of effectuality of this force in us are small, the psychic .movement that prompts it is incomplete, its action often ignorant because there is contact of mind and heart but our being does not embrace the being of others as ourselves, An external unity with others must always be an outward joining and association of external lives with a minor inner result; the mind and heart attach their movements to this common life and the beings whom we meet there; but the common external life remains the foundation,—the inward constructed unity, or so much. 

n'est possible qu'en allant, au-dedans, en vivant intérieurement et de l'intérieur; car la conscience extérieure ou superficielle, c'est-à-dire la vie séparée de l'esprit intérieur, est le champ de l'ignorance, elle ne peut se dépasser elle-même et dépasser l'ignorance qu'en s'ouvrant à l'ampleur du moi intérieur et de la vie intérieure. S'il y a en nous un être de la transcendance, il doit se trouver là, dans notre moi secret, à la surface il n'y a qu'un être éphémère de la nature, tout fait de limites et de circonstances. S'il y a en nous un moi capable d'ampleur et d'universalité, capable d'entrer dans une conscience cosmique, lui aussi doit se trouver au-dedans, dans notre être intérieur. La conscience extérieure est une conscience physique liée à ses limites individuelles par la triple corde du mental, de la vie et du corps; toute tentative extérieure d'universalité ne peut avoir pour résultat qu'un agrandissement de l'ego ou un effacement de la personnalité par son extinction dans la masse ou son assujétissement à la masse. C'est seulement par une croissance intérieure, une action, un mouvement intérieurs que l'individu peut librement et effectivement universaliser et transcendentaliser son être. Pour vivre divinement, il faut que le centre et la source immédiate de la réalisation dynamique de l'être soient transférés du dehors au dedans; car c'est là le siège de l'âme, mais elle est voilée ou à demi voilée, et notre être immédiat ainsi que la source de son action sont à la surface. Chez les hommes, dit l'Oupanishad, l'Existant en Soi a taillé les portes de la conscience vers le dehors, mais un petit nombre tournent les yeux au-dedans et ce sont ceux-là qui voient et connaissent l'Esprit, et qui deviennent l'être spirituel. Ainsi, regarder en soi-même, voir et entrer en soi-même et vivre à l'intérieur, est la première nécessité pour arriver à la transformation de notre nature et à la vie divine.

Ce mouvement d'intériorisation, cette orientation intérieure de la vie, est une tâche difficile à imposer à la conscience normale de l'être humain; et pourtant il n'y a pas d'autre moyen de se trouver soi-même. Le penseur matérialiste dresse une opposition entre l'extroverti et l'introverti; il soutient que l'attitude extrovertie est la seule qui puisse être acceptée avec sécurité : aller au-dedans, c'est entrer dans les ténèbres ou le vide, ou c'est perdre l'équilibre de la conscience et devenir morbide; c'est du

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of it as can persist in -spite of mutual ignorance and discordant egoisms, conflict of minds, conflict of hearts, conflict of vital temperaments, conflict of interests, is a partial and insecure superstructure. The spiritual consciousness, the spiritual lire reverses this principle of building; it bases its action in the collective life upon an inner experience and inclusion of others in our own being, an inner sense and reality of oneness. The spiritual individual acts out of that sense of oneness which gives him immediate and direct perception of the demand of self on other self, the need of the life, the good, the work of love and sympathy that can truly be done. A realisation of spiritual unity, a dynamisation of the intimate consciousness of one-being, of one self in ail beings, can alone found and govern by its truth the action of the divine life.

(To continue)

SRI AUROBINDO

 

On prend au sérieux ce que disent ceux dont la vie est gouvernée par la raison; mais comment attacher d'importance aux décisions que croient prendre ceux qui sont le jouet du caprice des impulsions ?

LA MÈRE

 

 

One pays attention to what is said by those whose life is governed by reason; but how to attach any importance to the so-called resolutions taken by those who are a sport of the caprice of their impulses ?

THE MOTHER

dehors que se crée la seule vie intérieure qu'on puisse se construire, et on ne la maintient en bonne santé qu'en se fiant strictement à ses sources saines et nourrissantes; l'équilibre du mental et de la vie personnels ne peut être assuré qu'en s'appuyant fermement sur la réalité extérieure, car le monde matériel est la seule réalité fondamentale. Ceci peut être vrai de l'homme physique, l'extroverti-né, qui se sent une créature de la Nature extérieure. Fait par elle et dépendant d'elle, il se perdrait s'il rentrait au-dedans; pour lui il n'y a pas d'être intérieur, pas de vie à l'intérieur. Mais l'introverti, tel que le considère cette distinction matérialiste, n'a pas davantage de vie intérieure; il n'est pas le voyant du vrai moi intérieur et des choses intérieures, il est le petit bonhomme mental qui regarde superficiellement en lui-même, et ce qu'il y voit, ce n'est pas son moi spirituel, mais son ego vital, son ego mental, et il se préoccupe d'une façon malsaine des mouvements de cette pitoyable créature naine. L'idée ou l'expérience d'une obscurité intérieure quand on regarde au-dedans, est la première réaction d'une mentalité qui a toujours vécu à la surface et n'a pas réalisé d'existence intérieure; car son expérience intérieure n'est qu'une construction, et elle dépend du monde extérieur pour trouver les matériaux de son être. Mais pour ceux qui ont acquis le pouvoir d'une existence plus intérieure, le mouvement d'intériorisation et la vie au-dedans n'amènent pas l'obscurité ou un morne vide, mais un élargissement, un jaillissement d'expériences nouvelles, une vision plus vaste, une capacité plus grande, une étendue de vie infiniment plus réelle et plus variée que la première petite vie que notre humanité physique normale s'est construite à elle-même, une joie d'être plus large et plus riche que tous les délices de l'existence que l'homme vital extérieur, ou l'homme mental de surface peuvent obtenir par leur force et leur activité vitales dynamiques ou par la subtilité et l'expansion de leur vie mentale. Le silence, l'entrée dans un vide vaste, ou même immense et infini, font partie de l'expérience intérieure spirituelle. De ce silence ou de ce vide, le mental physique a une certaine peur; le petit mental pensant ou mental vital, superficiellement actif, y répugne ou les déteste, car il confond le silence avec l'incapacité mentale et vitale, et le vide avec l'extinction ou la non-existence.

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Mais ce silence est le silence de l'Esprit, et c'est la condition d'une plus grande connaissance, d'une puissance et d'une félicité plus grandes, et par ce vide, la coupe de notre être naturel se vide et se libère de son contenu bourbeux, pour pouvoir s'emplir du vin de Dieu, — ce n'est pas le passage dans la non-existence, mais à une existence plus grande. Et même quand l'être cherche l'extinction, ce n'est pas une extinction dans la non-existence, mais dans l'ineffable immensité de l'être spirituel, ou c'est une plongée dans l'incommunicable supraconscience de l'Absolu.

En fait, ce mouvement d'intériorisation n'est pas un emprisonnement dans le moi personnel; c'est le premier pas vers; une vraie universalité, il nous apporte la vérité de notre existence extérieure en même temps que la vérité de notre existence intérieure. Car cette vie intérieure peut s'étendre et embrasser la vie universelle, elle peut toucher, pénétrer, englober la vie de tous avec une réalité et une force dynamique bien plus grandes que ne le peut notre conscience de surface. L'universalisation la plus grande que nous puissions atteindre à la surface est une entreprise pauvre et boiteuse, c'est une construction, un faux-semblant et non la vraie chose, car dans notre conscience de surface, nous sommes obligatoirement séparés de la conscience des autres et nous portons les chaînes de l'ego. Là, notre désintéressement lui-1 même devient le plus souvent une forme subtile de l'égoïsme ou se change en une affirmation plus large de notre ego. Satisfaits de notre pose altruiste, nous ne voyons pas que c'est un voile pour imposer notre moi individuel, nos idées, notre personnalité mentale et vitale, notre besoin d'agrandir notre ego aux dépens des autres que nous englobons ainsi dans notre orbite élargie. Dans la mesure où nous réussissons à vivre réellement pour les autres, c'est par une force intérieure spirituelle d'amour et de sympathie que nous y parvenons; mais le pouvoir et le champ d'accomplissement de cette force en nous sont petits, le mouvement psychique qui l'inspire est incomplet, son action est souvent ignorante parce que s'il y a contact avec le mental et le cœur, notre être n'embrasse pourtant pas l'être des autres comme le sien propre. Une unité extérieure avec autrui est toujours nécessairement une rencontre du dehors et une association superficielle de vies extérieures, et elle

ne donne qu'un résultat intérieur mineur. Le mental et le cœur attachent leurs mouvements à cette vie commune et aux êtres que nous y rencontrons; mais c'est la vie commune extérieure qui reste le fondement, l'unité construite intérieurement, — ou ce qui peut en subsister en dépit de l'ignorance mutuelle et des égoïsmes discordants, du conflit des pensées, du conflit des cœurs, du conflit des tempéraments vitaux, du conflit des intérêts, — n'est qu'une superstructure partielle et incertaine. La conscience spirituelle, la vie spirituelle, renverse ce principe de construction, c'est sur une expérience intérieure qu'elle fonde son action dans la vie collective, sur une inclusion des autres dans notre propre être, sur un sens intérieur de l'unité, une unité intérieure réelle. L'individu spirituel agit avec un sens de l'unité qui lui donne une perception directe et immédiate de ce que le moi attend des autres moi, des besoins de la vie, du bien, de l'œuvre d'amour et de sympathie qui peuvent vraiment être faits. Une réalisation de l'unité spirituelle, une dynamisation de la conscience intime de l'être unique, du moi unique dans tous les êtres, peut seule, par sa vérité, fonder et gouverner l'action de la vie divine.

(à suivre)

SRI AUROBINDO

 

 

 

 

 

 

 

Top

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Entretiens

 

"Pourquoi Dieu martèle-t-il son monde avec tant d'acharnement, pourquoi le piétiner et le pétrir comme de la pâte, pourquoi le jeter si souvent dans un bain de sang et dans l'embrasement infernal de la fournaise ? Parce que l'humanité, dans son ensemble, est encore un vil, grossier et dur minerai qui autrement ne se laisserait jamais fondre ni modeler.”

(Sri Aurobindo, Aperçus et Pensées)

 

EN fin de compte, tout le problème est de savoir si l'humanité a atteint cet état d'or pur qui rendra mutiles les procédés de violence et de destruction.  

De toute évidence il n'en est rien et l'homme est encore attaché à toutes les manières d'être et d'agir qui rendent ces procédés nécessaires et même inévitables. C'est cela qui est cause du malaise général dont tous les pays souffrent en ce moment et de cette atmosphère de guerre qui plane encore sur la terre.

Cependant, si l'humanité n'est pas arrivée à l'état de métal pur, quelque chose s'est produit dans l'histoire du monde qui permet d'espérer qu'une sélection dans cette humanité, un petit nombre d'êtres, est prêt à être transmué en or pur et qu'alors, ceux-là seront capables de manifester la force sans violence, l'héroïsme sans destruction, et le courage sans catastrophe.

Plus loin, Sri Aurobindo nous apporte la solution du problème. "Si seulement l'homme consentait à être spiritualisé !" dit-il. Consentait ! Quelque chose en lui demande, aspire, mais tout le reste refuse et veut continuer à être ce qu'il est : un minerai J mélangé qui a besoin d'être jeté dans la fournaise. '

Nous sommes en ce moment, encore une fois, à un tournant décisif de l'histoire terrestre. De nombreux côtés on me demande;

Questions and Answers

       

"Wherefore God hammers so fiercely at his world, tramples and  kneads it like dough, casts it so often into the blood-bath and the red  hell-heat of the furnace? Because humanity in the mass is still a  hard, crude and vile ore which will not otherwise be smelted and
shaped..."

Sri Aurobindo — Thoughts and Glimpses

       

AFTER all, the whole problem is to know whether humanity  has reached that state of pure gold in which the ways of violence and destruction will be rendered unnecessary.

        Evidently there is nothing of the kind and man is still attached to all the ways of being and acting which make such processes necessary and even inevitable. That is the cause of the general distemper from which all countries suffer today and of that war atmosphere which yet hangs upon the earth.

        However, if humanity has not reached the state of pure metal, something has happened in the history of the world which gives us the hope that a selected portion of this humanity, a small number of beings is ready to be transmuted into pure gold and that they will then be able to manifest force without violence, heroism without destruction and courage without catastrophe.

        Further on, Sri Aurobindo gives us the solution of the problem. "If man could once consent to be spiritualised !" he says. Could consent! Something in him demands, aspires, but all the rest refuses and continues to be what it is : a mixed more that requires to be cast into the furnace.

        Once more we are at this moment at a decisive turn in the history of the earth. I am being asked from many sides : "What  

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"Que va-t-il se passer ?"Partout il y a une angoisse, une attente une peur. "Que va-t-il se passer ?"

Il n'y a qu'une seule réponse : si seulement l'humanité consentait à être spiritualisée ! Peut-être même suffirait-il que quelques individus deviennent or pur pour que leur exemple ; change le cours des événements. Mais c'est une nécessité urgente,

Alors ce courage, cet héroïsme que le Divin veut de nous, pourquoi ne pas s'en servir pour lutter contre ses propres difficultés, ses propres imperfections, ses propres obscurités ? Pourquoi ne pas faire face héroïquement à la fournaise de purification intérieure afin qu'il ne soit pas nécessaire de passer, une fois de plus, par une de ces destructions formidables, titanesques qui balaient toute une civilisation ?

Voilà le problème qui est devant nous. A chacun de le résoudre à sa manière.  

Je réponds, ce soir, aux questions qui m'ont été posées,  et ma réponse est celle de Sri Aurobindo : "Si seulement l'homme  consentait à être spiritualisé !"

Et j'ajoute : le temps presse—au point de vue humain.

 

* *

Doit-on poser des questions qui ne sont pas spontanées, des questions que Von cherche ?

 

Tout dépend de ce que l'on trouve. Ce n'est pas parce qu'on fait un effort pour trouver une question qu'elle doit nécessairement être sans intérêt.

En fait, si on lisait attentivement ce que Sri Aurobindo a écrit, tout ce qu'il a écrit, on aurait la réponse à toutes les questions. Il est vrai cependant qu'à certains moments, certaines formulations d'idées ont un effet dynamique sur la conscience et  aident à faire un progrès spirituel. Pour être efficace, la formulation doit être l'expression immédiate et spontanée d'une expérience. Si l'on répète de la même manière, des choses qui ont

is going to happen ?" Everywhere there is an anguish, an awaiting, a fear. "What is going to happen ?

        There is but one answer : "if man could once consent to be spiritualised!" Perhaps it will be sufficient if just a few individuals became the pure gold so that their example would change the course of events. But, this is an urgent necessity.        

Then this courage, this heroism that the Divine requires of us, why not make use of that in order to fight against one's own difficulties and imperfections and obscurities ? Why not face heroically the furnace of inner purification so that it will not be necessary once again to pass through one of those formidable titanic destructions that sweeps away a whole civilisation ?

        That is the problem before us. Everyone of us is to solve it in his own way.

        This evening I am answering to the questions put to me and my answer is the same as Sri Aurobindo's : "If humanity could once consent to be spiritualised !"

        And I add : The time is pressing—from the human point of view.

 

  *  *

         Should one put questions that are not spontaneous, questions me has to search for ?

 

All depends on what you find. Simply because you have made an effort to find your question, it does not become necessarily without interest

 Indeed if one reads attentively what' Sri Aurobindo has written, all that he has written, one would get the answer to all questions. Still it is true that at certain moments certain formulations of ideas have a dynamic effect on the consciousness and help it to make spiritual progress. The formulation, if it is to be effective, must be the immediate and spontaneous expression of an experience. If you repeat in the same way things that have  

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déjà été dites et qui appartiennent à des expériences du passé, cela devient ce que l'on pourrait appeler un bavardage didactique, Cela fait fonctionner quelques cellules du cerveau, mais en fait ce n'est pas très utile.

Pour moi, pour ce que j'essaie de faire, l'action dans le silence est toujours beaucoup plus importante. La force qui travaille n'est alors pas limitée par des mots, ce qui lui donne infiniment plus de puissance, en outre elle s'exprime dans chaque conscience selon le mode propre à cette conscience, ce qui lui donne infiniment plus d'efficacité.

Une certaine vibration est émise dans le silence, dans un but spécial, pour obtenir un résultat défini, mais selon la réceptivité mentale de chacun, elle se traduit dans chaque conscience individuelle exactement sous la forme qui peut être la plus efficace, la plus active, la plus immédiatement utile. Tandis que si l'on formule avec des mots, cette formule doit être reçue par chacun dans sa fixité, ce qui lui fait perdre de sa puissance et de sa richesse d'action, d'abord parce que les mots ne sont pas toujours compris comme ils sont dits, ensuite parce qu'ils ne sont pas toujours adaptés à la capacité de compréhension de chacun.

Donc, à moins qu'une question ne produise tout d'un coup une expérience qui puisse s'exprimer sous une forme nouvelle, à mon avis, il vaut toujours mieux se taire. Et seule une question vivante peut susciter une expérience qui donnera lieu à un enseignement vivant, c'est-à-dire une question qui réponde à un besoin intérieur, un besoin spontané de faire un progrès sur un plan ou sur un autre, le plan mental généralement. Si le mouvement correspond à une aspiration intérieure, à un problème que l'on s'est posé et que l'on veut résoudre, alors la question devient intéressante, vivante et vraiment utile, elle peut donner lieu à une vision, une perception sur un plan supérieur, à une expérience de la conscience, de sorte que la formulation peut être nouvelle et apporter une puissance nouvelle de réalisation.

En dehors de ces cas-là, j'ai toujours l'impression qu'il vaut mieux ne rien dire et que quelques minutes de méditation sont plus utiles.

already been said and belong to the experiences in the past, it becomes what might be called a didactic talking. That sets in movement some brain cells, but in reality it is not of much use.

As for me, in view of what I try to do, action in silence is always much more important. The force that works is then not limited by the words, and that gives it infinitely more power; besides it is expressed in each consciousness according to its own mode and that makes it infinitely more effective.

 A certain vibration is given out in the silence with a special end in view, to obtain a particular result, but in each consciousness, according to the mental receptivity of each one, it translates itself exactly in the form  is most effective, most active and most immediately useful. On the other hand, if it is formulated in words, this formula must be received by everyone in a fixed form and that takes away its power and richness of action, first because words are not always understood as they are said, and next because they are not always suited to each one's capacity of understanding.

        Therefore, unless a question induces at once an experience which can be expressed in a new form, it would be better, I think, to keep silent. A living question alone can evoke an experience that will be the occasion of a living teaching, that is to say, a question that answers to an inner need, a spontaneous need for progress on one level or another, generally it is the mental level. If the movement corresponds to an inner experience, a problem which one has put to oneself and wishes to solve it, then the question becomes interesting, living and truly useful, it can call forth a vision, a perception on a higher plane, an experience of consciousness so that the formulation may be new and bring a new power of realisation.     

    Apart from such cases, I have always the impression that it is better to say nothing and that a few minutes' meditation is always more useful.

         The reading that I do before meditation is for the purpose of canalising the thought, direct it or fix it on a special problem or a set of ideas or to give it the possibility of a new understanding.  

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La lecture que je fais avant notre méditation a pour but de canaliser la pensée, de l'orienter, de la fixer sur un problème spécial, ou un ensemble d'idées, ou de lui donner une possibilité de compréhension nouvelle. En fait, c'est presque comme un sujet de méditation pour le silence qui suit la lecture,

 

Pour recevoir dans ce silence sur quelle partie de l'être doit-on se concentrer ?

 

Quand on médite — nous employons le mot méditer, mais cela ne veut pas dire nécessairement remuer des idées dans sa tête, au contraire— il vaut toujours mieux tâcher de se concentrer dans un centre, de préférence le centre de l'aspiration, le lieu où brûle la flamme, ramener toutes les énergies là, dans centre du plexus solaire, et si possible  obtenir un silence attentif comme si l'on voulait écouter quelque chose d'extrêmement subtil, quelque chose qui nécessite une attention complète, concentration complète et une silence total, et puis ne plus bouger. Ne plus penser, ne plus bouger, faire ce mouvement d'ouverture de façon à recevoir tout ce qui peut être reçu, mais en prenant bien soin de ne pas essayer de savoir ce qui se produit dans le  moment où cela se produit, parce que si l'on veut comprendre ou même observer activement, cela maintient une sorte d'activité cérébrale qui est défavorable à la plénitude de la réceptivité. Donc se taire, se taire aussi totalement que possible, dans une concentration attentive, et puis rester immobile.

Si l'on y réussit, alors quand tout est fini, quand on est sorti de la méditation, quelque temps après — généralement pas immédiatement—surgit du dedans de l'être, quelque chose de nouveau dans la conscience : une compréhension nouvelle, une appréciation nouvelle des choses, une nouvelle attitude dans la vie— en somme une nouvelle manière d'être. Cela peut être fugitif, mais néanmoins, quelque chose a avancé d'un pas sur le chemin de la compréhension ou de la transformation. Cela peut être une illumination, une compréhension plus vraie ou

Indeed, it serves as the subject for meditation.in the silence that follows the reading.

       

In order to receive in this silence, on which part of the being should one concentrate ?

 

When you meditate—we use the word "meditate", but it does not mean turning up thoughts in the head, on the contrary —it is always better to concentrate in one centre, preferably the centre of aspiration, the place where the flame burns, bring all the energies there, in the centre of the solar plexus, and if possible secure an attentive silence as if you wanted to listen to something extremely subtle, something that needs an entire attention, a complete concentration and a total Silence, and then move no more. No more thinking, no more moving but laying yourself open so as to receive all that can be received, taking care at the same time not to try to know what is happening at the moment when it is happening, for if you want to understand or even to observe actively, that keeps on a kind of cerebral activity which is unfavourable to the fullness of the receptivity. Therefore keep silent, as completely silent as possible, in an attentive concentration and then remain immobile.

        If you succeed in that, then when all is done, when you have come out of the meditation, some time after, usually it does not happen immediately, something within the being emerges, something new in the consciousness, a new understanding, a new appreciation of things, a new attitude in life, in short, a new way of being. It may be transient, but still something has advanced one step forward on the way to understanding and transformation. That may be an illumination, an understanding, more true or nearer the truth or a power of transformation which gives you a psychological progress or even a growth of consciousness, a greater mastery over the movements and activities of the being.

And these results are never immediate. As I told you just now, if you try to get them immediately, you keep yourself in a state of activity that is quite contrary to true receptivity.  

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plus proche de la vérité, ou un pouvoir de transformation qui vous fait faire un progrès psychologique, ou bien encore un accroissement de conscience, une maîtrise plus grande sur les mouvements et les activités de l'être.

Et ces résultats-là ne sont jamais immédiats. Comme je le disais tout à l'heure, si l'on essaie de les obtenir immédiatement, on se maintient dans un état d'activité tout à fait contraire à la vraie réceptivité.

Il faut être aussi neutre, aussi immobile, aussi passif que possible, avec un arrière plan d'aspiration silencieuse, pas formulée avec des mots, ni des idées, ni même des sentiments; quelque chose qui attend dans une vibration ardente mais qui ne se formule pas, et surtout qui n'essaie pas de comprendre.

Au début, naturellement, on ne parvient à cet état ni facilement ni rapidement. Il faut lentement calmer son esprit, rassembler les fils de sa conscience, se concentrer, on perd les trois-quarts du temps à se préparer. Mais avec un peu de pratique on y arrive à volonté, en quelques secondes.

Il existe bien entendu des états plus avancés, plus proches encore de la perfection, mais ceux-là viennent plus tard. Si déjà on obtient ce silence attentif, on profite pleinement de la méditation.

 

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Qu'entend Sri Aurobindo par la perfection d'en haut et la perfection d'en bas?

(Sri Aurobindo, 'La manifestation supramentale.)

 

La perfection d'en haut, c'est la perfection spirituelle, c'est l'union intégrale, l'identification avec le Divin, la libération de toutes les limites du monde inférieur. C'est la perfection dans le yoga, une perfection tout à fait indépendante du corps et du monde physique et qui, dans l'ancien temps, consistait essentiellement à rejeter le corps et la vie physique pour n'avoir plus de relation qu'avec le monde supérieur et finalement le Divin.

You must be as neutral, as immobile, as passive as possible,  with a background of silent aspiration, not formulated in words  or ideas or even in feeling, something that awaits in an ardent vibration, but which is not formulated and, above all, which does try to understand.

 In the beginning, naturally, you do not reach this state easily  or quickly. You must slowly calm your mind, bring together the  threads of your consciousness and concentrate; you lose three- fourth of the time to prepare yourself. But with a little practice  you can  get it at will in a few seconds.

Certainly there exist more advanced states, that are still nearer to perfection, but these come later on. If this attentive silence has been obtained you have fully profited by your meditation.

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What does Sri Aurobindo mean by "perfection from above” "perfection from below” ?

Sri Aurobindo—The Supramental Manifestation.

 

The perfection from above is the spiritual perfection, the Integral union, the identification with the Divine, the liberation from all limitations of the lower world. It is the perfection in Yoga, a perfection wholly independent of the body and the physical world and which, in ancient times, consisted essentially in rejecting the body and physical life in order to have relations with nothing else than the higher world and finally the Divine alone.

The perfection from below means to get from the human being in its present form and in its body, in its relation with all things of the earth the maximum of which it is capable. That is the case with all great geniuses : the artistic genius, the literary genius, great organisers, great rulers, all those who, in one domain or another, have pushed human development to the utmost 1 mit of its possibilities.  

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La perfection d'en bas, c'est obtenir de l'être humain dans sa forme actuelle et dans son corps, dans sa relation avec toutes les choses terrestres, le maximum de ce qu'il peut faire. C'est le cas de tous les grands génies : les génies artistiques, les génies littéraires, les grands organisateurs, les grands gouvernants, tous ceux qui, dans un domaine ou dans un autre, ont poussé le développement humain jusqu'au maximum de ses possibilités.

Donc à tous les points de vue — au point de vue de la force et des qualités physiques, au point de vue de la réalisation intellectuelle, au point de vue de l'énergie et du courage, du désintéresse ment, de la bonté, de la charité etc. — toutes les qualités humaines portées à leur plus haut point, c'est la perfection d'en bas.

La perfection d'en haut est spirituelle et extra-humaine, La perfection d'en bas, c'est la perfection humaine à son apogée; une perfection qui du reste peut être absolument indépendante de toute vie spirituelle, de toute aspiration spirituelle. On peut être un génie sans avoir aucune aspiration spirituelle. On peut  avoir toutes les qualités morales les plus extraordinaires sans avoir aucune vie spirituelle. Et même généralement, ceux qui ont un grand pouvoir de réalisation humaine sont satisfaits, plus ou moins, de leur condition. Ils ont l'impression qu'ils se suffisent à eux-mêmes, qu'ils portent en eux la source de leur réalisation et de leur joie, et le plus souvent il est très difficile de leur faire comprendre, et sentir, qu'ils ne sont pas les créateurs de leurs propres créations. Essayez de leur dire : "Ce n'est pas vous qui êtes le créateur de cette œuvre que vous accomplissez, c'est une force qui vous est supérieure et vous n'êtes que son instrument." Eh bien, à part de très rares exceptions, vous pouvez être sûr qu'ils trouveront la plaisanterie de fort mauvais goût et qu'ils vous enverront promener ! Ainsi nous sommes vraiment en présence" de deux perfections qui, dans la vie ordinaire, vont en divergeant.

On disait, dans l'ancien yoga, que la première condition pour s'engager dans la voie spirituelle était d'être dégoûté de la vie. Mais ceux qui ont réalisé cette perfection humaine sont très rarement dégoûtés de la vie, à moins qu'ils n'aient rencontré des difficultés personnelles, l'ingratitude, l'incompréhension de

From all points of view from the point of view of strength and physical qualities, from the point of view of intellectual achievements, from the point of view of energy and courage, un- selfishness and kindness and charity, all human qualities carried to their highest point, that is perfection from below.

The perfection from above is spiritual and ultra-human. The perfection from below is human perfection at its climax, a perfection which, besides, can be absolutely independent of all spiritual life and spiritual aspiration. You can be a genius without having any spiritual aspiration. You can have the most extra- ordinary moral qualities without having any spiritual life. And even, generally, those who have a great power for human achievement are satisfied more or less with their condition. They have the impression that they are sufficient in themselves, they carry in themselves the source of their achievement and their delight, and most often it is very difficult to make them understand and feel that they are not the creators of their own creations. Try to tell them : "It is not you who are the creators of the work you have done, but a force higher than you, and you are only its instrument", well, apart from a few rare exceptions, you may be sure that they will find the joke to be in very bad taste and turn you out ! We are thus truly in the presence of two perfections which in ordinary life go in divergent ways.

It was said in the ancient yoga that the first condition for entry into the spiritual way is to be disgusted with life. But men who have achieved this human perfection are rarely disgusted with life, unless they have encountered personal difficulties, in-gratitude and non-understanding of their genius. Otherwise, so long as they are in their period of success and creation, they are perfectly satisfied. Then, as they are satisfied, satisfied with themselves above all, they feel no need to look for anything else,

This is not always true but it is how things happen generally; and unless there is in these men of genius a perfectly self- conscious soul which has come to do a definite work upon the earth, they may very well take birth grow and die without knowing anything else than the terrestrial life. And above all it is this  

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leur génie etc. Sinon, tant qu'ils sont dans la période de succès et de création, ils sont parfaitement satisfaits. Alors, comme ils sont satisfaits, satisfaits d'eux-mêmes surtout, ils n'éprouvent aucun besoin de chercher autre chose.

Ceci n'est pas toujours vrai, mais c'est généralement comme cela que les choses se passent et à moins qu'il n'y ait, dans ces êtres de génie, une âme parfaitement consciente d'elle-même et venue pour accomplir une œuvre précise sur la terre, ils peuvent très bien naître, se développer et mourir sans savoir qu'il y a autre chose qu'une vie terrestre. Et c'est surtout cette satisfaction que donne le sentiment d'être arrivé à un maximum de réalisation qui les empêche d'avoir besoin d'autre chose. S'ils ont une âme pleinement consciente d'elle-même, pleinement consciente de sa raison d'être dans le monde physique, il peut y avoir une vague impression que tout cela est assez creux, que toutes ces réalisations sont un peu trop superficielles et qu'il y manque quelque chose d'autre. Mais ce sont les êtres prédestinés qui ont cela, et au fond, dans l'ensemble de l'humanité, ils ne sont pas très nombreux. Eux seuls peuvent joindre ces deux perfections et réaliser quelque chose d'intégral.

Cependant c'est assez "rare. Les grandes sommités spirituelles ont très rarement été des grands réalisateurs dans le monde physique. C'est arrivé mais c'est très rare. Naturellement, ceux qui étaient des incarnations conscientes du Divin portaient en eux la possibilité des deux perfections, mais ce sont des cas tout à fait exceptionnels. Autrement, les êtres qui ont eu une vie spirituelle, une grande réalisation spirituelle ont pu avoir, à certaines minutes d'exception, une capacité de réalisation extérieure elle aussi exceptionnelle, mais c'était intermittent et jamais avec l'intégralité, la totalité, la  perfection de ceux qui "se sont exclusivement concentrés sur la I réalisation matérielle. Et c'est la raison pour laquelle ceux qui vivent exclusivement dans la conscience extérieure, pour lesquels; seule existe la vie terrestre matérielle, ce qui est concret, tangible,  perceptible à tous, ceux-là ont toujours l'impression que la vie spirituelle est quelque chose, oui, de fumeux, de presque! médiocre matériellement.

satisfaction given by the feeling- of having reached the maximum of achievement that prevents them from needing anything else. If they do possess a fully self-conscious soul, fully aware of the reason for their existence in the physical world, they might have a vague impression that all these things are rather hollow, and all these achievements are a little too superficial and that something else is missing. But it is only the predestined beings that have that, and in reality in all mankind they are not very many. They alone can unite the two perfections and achieve something integral.

Yet this too is rather rare. They that have reached the summits of spirituality are rarely those that have achieved most in the physical world. This has happened, but it is not at all frequent. Naturally, the conscious incarnations of the Divine carried the possibility of both the perfections in them, but these are quite exceptional cases. Otherwise, those who have had a spiritual life, a great spiritual realisation might also have, at certain exceptional moments, a capacity of outer realisation which is also exceptional, but it was intermittent and had not the integrality, the totality, the perfection of those who were exclusively concentrated on material realisation. That is the reason why those who live exclusively in the outer consciousness, for whom only the material earthly life exists, that which is concrete, tangible, perceptible for all, always feel that spiritual life is something—yes, misty, materially almost mediocre.

I have met some people who wanted to prove that spiritual powers give a great capacity for external achievement; they tried in their exceptional spiritual state to do painting or music or write poetry. Well, all that they produced was quite second- rate and could not be compared at all to the works of the great geniuses who mastered the material nature, "this naturally was giving a handle to the materialist just to say : "you see, your pretended power is nothing at all". But the reason is that externally they were but ordinary men. For, even if the greatest spiritual power entered into a matter that is untrained, there would be a work evidently much higher than what it would have been without that power, but would be yet much inferior to  

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J'ai rencontré un certain nombre de gens qui avaient voulu démontrer que les pouvoirs spirituels donnent une grande capacité de réalisation extérieure et qui avaient essayé, dans des états spirituels exceptionnels, de faire de la peinture, de la musique, d'écrire de la poésie. Eh bien, tout ce qu'ils produisaient était tout à fait de second ordre et ne pouvait en rien  se comparer aux œuvres des grands génies qui ont maîtrisé la nature matérielle ; ce qui, naturellement, donnait beau jeu aux matérialistes pour dire : "Vous voyez, votre prétendu pouvoir n'est rien du tout." Mais c'est qu'extérieurement ils étaient des hommes ordinaires. Parce que si le pouvoir spirituel, même le plus grand, entre dans une matière qui n'est pas éduquée, il obtiendra une œuvre évidemment très supérieure à ce qu'elle aurait été sans lui, mais très inférieure cependant à ce que peut faire un génie qui a maîtrisé la matière. Il ne suffit pas que souffle l'Esprit, il faut encore que l'instrument soit capable de le manifester.

Prenez, par contre, un grand artiste, un musicien, un poète qui a pleinement maîtrisé son art et atteint, dans son domaine, au plus haut des possibilités humaines, si à cela vous ajoutez une conscience spirituelle, la force supramentale, alors vous aurez  quelque chose de vraiment divin.

Et c'est la clef de l'effort que Sri Aurobindo attend de nous, sa raison d'être. Parce que si vous tirez de votre corps toutes les possibilités qu'il contient, si vous l'éduquez par les méthodes normales connues, scientifiques, que vous fassiez de lui un instrument aussi parfait que possible, quand la vérité supramentale se manifestera dans ce corps-là, ce sera tout de suite, sans que des siècles de préparation soient nécessaires, un instrument merveilleux d'expression pour l'Esprit.

Et c'est pourquoi" Sri Aurobindo a toujours dit et répété: "Travaillez des deux bouts, ne lâchez pas l'un pour l'autre."

Certainement, si vous voulez avoir une conscience divine, il ne faut pas lâcher l'aspiration spirituelle; mais si vous voulez devenir un être divin intégral sur la terre, ayez bien soin de ne pas lâcher l'autre bout, et faites de votre corps le meilleur instrument possible.

what a genius having mastery over matter can do. The breath of the Spirit alone is not sufficient, the instrument also must be able to manifest it.

Take, on the other hand, a great artist, a musician, or a poet o has fully mastered his art and attained in his domain the hest human possibility, if to that is added a spiritual consciousness, the supramental force, then you will have something truly divine.

And this is the key to the endeavour which Sri Aurobindo expects of us, the reason for its existence. For if you draw from your body all the possibilities it contains, if you train it by known normal scientific methods, make of it an instrument as perfect possible, when the supramental truth manifests in that body, it will become forthwith without the necessity of centuries of preparation a marvellous instrument of expression for the Spirit.

That is why Sri Aurobindo has always said and repeated : work from both the ends, do not leave one for the other".

Certainly, if you want to have a divine consciousness, you must not give up the spiritual aspiration; but if you want to become an integral divine being upon the earth, take great care not to give up the other end, but make of your body the best possible instrument.

It is a malady of the ordinary human intelligence which comes necessarily from separation, from division, that things must be either this or that. If you choose this, you turn your back on that; if you choose that, you turn your back on this.

This is a poor thing. You must know how to take all, combine all, synthesise all. Then you have an integral realisation.  

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C'est une maladie de' l'intelligence humaine ordinaire, qui vient d'ailleurs de la séparation, de la division, qu'il faille toujours que ce soit ceci ou cela. Si on choisit ceci, on tourne le dos à cela, si on choisit cela, on tourne le dos à ceci.

C'est une pauvreté. Il faut savoir tout prendre, tout combiner, tout synthétiser. Alors, on a une réalisation intégrale.

 

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"Ce serait une grande chose si toutes ces vues de Dieu pouvaient s'embrasser et se fondre l'une dans l'autre, mais les dogmes intellectuels et les égoïsmes cultuels barrent le. chemin.”

 (Sri Aurobindo, Aperçus et pensées.)

 

Comment pourrait-on fondre toutes ces vues différentes ?

 

Ce n'est pas dans la conscience mentale que les choses peuvent s'harmoniser et se synthétiser. Il faut s'élever au-delà et trouver l'idée derrière la pensée. Si au lieu de ne voir, des grandes religions humaines, que les formes extérieures qui sont des dogmes et des conceptions intellectuelles, on les prend dans leur esprit, dans le principe qu'elles représentent, il n'y a aucun obstacle à les unifier. Ce sont tout simplement des aspects du progrès humain qui se complètent parfaitement bien et qui devraient s'unir à beaucoup d'autres encore pour former un progrès plus total, plus complet, une compréhension plus parfaite de la vie, une approche plus intégrale du Divin. Et même cette unification, qui déjà nécessite un retour vers l'esprit derrière les choses, ne suffit pas. Il faut y ajouter une vision de l'avenir, du but vers lequel tend l'humanité, de la réalisation future du monde, de cette dernière révolution spirituelle dont parle ici Sri Aurobindo, celle qui ouvrira l'ère nouvelle, c'est-à-dire la révolution supramentale.

Dans la conscience supramentale, toutes ces choses ne sont plus ni contradictoires ni exclusives. Elles deviennent toutes complémentaires. C'est la forme mentale qui divise. Ce qu'une forme mentale représente doit s'unir à ce que toutes les autres

    "A great thing would be done if all these God-visions could

embrace and cast themselves into each other ; but intellectual

dogm x and cult-egoism stand in the way.”

Sri Aurobindo—Thoughts and Glimpses.

How could all these different views embrace and cast them- selves into each other ?

 

It is not in the mental consciousness that the things can be harmonised and synthesised. One must rise above and find the idea behind the thought. If instead of looking only at the external forms of the great religions of humanity, the dogmas and intellectual conceptions, one took them in their spirit, in the principle which they represent, there would be no difficulty in unifying them. They are all but aspects of man's progress that complement each other quite well and should also unite with yet many others to form a more total and complete progress, a more perfect understanding of life, a more integral approach to the Divine. Even this unification which by itself demands a return to the spirit behind things is not sufficient. One must add to it a vision of the future, of the goal towards which humanity is moving, of the future realisation of the world, the last spiritual revolution of which Sri Aurobindo speaks here, that which will open the New Age, that is to say, the supramental revolution.

In the supramental consciousness all these things are neither contradictory nor exclusive any longer. They become entirely complementaries. It is the mental form that divides. What one mental form represents must unite with what all other mental forms represent in order to make a harmonious whole. And that is the essential difference between religion and the true spiritual life. Religion exists almost exclusively in its form, its cult, a certain set of ideas and it becomes great only through the spirituality of a few exceptional individuals; while true spiritual life, particularly what the supramental realisation will be is in- dependent of all precise intellectual forms, of all forms of life that are limited. It embraces all possibilities and all manifestations, and in the matter of expression, it is the vehicle of the highest and the most universal truth

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formes mentales représentent pour former un tout harmonieux. Et c'est cela la différence essentielle entre une religion et la vraie vie spirituelle. La religion existe presque exclusivement dans sa forme, dans son culte, dans un certain ensemble d'idées et elle ne devient grande que par la spiritualité de quelques individus exceptionnels, tandis que la vie spirituelle vraie, et surtout ce que sera la réalisation supramentale, est indépendante de toute forme intellectuelle précise, de toute forme de vie limitée. Elle embrasse toutes les possibilités et toutes les manifestations et en fait l'expression, le véhicule d'une vérité plus haute et plus universelle.

Une religion nouvelle serait une chose non seulement inutile, mais néfaste. C'est une vie nouvelle qui doit être créée; c'est une conscience nouvelle qui doit être exprimée; c'est quelque chose qui est au-delà des limites intellectuelles et des formules mentales. C'est une vérité vivante qui doit se manifester.

Il faut que toute chose, dans son essence et sa vérité, puisse être contenue dans cette réalisation. Il faut que celle-ci soit une expression aussi totale, aussi complète, aussi universelle que possible de la réalité divine. Cela seul peut sauver l'humanité et le monde. C'est cela la grande révolution spirituelle dont parle Sri Aurobindo, et c'est cela qu'il a voulu que nous réalisions.

 

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"La liberté est la loi de l'être dans son Unité inimitable, le maître secret de la nature tout entière. La servitude est la loi de l'amour dans l'être qui se donne volontairement pour servir le jeu de ses autres à "moi" dans la multiplicité."

(Sri Aurobindo, Aperçus et pensées.)

Comment est-il possible d'être à la fois dans la liberté et la servitude ?

 

Pour un regard superficiel, liberté et servitude semblent absolument contradictoires et incompatibles. Cependant, il y g une attitude qui concilie ces deux opposés apparents et qui

A new religion would not only be useless but harmful. A new life has to be created, a new consciousness has to be expressed, something which is beyond intellectual limitations and mental formulas. It is a living truth that has to manifest.

And in this realisation everything in its essence and in its truth has to be included. It must be an expression of the divine reality as total, as complete, as universal as possible. That alone in save humanity and. the world. That is the great spiritual revolution of which Sri Aurobindo speaks, and it is that which he wanted us to realise.

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"Freedom is the law of being in its illimitable unity, secret master of all Nature : servitude is the law of love in the being voluntarily giving itself to serve the play of its other selves in the multiplicity.

" Sri Aurobindo—Thoughts and Glimpses.

How is it possible at the same time to be in freedom and in servitude?

 

To a superficial view, freedom and servitude seem absolutely contradictory and incompatible. Yet there is an attitude which reconciles the two opposites and makes of them one of the happiest states of material existence.

Freedom is a kind of instinctive need, a necessity for the integral growth of the being. In essence, it is the perfect realisation of the highest consciousness, it is the expression of union, of unity with the Divine, it is the very meaning of the origin and the fulfilment. But because this unity is manifested in the multiplicity, something was needed to serve as the link between the origin and the manifestation. Could a more perfect link be conceived than love ? And what is the first gesture of love ? To give oneself, to serve. What is its spontaneous, immediate and inevitable movement? To serve, to serve in a joyous total self-giving.

We see then that in their purity and truth, perfect freedom and service far from being contradictories are complementaries.  

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fait l'un des états les plus heureux de l'existence matérielle,

La liberté est une sorte de besoin instinctif, une nécessité pour le développement intégral de l'être. Dans son essence, c'est une réalisation parfaite de la conscience la plus haute, c'est l'expression de l'union, de l'unité avec le Divin, c'est le sens même de l'origine et de l'accomplissement. Mais parce que cette unité s'est manifestée dans la multiplicité, il fallait que quelque chose serve de lien entre l'origine et la manifestation. Se pouvait-il concevoir un lien plus parfait que l'amour ? Et quel est le premier geste de l'amour ? Se donner, servir. Quel est son mouvement spontané, immédiat, inévitable ? Servir, servir dans un don joyeux, total.

Nous voyons donc que dans leur pureté, dans leur vérité, liberté parfaite et service loin d'être contradictoires, sont complémentaires. C'est dans l'union parfaite avec la suprême Réalité, et en elle seule, que se trouve la liberté parfaite. Dès qu'il y a le moindre élément d'inconscience, la moindre ignorance, c'est une limitation et un esclavage. Et cette union, comment la réaliser si ce n'est par un don de soi spontané: le don de l'amour. Or nous venons de le voir, le premier geste, la première expression de l'amour, c'est servir.

Dans la Vérité, liberté parfaite et service sont donc étroitement unis. Mais ici, sur la terre, dans ce monde d'ignorance et d'inconscience, ce service qui devait être spontané, qui devait être l'expression même de l'amour, est devenu une contrainte, une servitude humiliante aux seules fins de maintenir la vie. Ce qui devait être un épanouissement et une joie est devenu une laideur, une fatigue, une obligation sordide.

Quant à ce sens, ce besoin de liberté, il s'est déformé lui aussi. Il est devenu cette soif d'indépendance qui mène tout droit à la révolte, à la séparation, à l'isolement — l'isolement qui est à l'opposé de la liberté véritable.

L'indépendance ! Je me souviens d'avoir entendu d'un vieux sage une belle réponse. Comme quelqu'un lui disait: "Je veux être indépendant! Je suis un être indépendant! Je n'existe que lorsque je suis indépendant! " — " Cela veut dire, a-t-il répondu avec un sourire, que vous ne serez jamais aimé de personne car

Perfect freedom is found in the perfect union with the supreme Reality and in that alone. As soon as there is the least inconscience, the least ignorance, it is a limitation and a slavery. And how else can this union be realised unless by a spontaneous self- giving, love's self-giving ? But we have just now seen that the first movement, the first expression of love is to serve.

In the Truth therefore perfect freedom and service are closely united. But here, upon earth, in this world of ignorance and inconscience, the service which should be spontaneous, the very expression of love has become a compulsion, a humiliating servitude for the only purpose of maintaining life. What should have been a self-opening and a delight has become something ugly, tiresome, a sordid bondage.

As for the sense, the need of freedom, that too has been deformed. It has become the thirst for independence which leads straight to revolt and separation and isolation—isolation that is the very opposite of true freedom.

Independence ! I remember I heard from an old wise man a beautiful reply. When someone told him, "I want to be independent, I am an independent being, I exist only when I am independent", he answered with a smile, "That means you will not be loved by anyone, for if someone loved you, you would immediately become dependent on this love".

That was a beautiful reply, because it is love that leads to unity and the true expression of this unity is precisely freedom. They who in the name of their right to freedom demand independence turn their back wholly upon true freedom, because in fact they deny love.

Deformation comes from compulsion; as soon as there is compulsion there is falsehood. All the movements of the inner being must be spontaneous, with the spontaneity that derives from inner agreement, from an entire and willing self-giving, from the return to the deeper truth, the reality of the being, the origin and the goal.

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 si l'on vous aime vous ' devenez immédiatement dépendant de cet amour."

C'était une belle réponse, parce que c'est l'amour qui conduit à l'unité et que l'expression vraie de cette unité c'est justement la liberté. Ceux qui, au nom de leur droit à la liberté, réclament l'indépendance, tournent le dos complètement à la vraie liberté, parce qu'en fait ils renient l'amour.

La déformation vient de la contrainte, dès qu'il y a contrainte il y a mensonge. Il faut que tous les mouvements de l'être intérieur soient des mouvements spontanés, de cette spontanéité qui provient d'un accord intérieur, d'un don de soi total et volontaire, d'un retour vers la vérité profonde, la réalité de l'être, l'origine et le but.

 

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Que veut dire :"Une victoire toujours défaite"?

(Sri Aurobindo, Aperçus et pensées.)

 

Cela veut dire que cette victoire n'est jamais définitive, jamais complète; chaque fois que l'on croit l'avoir remportée, on  s'aperçoit qu'elle n'était que partielle et fugitive. Non pas que les choses restent nécessairement telles qu'elles étaient auparavant; non, il y a quelque chose de changé; mais tout n'est pas changé et n'est pas complètement changé.

Ceci est particulièrement visible dans les conquêtes physiques, les conquêtes sur le corps. Par un labeur assidu on parvient à surmonter une faiblesse, une limitation, une mauvaise habitude et l'on croit cette victoire définitive. Au bout d'un certain temps cependant, parfois même immédiatement, on doit constater que rien n'est totalement fait, que rien n'est définitif et que ce que l'on croyait avoir accompli est à refaire. C'est qu'à dire vrai, seuls un changement total, un renversement de la conscience et l'intervention d'une force nouvelle pourront faire que les victoires soient définitives et totales,

"A victory always defeated ”—what does itmean ?

Sri Aurobindo—Thoughts and Glimpses.

 

It means that this victory is never final, never complete. Each time you believe that you have won it, you find that it is only partial and temporary. Not that things necessarily remain the same as before; no, something is changed, but all is not changed, not completely changed.

This is particularly noticeable in physical conquests, in conquests over the body. Through an assiduous labour you succeed in overcoming a weakness, a limitation, a bad habit and you believe the victory as final, but after a time, sometimes even immediately you recognise that nothing has been done entirely, that nothing is final and what you believed you have to do again. This is because the truth is that only a total change, a reversal of the consciousness, the intervention of a new force can make the victory final and total.
         In the old Chaldean tradition an image used to be given very often to the novices when they were made to put on the symbolic white robe; they were told, "Do not try to wash off the spots one by one. The whole robe must be purified". Do not try to cure your defects one by one, to overcome your weaknesses one by one; that does not take you very far. What you have to do is to change the whole consciousness, what is needed is a reversal of the consciousness, to come out of the state you are in and rise to a higher state from where you can dominate all the weaknesses you want to cure and from where you have a total view of the work to be done.

Sri Aurobindo says a little later : "things are such that nothing is done until all is done". One step forward is not sufficient, a total conversion is needed.  

How often have I heard people who are on the way telling me: "I am trying, but what is the use of that ? Each time I believe I have gained something, I find that I have to begin again". It is because they try to advance while remaining at the same place, they try to progress without changing their consciousness. The whole point of view should be shifted, the whole consdous-

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Il y avait dans la vieille tradition chaldéenne, une image que l'on donnait très souvent aux jeunes novices quand on les revêtait de la robe blanche symbolique. "N'essayez pas d'en laver les taches une par une, leur disait-on, c'est la robe tout entière qui doit être purifiée." N'essayez pas de guérir vos défauts un par un, de surmonter vos faiblesses une par une; cela ne mène pas très loin. C'est la conscience tout entière qui doit changer, c'est un renversement de la conscience qu'il faut obtenir, c'est surgir de l'état dans lequel vous êtes, à un état supérieur d'où l'on domine toutes les faiblesses que l'on veut guérir, d'où l'on a une vision d'ensemble de l'œuvre à accomplir.

Sri Aurobindo le dit un peu plus loin: les choses sont telles que rien n'est fait à moins que tout ne soit fait. Un pas en avant ne suffit pas, il faut une conversion totale.

Que de fois j'entends ceux qui sont sur le chemin me dire? "J'essaie, mais à quoi cela sert-il? Chaque fois que je crois avoir gagné quelque chose, je m'aperçois qu'il faut encore que je recommence." C'est qu'ils essaient d'avancer en restant sur place; qu'ils essaient de progresser sans changer de conscience. C'est, le point de vue tout entier qui doit être déplacé, c'est la conscience tout entière qui doit sortir de l'ornière dans laquelle elle se trouve, pour s'élever et voir toute chose d'en haut.

Alors et alors seulement, les victoires seront définitives et totales.

 

Mais comment changer de conscience ?

 

Il y a beaucoup de moyens de le faire et chacun doit employer celui qui est le plus accessible à sa nature. L'indication de ce moyen vient généralement spontanément, par quelque chose comme une expérience inattendue.  

Par exemple, on peut être dans la conscience ordinaire, conscience répandue en surface, d'une façon horizontale et travaillant sur un plan qui est en même temps une apparence des choses, des êtres, des circonstances; et puis tout d'un coup, pour une raison qui varie avec chacun, il se produit un déplacement vers le haut, et

ness must come out of the groove where it lies, in order to rise up and see things from above.

Then and then only the victories will be final and total.

 

How to change the consciousness ?

 

There are many ways to do it; each person has to use the one most suitable to his nature. The indication of the way generally comes spontaneously by something like an unexpected experience. You may be, for example, in the ordinary consciousness, the consciousness spread on the surface, horizontally, working on a plane that is at the same time an appearance of things and bangs and circumstances. Then all at once, for a reason that varies with each person, an upward displacement occurs and instead of seeing things horizontally, being on the same plane with them, suddenly you dominate them. You see them from above and in their totality instead of perceiving only the few that are immediately near. You seem to have been all on a sudden transported to the summit of a mountain; instead of seeing the details of things you see the whole, as a unity and from very high.

There are many ways of having this experience, but generally it comes as it were by chance some day.

You may have also an experience of almost the opposite kind, but which comes to the same thing. All of a sudden you plunge into a depth, you go away from things as you were aware of them; they appear to you far, superficial, indifferent. You  enter into an inner silence or an inner calm or a vision within, a more intimate perception of things and circumstances, a deep feeling. Values change. You become aware of the unity, of the profound identity of all things beneath the diversity of the appearances.

Or again, also suddenly, the sense of limitation disappears and you enter into the perception of a kind of indefinite duration which has neither beginning nor end, something which has always been and will always be.  

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au lieu de voir les choses horizontalement, d'être au même niveau, soudainement on les domine; on les voit d'en haut et dans leur ensemble au lieu de ne percevoir que le petit nombre de celles qui sont immédiatement proches. Il semble que l'on ait été soudain transporté sur le sommet d'une montagne: au lieu de voir le détail des choses, on en voit l'ensemble, comme une unité, et de très haut.

Il y a beaucoup de manières d'avoir cette expérience, mais généralement cela vous arrive comme par hasard, un jour.

On peut avoir aussi une expérience presque opposée, mais qui revient au même. Tout d'un coup on s'enfonce dans une profondeur, on s'éloigne des choses telles qu'on les percevait, elles vous paraissent lointaines, superficielles, indifférentes. On entre dans un silence intérieur, ou un calme intérieur, ou une vision interne, une perception plus intime des circonstances et des choses, un sentiment profond. Les valeurs changent. Et l'on prend conscience de cette unité, de cette identité profonde de toutes choses, sous la diversité des apparences.

Ou bien encore, soudainement aussi, le sens des limites disparaît et on entre dans la perception d'une sorte de durée indéfinie qui n'a ni commencement ni fin, quelque chose quia toujours été et qui sera toujours.

Ces expériences-là vous viennent tout d'un coup, le temps d'un éclair, une seconde, un instant de votre vie, on ne sait pour-, quoi ni comment, elles sont innombrables et varient suivant les gens. Mais c'est avec cela, une minute, une seconde de l'existence comme cela, que l'on attrape le fil conducteur.

Il faut alors se souvenir, tâcher de revivre l'expérience, aller au fond, la rappeler, aspirer, se concentrer. C'est le point de, départ.

Pour tous ceux qui sont destinés à trouver la vérité de leur être, leur être intérieur, il y a toujours au moins un moment de leur vie où ils ont l'expérience de la vraie conscience, où ils ne sont plus les mêmes. Cela peut être quand ils sont tout enfants, cela peut être seulement le temps d'un éclair, mais cela suffit. C'est l'indication la plus sûre du chemin que l'on doit prendre, et c'est la porte ouverte sur ce chemin. Il faut alors la franchir,

These experiences come to you all on a sudden in a lightning flash, for a second, for one instant in your life, you do not know why or how. They are countless and vary according to people. But it is by that one minute, one second of existence of the kind that you catch hold of the guiding string.

Then you should remember, try to relive the experience, go deep down, call it back, aspire and concentrate. That is the starting-point.

For all who are destined to find the truth of their being, their inner being, there is always at least one moment in their life when they have the experience of the true consciousness when they are no longer the same. That may come when they are quite young, that may come only as a flash, but it is sufficient. This is the surest indication of the way that one should take, this is the door that opens on the way. You must then go through and with perseverance and tireless obstinacy seek to renew the state which will lead you to something more real, something that is a greater whole.

Many ways may be indicated and have been indicated for attaining the true consciousness. But a way that you learn, a way that you read about in books or even that which is received from a teacher has not the effective value of a spontaneous experience that comes with no apparent reason, which is simply the expression of the soul's awakening, one second of contact with the psychic being that indicates to each one the best way for him, that which is most within his reach and which he must then follow with perseverance in order to reach the goal.

Some have that in the night in dream. Others on some occasion or other: something they see that awakens in them this new consciousness, something they hear or read, a beautiful music, a beautiful phrase or again there is a great intensity of concentration in an effort, it does not matter which, there are a thousand reasons and a thousand ways. Only one must be wakeful and on the watch.

Sometimes when you witness an act of heroism or generosity or greatness of soul, when you are in the presence of someone who shows some especial capacity or who acts in an exceptionally  

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et avec persévérance, une obstination à toute épreuve, chercher à renouveler un état qui mènera vers quelque chose de plus réel et de plus total.

On peut indiquer et on a toujours indiqué beaucoup de moyens pour atteindre à la vraie conscience. Mais un moyen que l'on apprend, un moyen que l'on lit dans les livres ou même que l'on reçoit d'un instructeur n'a pas la valeur efficace d'une expérience spontanée qui vient sans raison apparente et qui est tout simplement la manifestation de l'éveil de l'âme, une seconde de contact avec l'être psychique indiquant à chacun le chemin le meilleur, celui qui est le plus à sa portée et qu'il lui faudra suivre alors avec persévérance pour arriver au but.

Certains ont cela la nuit en rêve. D'autres, à une occasion quelconque: quelque chose qu'ils voient et qui éveille en eux cette conscience nouvelle, quelque chose qu'ils entendent ou qu'ils lisent: une belle musique, une belle phrase; ou bien encore une grande intensité de concentration dans un effort — n'importe, il y a mille raisons et il y a mille moyens. Il faut seulement être en éveil et observer.

Parfois aussi quand on est témoin d'un acte d'héroïsme, de générosité ou de grandeur d'âme, quand on est en présence de quelqu'un qui fait montre d'une capacité spéciale ou qui agit d'une façon exceptionnellement belle, une sorte d'enthousiasme, ou d'admiration, ou de gratitude s'éveille tout d'un coup dans l'être et ouvre la porte à un état de conscience nouveau, une lumière, une chaleur, une joie que l'on ne connaissait pas. Cela aussi c'est une façon de saisir le fil.

Mais d'abord il faut concevoir la nécessité de ce changement de conscience, adopter l'idée que c'est cela le chemin qui doit mener au but. Quand ce principe est accepté, il faut être attentif et observer. Et l'on trouve; l'on trouvera. Et une fois que l'on a trouvé, alors il faut se mettre à marcher sans hésitation.

 

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beautiful way, then a kind of enthusiasm or admiration or gratitude awakens all on a sudden in the being and opens the door to a state of new consciousness, a light, a warmth, a delight that you did not know. That also is a way of seizing the string.

But first of all you must conceive the necessity of this change of consciousness, must accept the idea that that is the way that must take to the goal. When the principle is accepted, you must be attentive and observe. And you find, you shall find. And once you have found, you have to be on the march without hesitation.

 

There are persons for whom everything seems easy, there are others who are often plunged into the worst difficulties, who fall into the greatest obscurity. Why this difference ?

 

Do not trouble yourselves with what others do, I cannot repeat it to you too often. Do not judge, do not criticise, do not compare. That is not your look out. You have been put upon earth in a physical body for a definite purpose which is to make of this body as perfect an instrument as possible, as conscious of the Divine as possible. You have been given a certain amount of substance or matter in all the domains, mental, vital and physical, adapted to what the Divine expects of you, and all the circumstances of your life are equally adapted to what the Divine expects of you. So do not say : "My life is terrible ! I have the most terrible life in the world !" for each one has the life which suits him for his total development, each one has the experiences that suit him for his total development and each one has the difficulties that suit him for his total realisation.

If you observe yourself closely you will indeed see that you carry in yourself the contrary of the virtue that you have to realise, I take virtue in its largest and highest sense. You have a special purpose, a special mission, a special realisation which is your

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Il y a des êtres pourquoi tout semble facile, et d'autres qui sont souvent plongés dans les pires difficultés, qui tombent dans de grandes obscurités. Pourquoi cette différence ?

 

Ne vous occupez pas de ce que font les autres, je ne vous le répéterai jamais assez. Ne jugez pas, ne critiquez pas, ne comparez pas, cela ne vous regarde pas. Vous avez été mis sur la terre dans un corps physique avec un but précis qui est de faire de ce corps un instrument aussi parfait que possible, aussi conscient du Divin que possible. Il vous a été donné une certaine quantité de substance, de matière dans tous les domaines, mental, vital et physique, en rapport avec ce que le Divin attend de vous, et toutes les circonstances de votre vie sont également en rapport avec ce que le Divin attend de vous. Donc ne dites pas : "Ma vie est terrible ! J'ai la vie la plus terrible du monde !" car chacun a la vie qui lui convient pour son développement total, chacun a les expériences qui lui conviennent pour son développement total, et chacun a les difficultés qui lui conviennent pour sa réalisation totale.

Si vous vous observez attentivement vous verrez en effet que l'on porte toujours en soi le contraire de la vertu que l'on doit réaliser — je prends vertu dans le sens le plus large et le plus élevé. Vous avez un but spécial, une mission spéciale, une réalisation spéciale qui vous est propre, et vous portez en vous tous les obstacles nécessaires pour que cette réalisation soit parfaite, Toujours vous trouverez qu'au-dedans de vous l'ombre et la lumière vont de pair : vous avez une capacité, vous avez aussi la négation de cette capacité. Mais si vous découvrez une ombre épaisse, profonde, soyez sûr, quelque part en vous, d'une grande lumière. A vous de savoir utiliser l'une pour réaliser l'autre,

Ne dites pas : "Je" suis comme cela, je ne peux pas être autrement !" car ce n'est pas vrai. Vous êtes comme cela parce que, justement, vous devez être le contraire. Toutes les difficultés sont là précisément pour que vous appreniez à les transformer en la vérité qu'elles cachent.

De même on peut dire que si le monde n'était pas essentiellement l'opposé de ce qu'il est devenu, il n'y aurait aucun espoir,

own, and you carry in you all the obstacles necessary-for making that realisation perfect. Always you will find that within you darkness and light go together : you have a capacity, you have also the negation of that capacity. But if you come across a deep thick shadow, be sure that somewhere in you there is a great light. It is up to you to make use of the one for realising the other.

Do not say : "I am like that and I cannot be otherwise !" For it is not true. You are like that, precisely because you have to become the contrary. All the difficulties are there exactly in order that you might learn to transform them into the truth that they hide.

In the same way one can say that if the world were not essentially the opposite of what it has become, there would be no hope. Because the pit is so dark, so deep, the inconscience so total that if it was not a sign of the possibility of a full consciousness, the thing should be given up.

Shankara said—and others with him—that the world is ' not worth living in, that you must look upon it as an illusion and leave it as soon as possible, for you can do nothing with it. I tell you on the contrary, that it is because the world is very bad, very obscure, very ugly, very unconscious, full of misery and pain that there exists in it the possibility of becoming the supreme Beauty, the supreme Light, the supreme Consciousness and the supreme Delight.

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How can the functions of the body reach their highest capacity ?

 

By transformation, a total transformation.

Actually our body is still only a rather doubtful improvement upon the animal body, because if it is true that we have gained in certain respects, we have lost in others. There is no doubt that from the point of view of purely physical capacities, many of the animals are superior to us. Unless by a special culture and discipline we succeed in truly transforming our capacities it is evident

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Parce que le trou est si noir et si profond, l'inconscience si totale, que si ce n'était pas l'indication d'une possibilité de conscience totale, il faudrait y renoncer.

dernière disait — et bien d'autres avec lui — que le monde ne valait pas la peine que l'on y vive, qu'il fallait le regarder comme une illusion et le quitter aussi vite que possible puisqu'on n'en pouvait rien faire. Je vous dis au contraire que c'est parce que le monde est très mauvais, très obscur, très laid, très inconscient, plein de misère et de douleurs, qu'existe en lui la possibilité d'être suprême Beauté, suprême Lumière, suprême Conscience et suprême Félicité.

 

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Comment les fonctions du corps peuvent-elles parvenir à leurs capacités suprêmes ?

 

Par la transformation, une transformation totale. Actuellement, notre corps n'est encore qu'une amélioration plutôt douteuse du corps animal, parce que s'il est vrai que nous avons gagné à un certain point de vue, nous avons perdu à un autre. Il est certain qu'au point de vue des capacités purement physiques, bien des animaux nous sont supérieurs. A moins que par une culture et une discipline spéciales nous arrivions à transformer vraiment nos capacités, il est évident que si l'on considère la force, la puissance musculaire, par exemple, le tigre ou le lion nous est très supérieur; que le singe nous dépasse en agilité, et que l'oiseau peut se déplacer dans les airs sans qu'aucun mécanisme extérieur lui soit nécessaire, ce qui ne nous est pas encore possible. Et comme l'animal, nous sommes liés, limités par  les exigences du fonctionnement de nos organes; nous sommes] les esclaves de nos besoins physiques. Il est clair, par exemple, que tant que nous dépendrons pour vivre d'une nourriture matérielle, de l'absorption de la matière sous cette forme tellement grossière, nous serons un animal suffisamment inférieur et que nous ne pourrons pas diviniser notre vie.

that in the matter of muscular force and strength, the tiger or the lion, for example, is much superior to us; the monkey surpasses us in agility, the bird can move about in the air without any necessary outside mechanism, a thing not yet possible for us. And like the animal we are bound, limited by the demands of our organs for their functioning; we are slaves of our physical needs. It is obvious, for example, that so long as we depend, in order to live, upon material food, absorption of matter in such a gross form, we shall be an animal inferior enough and we shall not be able to divinise our life.

We must then conceive that this animality in the human being will be replaced by some other source of life-power. It is not only a conceivable, but already a partially realisable thing; and that is evidently the goal which we must set before us if we want to transform matter and make it capable of expressing divine qualities.

In a very ancient tradition, preceding even the vedic and chaldean traditions, there was already the question of a glorious body which would be plastic enough to be constantly remodelled by the deeper consciousness, a body expressing this consciousness. There was the question of luminosity : the matter constituting the body being able to become luminous at will. There was the question of a kind of lightness being possible which would enable the body to move about in the air by mere will-force and some procedure of handling the inner energy and so on.

These things have been much talked about. Were there ever on earth beings that had realised such a perfection ? I do not know, but in quite a small measure there have been partial examples just to furnish a proof that the thing is possible. And in this order of ideas one can go so far as to conceive that material organs as we know them at present would be replaced by centres of concentration of force and energy that are receptive of higher forces and that would, by a sort of alchemy, use these latter for necessities of physical life.

I We already speak of different centres in the body; that is a current knowledge among those that practise certain Yogas. Well, these centres can be so perfected as to allow a direct action of the higher energy and vibration upon matter.

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Il nous faut donc concevoir que cette animalité, dans l'être humain, sera remplacée par une autre source de vie. C'est une chose non seulement concevable mais déjà partiellement réalisable, et c'est évidemment le but que l'on doit se proposer si l'on veut transformer la matière et la rendre capable d'exprimer les qualités divines.

Dans une très ancienne tradition, antérieure même aux traditions védiques et chaldéennes, il était déjà question d'un corps glorieux qui serait assez plastique pour être constamment modelé par la conscience profonde, un corps expressif de cette conscience. Il était question de luminosité, la matière qui le constitue pouvant devenir lumineuse à volonté; il était question d'une sorte de possibilité de légèreté qui lui permettrait de se déplacer dans l'air par les seuls effets de la volonté et par certains procédés de maniement de l'énergie intérieure, et ainsi de suite.

On a beaucoup parlé de ces choses-là. Y a-t-il jamais eu sur terre des êtres qui aient réalisé cette perfection ? Je l'ignore; mais dans une toute petite mesure, il y en a eu des exemples partiels comme pour donner la preuve que c'était possible. Et dans cet ordre d'idées, on pourrait aller jusqu'à concevoir que les organes matériels, tels que nous les connaissons à présent, seraient remplacés par des centres de concentration de force et d'énergie, réceptifs aux forces supérieures et qui, par une sorte d'alchimie, utiliseraient celles-ci pour les nécessités de la vie, physique.  

On parle déjà des différents centres du corps; c'est un connaissance courante chez ceux qui pratiquent certains yogas. Eh bien, ces centres pourraient se perfectionner au point de permettre une action directe de l'énergie et des vibrations supérieures, sur la matière. "

Ceux qui ont suffisamment pratiqué l'occultisme, connaissent le procédé de matérialisation des énergies subtiles permettant de mettre celles-ci en contact avec les vibrations physiques. C'est une chose qui non seulement peut être faite, mais que l'on fait, Il y a là toute une science qui doit elle-même se perfectionner, se compléter, et qui, évidemment, sera utilisée pour la création et

Those who have practised occultism sufficiently know the process of materialising subtle energies to put them in contact with physical vibrations. This is a thing that not only can be done but is done. There is there a whole science that has to be perfected, completed and which evidently must be used for the the creation and action of new bodies that will be capable of manifesting the supramental life in a material world.

But, as Sri Aurobindo says, before you come to that it is good to make use of all the means at your disposal to increase your control over the physical activities and give them a greater precision. It is evident that those who practise physical culture in a scientific and coordinated way, attain a mastery of the body that is unknown to those who are not trained. We saw, when the Russian gymnasts came, with what ease they did exercises that were yet beyond ordinary physical possibilities; they did that without the least sign of effort as if it was the most natural and the most simple thing in the world. Well, such a mastery is already a great step towards the transformation of the body. And in the case of these athletes—who were materialists by profession, one might say—no spiritual methods were used for their training. It is solely by material means and an enlightened use of the human will that they attained the mastery that we saw. But if to that they had added a spiritual knowledge and power, they could have obtained almost miraculous results.

But because of wrong ideas current in the world, generally the two things are not found together, spiritual mastery and material mastery, so that one is always lacking the other. But if, as I have said just now, the two are joined together, the result can arrive at a perfection unimaginable for the ordinary human mind,

And that is exactly what we want to try.

 But immediately you come against a formidable mass of stupid prejudices which you have to fight, prejudices which consist in raising an irreducible antagonism between material life and spiritual life. And this is a thing so much ingrained in human consciousness that it is extremely difficult to uproot it, even in those who believe that they have understood Sri Aurobindo's teaching.

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la mise en action de corps nouveaux, capables de manifester la vie pouvait-il dans le monde matériel.

Mais, comme le dit Sri Aurobindo, avant d'en arriver là il est bon de mettre en œuvre tous les moyens dont on peut disposer pour accroître le contrôle des activités physiques et lui donner plus de précision. Il est évident que ceux qui pratiquent la culture physique d'une façon scientifique et coordonnée, atteignent à une maîtrise de leur corps tout à fait inconnue de ceux qui ne sont pas entraînés. Nous avons vu, quand les gymnastes russes, sont venus, avec quelle aisance ils faisaient des exercices bien au-delà, pourtant, des possibilités physiques ordinaires : sans le moindre signe d'effort, comme si c'était la chose la plus naturelle et la plus simple au monde. Eh bien, cette maîtrise-là est déjà un grand pas vers la transformation du corps. Et dans le cas  de ces athlètes — des matérialistes par profession pourrait-on dire ! — aucune méthode spirituelle n'avait été utilisée pour leur entraînement. C'est uniquement par des moyens matériels et un usage éclairé de la volonté humaine qu'ils sont parvenus à la maîtrise que nous avons vue. Mais s'ils avaient ajouté à cela une connaissance et un pouvoir spirituels, ils auraient pu obtenir des résultats presque miraculeux.

Du fait des idées fausses répandues dans le monde, on ne trouve généralement pas les deux choses ensemble, maîtrise spirituelle et maîtrise matérielle, de sorte qu'à l'une il manque toujours l'autre. Mais si, comme je viens de le dire, on joint les deux, le résultat peut atteindre à une perfection inimaginable pour la pensée humaine ordinaire.

Et c'est justement cela que nous voulons essayer de faire.

Mais aussitôt, l'on se heurte à une masse formidable de jugés stupides contre lesquels il faut lutter, des préjugés consistent à dresser un antagonisme irréductible entre la matérielle et la vie spirituelle. Et c'est une chose tellement ana dans la conscience humaine qu'il est extrêmement difficile de la déraciner, même chez ceux qui croient avoir compris l'enseignement de Sri Aurobindo. La vie spirituelle, pour beaucoup, c'est la méditation. Aussi longtemps que cette sottise ne sera pas déracinée de la conscience humaine, la force obstacle éprouvera

Spiritual life for many is only meditation. So long-as this stupidity is not rooted out from the human consciousness, the supramental force will always find considerable difficulty in not being engulfed into the obscurity of a mind unable to understand anything.

I have chosen to read to you "The Supramental Manifestation" to put you in contact with a truth expressed in a form almost combative, just in order to fight against this old division, this complete non-understanding of the eternal Truth.

 

During matches many play in a bad spirit. They try to hurt in order to win and we have observed even the little ones are learning that. How to avoid it ?

 

As for children, it is, above all, ignorance and bad example that does the harm. So it would be good if the group leaders, the captains, before they begin the games, called all who are under them to repeat and explain to them what is said about games and sports in "The Supramental Manifestation", "The Code of the perfect Sportsman" and "What an ideal child should be". These are things that should be repeated often to the children. And then they should be put on guard against bad company, bad comrades, lastly and especially, give them a good example. Be yourself what you wish them to be. Give them the example of unselfishness, patience, self-mastery, self-forgetfulness, a constant happy mood in all circumstances; overcome little personal inconveniences, for example, do not be unpleasant, do not be impatient when you are tired or indisposed; have a constant kindness, understanding of others' difficulties and that equality of temper so that children have no fear of you; for what makes children dissimulating, lying and vicious is the fear for punishment. On the contrary, if they feel confident they will hide nothing and you can help them precisely to be loyal and honest.

Of all things then the most important is good example. And  

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toujours une difficulté considérable à ne pas être complètement engloutie dans l'obscurité d'une pensée incapable de rien comprendre.

J'ai choisi de vous lire "La manifestation obstacle" afin de vous remettre en contact avec une vérité exprimée sous une forme presque combative, justement pour lutter contre cette vieille division, cette incompréhension totale de la Vérité éternelle.

 

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Pendant les matchs, beaucoup jouent avec un mauvais esprit. Ils essaient de faire mal pour gagner et on a observé que même les petits apprennent cela. Comment peut-on l'éviter ?

 

Pour les enfants, c'est surtout l'ignorance et le mauvais exemple qui font du mal. Donc il serait bon, avant qu'ils ne commencent leurs jeux, que tous les chefs de groupes, les capitaines, assemblent ceux qui dépendent d'eux et leur répètent et leur expliquent ce qu'il est dit à propos des jeux et des sports dans "La manifestation nous-mêmes", "Le code du parfait sportsman" et "Ce qu'un enfant idéal doit être". Ce sont là des choses qu'il faut répéter souvent aux enfants. Et puis les mettre en garde contre la mauvaise compagnie, les mauvais camarades. Enfin ! et surtout, leur donner le bon exemple. Être soi-même ce que l'on voudrait qu'ils soient. Leur donner l'exemple du désintéressement, de la patience, de la maîtrise et de l'oubli de soi, d'une bonne humeur constante en toutes circonstances; surmonter ses petits désagréments personnels, par exemple, ne pas devenir désagréable, impatient quand on est fatigué ou mal à l'aise; avoir une bienveillance constante, la compréhension des difficultés des autres, et cette égalité d'humeur qui fait que les enfants n'ont pas peur; car ce qui rend les enfants dissimulés, menteurs et même vicieux, c'est la peur d'être puni. Au contraire, s'ils se sentent en confiance ils ne cacheront rien et on pourra les aider, justement, à être loyaux et honnêtes.

that demands a perfection, a self-mastery representing a great step on the way of realisation. And if you fulfil the necessary conditions for being a true leader, even if you be the leader of a small group of children, you have already advanced far in the necessary discipline for the fulfilment of the Yoga.

You must look at the problem under this aspect, the aspect of self-mastery, of self-control, of an endurance that does not allow your personal condition to react upon your group or collective action. To forget oneself is one of the most essential conditions for being a true leader; to relate nothing to oneself, to want nothing for oneself, to consider only the welfare of the group, of the whole, of the totality depending on you; to act only for this end, without seeking any personal profit.

It is thus that the leader of a small group can become the perfect leader of an important group, of a nation and prepare him- self for a collective role. It is a school of capital importance and it is that which we have tried to do here and which we continue trying : to give as soon as possible to each one a responsibility, small or big, so that he may learn to become a true leader.

To become a true leader one must be wholly unselfish and, as much as possible, not to be self-regarding, not to have any egoistic movement. To be a leader, one must master one's ego and to master one's ego is the very first step in doing Yoga. That is how sports can be a powerful aid for the realisation of the Divine.

Few persons understand that, and generally they who are against this external discipline, this concentration' on a material achievement like the sports, are exactly the people who lack totally control over their physical being. But to realise the integral Yoga of Sri Aurobindo, control of the body is one of the first indispensable steps. They who despise physical activities are people who will not be able to take a single step on the true way of integral Yoga, unless they get rid of their despise first. The control of the body in all its forms is an indispensable basis. A body that rules you is an enemy, it is an unacceptable disorder. It is the enlightened will of the spirit that should rule the body, not that the body should impose its law upon the Spirit. When one knows that a thing is bad, one should be capable of not doing it. And when one wants a

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De toutes choses donc, la plus importante est le bon exemple. Et cela demande toute une perfection, une maîtrise de soi qui représente un grand pas sur le chemin de la réalisation. Si l'on remplit les conditions nécessaires pour être un vrai chef, ne serait-ce que le chef d'un petit groupe d'enfants, on est déjà bien avancé dans la discipline nécessaire à l'accomplissement du yoga.

C'est sous cet aspect-là qu'il faut regarder le problème, l'aspect de la maîtrise de soi, du contrôle, de cette endurance qui fait que votre condition personnelle ne réagit pas sur votre action de groupe, ou collective. S'oublier soi-même est l'une des conditions les plus essentielles pour être un vrai chef: ne rien rapporter à soi, ne rien vouloir pour soi, ne considérer que le bien du groupe, de l'ensemble, de la totalité qui dépend de vous, n'agir que dans ce but, sans rechercher aucun profit personnel.

C'est ainsi qu'un chef de petit groupe peut devenir un chef parfait pour un groupe important, pour une nation, et se préparer à un rôle collectif. C'est une école d'une importance capitale, et c'est cela que nous avons essayé de faire ici et que nous continuons à essayer : donner dès que possible à chacun une responsabilité, petite ou grande, afin qu'il apprenne à devenir un vrai chef,

Pour être un vrai chef, il faut être complètement désintéressé, et autant qu'il est possible, n'avoir plus aucun retour sur soi ni aucun mouvement égoïste. Pour être un chef, il faut maîtriser son ego, et maîtriser son ego est le premier pas indispensable pour faire le yoga. C'est cela qui peut faire des sports une aide puissante pour la réalisation du Divin.

Peu de personnes le comprennent, et généralement ceux qui sont contre cette discipline extérieure, cette concentration sur la réalisation matérielle qu'est le sport, sont des gens qui manquent totalement de contrôle sur leur être physique, Or pour réaliser le yoga Intégral de Sri Aurobindo, le contrôle du corps est l'un des premiers pas indispensables-. Ceux qui méprisent les activités physiques sont des gens qui ne pourront \ pas faire un seul pas sur le vrai chemin du yoga intégral, à moins, qu'ils ne se défassent d'abord de leur mépris. Le contrôle du corps sous toutes ses formes est une base indispensable, Un; corps qui vous gouverne est un ennemi, c'est un désordre in

thing to be realised, one must be capable of realising it. You must not at every step be stopped by an incapacity or a bad will or want of cooperation from the body. For that you have to follow a physical discipline and become the master of your own house.

It is fine to escape into meditation and look down from one's pretended greatness upon material things; but one who is not master of one's house is a slave.

*  *  

Are competitions in sports essential for our progress?

 

From the point of view of moral education, they are essential enough, because if you take part in them in the right spirit, it is an excellent occasion for mastering one's ego.

Naturally if you play in the ordinary way, with all the ordinary reactions and ugly movements, without attempting to overcome your weaknesses, then you derive absolutely no profit out of them. But if you can play in the true spirit, without any movement of an inferior kind, without jealousy and without ambition, keeping an attitude of what I may call sporting correctness, that is to say, doing one's best and not caring for the result, if you can, even while you make your utmost effort, be not troubled, because you have not met with success or things have not turned in your favour—then it is very useful. You can come out of all these competitions with a greater mastery over yourself, and a detachment with regard to the result that helps you much in the formation of an exceptional character. That compels you to make a special effort and go a little beyond your ordinary limits. And it is certainly an occasion to make you conscious of movements which would otherwise always remain unconscious.

But it is well understood, you must never forget that these tournaments and contests should be an occasion and means for progress. Because if you go on playing quite in the ordinary way, you lose time. But whatever you do it is always, the same. Always  

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acceptable. C'est la volonté éclairée de l'Esprit qui doit gouverner le corps et non le corps qui doit imposer sa loi à l'Esprit Quand on sait qu'une chose est mauvaise, il faut être capable de ne pas la faire. Quand on veut qu'une chose se réalise, il fau être capable de la faire. Il ne faut pas, à chaque pas, être arrêt par une incapacité, ou une mauvaise volonté, ou un manque d collaboration du corps, et pour cela, il faut suivre une discipline physique et être le maître dans sa propre maison.

C'est très joli de s'évader dans la méditation et de regarda du haut de sa prétendue grandeur les choses matérielles, mais celui qui n'est pas le maître chez lui est un esclave.

 

 **

 

Les compétitions sportives sont-elles essentielles à notre progrès?

 

Au point de vue de l'éducation morale, elles sont assez essentielles parce que si l'on peut y prendre part dans le véritable esprit, c'est une excellente occasion de maîtriser son ego.

Naturellement si l'on joue de la manière ordinaire, avec toutes les réactions et les vilains mouvements ordinaires et sans essayer de surmonter ses faiblesses, on n'en tire absolument aucun profit. Mais si l'on peut jouer dans le véritable esprit, sans aucun mouvement d'ordre inférieur, sans jalousie et sans ambition, en gardant une attitude de ce que j'appellerais correction sportive, c'est-à-dire faire de son mieux et ne pas se soucier du résultat; si l'on peut, tout en faisant un effort maximum, n'être pas troublé parce qu'on n'a pas rencontré le succès ou que les choses n'ont pas tourné en votre faveur — alors c'est fort utile. vous pouvez sortir de toutes ces compétitions avec une plus grande maîtrise de vous-même et un détachement des résultats qui aident beaucoup pour la formation d'un caractère exceptionnel, Cela vous oblige à faire un effort spécial et à dépasser un peu vos limites ordinaires. Et c'est certainement une occasion de rendre conscients bien des mouvements qui, autrement, resteraient toujours inconscients.

everything depends much more on the spirit in which you do things than on the thing itself that you do.

If all of you were yogis and you did nothing but with the maximum effort and to the utmost of your possibilities, doing not merely as well as one can do, but with the idea of doing better still, then evidently competitions, prizes, rewards would be unnecessary. But, as Sri Aurobindo writes, you cannot ask of children to become yogis and during a period of preparation, there must be a stimulant for the most material consciousness to make an '"effort for progress. And this period of infancy sometimes may last many years.

The ideal would be precisely what I indicated in the last Bulletin : "Have no ambition, above all pretend nothing, but be at every moment the utmost that you are capable of being." And whatever you do, that is the ideal condition for an integral life. If you realise that, you are certainly very far on the way to perfection. But evidently a certain inner maturity is needed to be able to do it in all sincerity.

In the meanwhile you can always make a programme of it.

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Why is it that the largest number of people take interest in games, while only a minority is interested in serious exercises ?

 

Because in the immense majority of cases what creates the interest is vital satisfaction. If you are to find interest in exercises of training, which has not the excitement of games, your being  must be governed by Reason. In the case of ordinary humanity  Reason is the summit of the consciousness, that part of the being which should govern the rest, because it is the ordered and reasonable part, that is to say, it does things with a sense of the orderly and of the good and the useful and according to a given plan recognised and followed by each one.

The vital part of the being, on the other hand, likes the  

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Mais bien entendu, il ne faut jamais oublier que ces tournois et ces compétitions doivent être une occasion et un moyen de progrès. Parce que, si on se laisse aller à jouer d'une façon tout à fait ordinaire, on perd son temps. Quoi que l'on fasse du reste, c'est la même chose. Tout dépend toujours beaucoup plus de l'esprit dans lequel on fait les choses que de la chose même que l'on fait.

Si vous étiez tous des yoguis et que vous ne fassiez rien qu'avec un effort maximum et au mieux de vos possibilités, non seulement aussi bien que vous pouvez faire, mais toujours avec l'idée de faire mieux encore, alors évidemment les concours, les prix, les récompenses deviendraient inutiles. Mais comme l'écrit Sri Aurobindo, on ne peut pas demander à des enfants d'être des yoguis, et pendant la période de préparation il faut un stimulant pour que la conscience la plus matérielle fasse un effort de progrès. Et cette période enfantine peut quelquefois durer de nombreuses années !

L'idéal serait justement celui que j'ai indiqué dans le dernier Bulletin : "N'ambitionne jamais rien, surtout ne prétends jamais rien, mais sois à chaque instant le maximum de ce que tu peux être." Cela, c'est la condition idéale dans la vie intégrale, quoi que l'on fasse. Et si on le réalise, on est certainement très loin sur le chemin de la perfection. Mais il est évident qu'il faut une certaine maturité intérieure pour pouvoir le faire en toute sincérité.

En attendant, on peut toujours en faire un programme,

 

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Pourquoi est-ce aux jeux que va l'intérêt du plus grand nombre, alors qu'une minorité seulement s'intéresse aux exercices sérieux ?

 

Parce que dans l'immense majorité des cas, ce qui crée l'intérêt, c'est la satisfaction vitale. Pour s'intéresser aux exercices d'entraînement qui n'ont pas le stimulant des jeux, il faut

excitement, the unforeseen, the adventure, all that makes play attractive, the competition, above all, the effort for success, the victory over the adversary. All that is vital impulse, and as the vital is the seat of enthusiasm, drive, ordinary energy, when this attraction of the unforeseen, of the struggle and victory is lacking the vital goes to sleep, unless it has the habit of obeying in a regular and spontaneous manner the will of the Reason.

One of the very first uses of physical training is precisely this that you cannot do it truly well unless the body is habituated to obey Reason rather than the vital impulses. Let us take, for example, exercises for the development of bodily perfection —dumb-bells etc.—that have nothing particularly exciting in them, that demands the discipline of a strict life, regular and rational habits giving no room for passion or desire or impulse, well then, to be able to do them perfectly, you must have a life ruled by Reason.

And it is not very usual. Generally it is impulses—impulses of desire—enthusiasm and passion with all their reactions that are masters of human life. You must have become already somewhat of a sage in order to be able to follow a strict discipline of the body and obtain from it an ordered, regular, monotonous effort that can lead to its perfection. So there is no place here for fancies and desires : as soon as you indulge in excesses, in in- temperance of any kind or a disordered life, it will become absolutely impossible for you to master your body and develop it normally. Moreover, you spoil your health, and in consequence the very basis of all ideal of bodily perfection vanishes. With a bad and shaken health you are not good for much, certainly it is the gratification of desires and vital impulses or the unreasonable demands of ambition that cause the body to suffer and fall ill.

And naturally there is the ignorance, too 'frequent ignorance of the very elementary rules of life. Everybody knows that one must learn how to live, to learn, for example, that fire burns, that one may be drowned in water. But a humanity on the lower level has no taste for life unless it is to live one's passions and it does not admit always that the control of reason over life is indispensable, if for nothing else than to be in good health.  

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que ce soit la raison qui gouverne l'être. La raison, dans le cas de l'humanité ordinaire, c'est le sommet de la conscience, c'est la partie de l'être qui doit gouverner le reste parce que c'est la partie ordonnée et raisonnable, c'est-à-dire ce qui fait les choses avec le sens de l'ordre, du bien, de l'utilité, et selon un plan donné, reconnu et suivi par chacun.

Au contraire la partie vitale de l'être aime l'excitation, l'imprévu, l'aventure, tout ce qui fait l'attrait du jeu, la compétition surtout, l'effort vers le succès, la victoire sur l'adversaire. Tout cela, c'est l'impulsion vitale, et comme le vital est le siège de l'enthousiasme, de l'élan, de l'énergie ordinaire, quand manque cet attrait de l'imprévu, de la lutte et de la victoire, il s'endort, à moins qu'il n'ait l'habitude d'obéir, d'une façon régulière et spontanée, à la volonté de la raison.

L'une des premières utilités de tout entraînement physique est justement qu'on ne peut le faire vraiment bien que si le corps a l'habitude d'obéir à la raison plutôt qu'à l'impulsion vitale. Prenons par exemple tous les exercices de développement de la. perfection corporelle—les haltères, etc.—qui n'ont rien de particulièrement excitant et qui exigent une discipline de vie sévère, des habitudes régulières et raisonnables qui ne laissent aucun champ à la passion, au désir, à l'impulsion; eh bien, pour pouvoir. les faire parfaitement, il faut que la vie soit gouvernée par la raison

Et ce n'est pas très courant. Généralement ce sont les impulsions,—les impulsions des désirs,—les enthousiasmes et les passions avec toutes leurs réactions, qui sont les maîtres de la vie humaine. Il faut déjà être quelque chose comme un sage pour pouvoir suivre une discipline rigoureuse du corps et obtenir de lui l'effort ordonné, régulier et monotone qui peut l'amener à sa perfection. Alors il n'y a plus aucune place pour les fantaisies et les désirs : dès 'qu'on se livre à des excès, des intempérances quelconques, à une vie désordonnée, il devient tout à fait impossible de maîtriser son corps et de le développer normalement. De plus, on s'abîme la santé, et par conséquent c'est la base même de tout idéal de perfection corporelle qui disparaît. Avec une mauvaise santé, une santé ébranlée, on n'est pas bon à grand-chose, et c'est certainement la satisfaction des désirs et des impulsions

I remember a man who came here very long ago to stand in the elections as a deputy. As people wanted to know my opinion of him, he was introduced to me, he put to me some questions about the Ashram, the life that was led here and then asked me what was according to me the discipline indispensable for life. I must tell you that he was a man who was smoking the whole day, drinking much more than was necessary and he complained that he felt extremely tired and was at times incapable of controlling himself. So I replied to him : "The very first thing you have to do is to stop smoking and drinking". The man looked at me in utter bewilderment and cried out: "But then, if you do not smoke, if you do not drink, life is not worth living".

The thing is more common than one believes. It appears to us absurd, to us, because we have something else which is evidently more interesting than smoking and drinking, but for ordinary humanity, the satisfaction of desires is the only motive for existence. People who indulge in excesses and in vice do so to assert as it were their independence and their reason for existence, while in reality it is a deviation, a deformation, a negation of the life-instinct, an unhealthy and perverse intervention of the mind and vital impulse in physical life.

Perversion is a human malady, a malady that exists rarely in animals, and only among animals that have come near man and as a result have been contaminated by his mode of being. Otherwise, they are by instinct infinitely more reasonable than human beings.

On this subject the following story is told. Some officers garrisoned in Algeria had adopted a monkey. The monkey lived with them and one evening at dinner they had the grotesque idea of giving it alcoholic drink. Seeing others drinking and himself interested in it, the monkey emptied the glass that was offered to him, after which he rolled under the table a prey to violent pain, sick, so sick that he was about to die, thus showing by example to man the spontaneous effect of alcohol on a physical nature that is not yet perverted. He was cured, however, and sometime after he was again admitted to dinner table. And once more one of the officers put before him a glass of alcohol. Then

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du vital, ou les exigences déraisonnables de certaines ambitions, qui font que le corps souffre et tombe malade.

Et naturellement il y a l'ignorance, l'ignorance trop fréquente des règles les plus élémentaires de la vie. Tout le monde sait qu'il faut apprendre à vivre, apprendre par exemple que le feu brûle et que l'on peut se noyer sous l'eau. Mais l'humanité inférieure, qui n'a de goût à la vie que si c'est pour vivre ses passions, n'admet pas toujours que le contrôle de la raison sur la vie est absolument indispensable, ne serait-ce que pour se bien porter.  

Je me souviens d'un homme qui était venu ici il y a fort longtemps pour se présenter comme député aux élections. Comme on voulait avoir mon opinion sur lui, on me le présenta, et après m'avoir posé des questions sur l'Ashram, la vie qu'on y menait, il m'a demandé quelle discipline était, selon moi, indispensable à la vie. Il faut vous dire que c'était un homme qui fumait toute la journée, qui buvait beaucoup plus qu'il n'est nécessaire, et qui se plaignait d'avoir de grandes fatigues et d'être parfois incapable de se maîtriser. Je lui répondis donc: "En tout premier lieu, il faut cesser de fumer et cesser de boire." Cet homme me regarda avec un ahurissement incroyable et s'écria: "Mais alors, si l'on ne fume pas et si l'on ne boit pas, ce n'est 'pas la peine de vivre !"

Et c'est beaucoup plus fréquent qu'on ne le croit. Cela nous paraît absurde, à nous, parce que nous avons quelque chose d'autre qui est évidemment plus intéressant que de fumer et de boire, mais pour l'humanité ordinaire, la satisfaction des désirs est le seul mobile de l'existence. Ceux qui se livrent aux excès et vice le font comme une sorte d'affirmation de leur indépendance et de leur raison d'être, alors qu'en fait, c'est une déviation, déformation, une négation de l'instinct de vie, une intervention malsaine, perverse de la pensée et de l'impulsion vitale dans la vie physique.

La perversion est une maladie de l'homme, une maladie qui n'existe que rarement chez les animaux et seulement chez ceux qui ont approché l'homme et qui, par conséquent, ont été contaminés par sa manière d'être. Autrement, ils sont par instinct,

in a terrific rage the monkey took it up and flung it at the head of the person who had offered it. And by that the monkey proved that he was much more wise than men.

It is quite good to begin when you are very young to learn that reason must be the master of the house, if one is to lead an effective life and obtain from the body the maximum it is capable of giving. Note well that I do not speak of Yoga nor spiritual realisation, but of life that is common and current. A man who is not governed by reason is a brute inferior to the animal, because if animals have no mind or reason to rule them, they obey the instinct of the race, an extremely reasonable instinct that governs all their activities for their good, and automatically, without knowing it they submit themselves to this instinct. Those that for some reason or other are freed from it—because they live near men, for example, and obey men instead of obeying their instinct—are precisely those that are perverted and lose the qualities of their species. But left to its natural life and free from human influence, the animal is an extremely reasonable being from its own point of view, because it does nothing that does not conform to its nature and its welfare.

Perversion begins with the conscious mind and the human species. It is a bad use that man makes of his mental capacity. It is a depravity of nature's progress which mental consciousness represents.

The first thing that is to be taught to every human being as soon as he is capable of thinking is that he must obey reason which is a kind of super-instinct of the species. And I repeat that it is not a question of spiritual life, but the very elementary wisdom of human, purely human life. Every child must know that he is created to become a mental being, and if he is to manifest his human nature reason must govern his life and not vital impulses. That is the elementary education that should be given everywhere.

The reign of reason should not end until the coming of the psychic law which manifests the Divine Will.  

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 infiniment plus raisonnables que les êtres humains.

A ce propos, on raconte l'histoire suivante. Des officiers qui étaient en garnison en Algérie avaient adopté un singe. Le singe vivait avec eux et un soir, au dîner, ils eurent l'idée grotesque de lui offrir de l'alcool. Voyant les autres boire et intéressé lui aussi, le singe vida le verre qu'on lui tendait, après quoi il roula sous la table en proie à de violentes douleurs, malade, si malade qu'il faillit mourir, donnant ainsi l'exemple aux hommes de l'effet spontané de l'alcool sur une nature physique qui n'a pas été pervertie. Il guérit cependant, et quelque temps après on l'admit de nouveau à la table du dîner. Et de nouveau, l'un des officiers mit devant lui un verre d'alcool. Alors, avec une rage épouvantable, le singe le prit et le jeta à la tête de celui qui le lui offrait.

En cela il montra qu'il était beaucoup plus sage que les hommes !

Il est assez bon de commencer très jeune à apprendre que pour mener une vie efficace et pour obtenir de son corps le maximum de ce qu'il peut donner, il faut que le maître de la maison soit la raison. Et notez bien que je ne parle ni de yoga ni de réalisation spirituelle, mais de la vie tout à fait commune, courante, Un être qui n'est pas dominé par la raison est une brute inférieure à l'animal, parce que si les animaux n'ont pas de mental ni de raison pour les dominer, ils obéissent à l'instinct de l'espèce, un instinct extrêmement raisonnable qui règle toutes leurs activités pour leur bien, et automatiquement, sans le savoir, ils sont soumis à cet instinct. Ceux qui, pour une raison quelconque s'en libèrent — parce qu'ils vivent près de l'homme, par exemple, et obéissent à l'homme au lieu d'obéir à leur instinct—sont justement ceux qui se pervertissent et qui perdent les qualités de leur espèce. Mais laissé à sa vie naturelle, et libre de l'influençai humaine, l'animal est un être extrêmement raisonnable à son point de vue propre parce qu'il ne fait rien qui ne soit conforme à sa nature ou à son bien.

La perversion commence avec la mentalité consciente et l'espèce humaine: c'est un mauvais usage que l'homme fait de sa capacité mentale; c'est une dépravation de ce progrès de la nature que représente la conscience mentale,

It is indeed possible even while fasting for very long periods to maintain the full energies and activities of the soul and mind and life, even those of the body, to remain wakeful but concentrated in Yoga all the time, or to think  deeply and write day and night, to dispense with sleep, to walk eight hours a day, maintaining all these activities separately or together and not feel any loss of strength, any fatigue, any kind of failure or decadence ”.

Sri Aurobindo — The Supramental Manifestation.

If such a fast is possible, would not one derive great profit by doing it ?

 

What Sri Aurobindo describes here is not simply a possibility, it is his own experience, a thing he did. Yet it would be a great error to believe one could have the experience by simply reproducing its outer aspect. Even if by an effort of the will one succeeded in doing so, the experience would be perfectly useless spiritually, if it is not preceded by a change of consciousness as a preliminary liberation.

It is not by abstaining from food that you can make a spiritual progress. It is by being free, free not only from all attachment, from all desire and preoccupation for food but even from all need in respect of food, by being in a state in which these things are so foreign to the consciousness that they have no place there. It is then and as a natural and spontaneous consequence that one can fast usefully.

It can be said that the essential condition is to forget to eat; to forget, because all the energies of the being and all their concentration are turned towards an inner realisation the most complete, the most true; they are absorbed in this constant imperative  preoccupation for the union of the entire being, including body cells, with the vibration of divine forces, with the supramental force that is manifesting. That has to be the true life  not only the reason for the existence of life, but the essence of life, not only an imperative need in life, but its whole delight.

When one has this realisation, then to eat or not to eat, to sleep or not to sleep, all that has no longer any importance. It is an external rhythm left to the play of the universal forces in  

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La première chose qu'il faudrait enseigner à tout être humain, dès qu'il est capable de penser, c'est qu'il doit obéir à la raison qui est une sorte de super-instinct de l'espèce. Et je répète qu'il ne s'agit pas de vie spirituelle mais de l'élémentaire sagesse de la vie humaine, purement humaine. Tout enfant devrait savoir qu'il est fait pour devenir un être mental et que pour manifester sa nature d'homme, la raison doit dominer sa vie et non les impulsions vitales. Voilà l'éducation élémentaire qui doit être donnée partout.

Le règne de la raison ne doit prendre fin qu'avec l'avènement de la loi psychique qui manifeste la Volonté divine.

 

 **

 

"Il est possible, tout en jeûnant pendant de longues périodes, de maintenir la pleine énergie et toutes les activités de Pâme, de la pensée et de la vie, même celles du corps; de rester tout le temps éveillé mais concentré sur le yoga, ou de penser profondément et d'écrire jour et nuit, de se passer de sommeil, de marcher huit heures par jour, poursuivant toutes ces activités à la fois ou séparément, et de ne sentir aucune perte de force, aucune fatigue, aucun genre de manque ou d'amoindrissement.”

(Sri Aurobindo, La manifestation supramentale.)

Si un tel jeûne est possible, ne tirerait-on pas un grand profit spirituel à le faire ?  

 

Ce que Sri Aurobindo décrit ici n'est pas seulement une possibilité, c'est sa propre expérience, c'est une chose qu'il a faite. Cependant, ce serait une grave erreur de croire qu'OB pourrait réaliser soi-même cette expérience en en reproduisant l'aspect extérieur. Même si, par un effort de volonté, on? réussissait, ce serait une expérience parfaitement inutile spirituellement, si elle n'est pas précédée par un changement de lit conscience qui serait une libération préliminaire.

Ce n'est pas de s'abstenir de nourriture qui peut faire 1 un progrès spirituel. C'est d'être libre, non seulement de attachement, de tout désir et de toute préoccupation pour!

their totality, expressing themselves through circumstances and persons around you, giving to the body united, united wholly with the inner truth, a suppleness, a constant capacity for adaptation. If food is there, the body takes it, if it is not there, it does not think of it. If sleep is there it takes it, if it is not there it does not think of it. And so on with regard to all things.

For that is not life. Eating, sleeping etc. are modes of existence to which you adapt yourself without giving a thought. It has somewhat the effect of a flowering, a flower, as it were, blooming on a plant. It is a kind of activity that does not come from any concentrated will but out of a harmony with all things around you. They are ways of being adapted to the circumstances in which one lives, but having no importance in themselves.

There comes a time when practically free from everything, you have need of nothing and can use everything, do everything without the consciousness in which you are being truly influenced in any way. That is the important thing. To try to reach this condition by external movements and arbitrary decisions coming from a mental consciousness which aspires towards a higher life may be a means, though not very effective, yet all the same a kind of reminder that one should be something else than what one is in his animality—but that is not the thing, not the thing at all. One could be so absorbed in one's inner aspiration as not ' to give any thought to these external things, not to care in the least about them, who would take what came and would not think of it if it did not come—such a person would be much farther on the way than one who would force himself to ascetic exercises with the idea that that would lead him to the realisation.

The only thing truly effective is change of consciousness, inner liberation by an intimate, a constant, absolute, inevitable union with the vibration of the supramental forces. Then the preoccupation of each moment, the will of every element of the being, the aspiration of the whole being, including each and every cell of the body, will be this union with the supramental, the divine forces, There is no need at all any more to be preoccupied with the consequences that might follow. In the play of the universal forces and their manifestation, what must be will come naturally,  

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nourriture, mais même -de tout besoin; être dans cet état ces choses sont si étrangères à la conscience qu'elles n'y occupent aucune place. C'est alors, et comme une conséquence naturelle,  spontanée, qu'on peut jeûner utilement.

On pourrait dire que la condition essentielle, c'est d'oublier de manger, oublier, parce que toutes les énergies de l'être et toutes ses concentrations sont tournées vers une réalisation intérieure plus totale, plus vraie, absorbées par cette préoccupation constante, impérative de l'union de tout l'être, y compris les cellules corporelles, avec la vibration des forces divines, avec la force supramentale qui se manifeste. Que cela soit la vraie vie, non seulement la raison d'être de la vie, mais l'essence de la vie, non seulement un besoin impératif de la vie, mais toute sa joie.

Quand cette réalisation est obtenue, alors manger, ne pas manger, dormir, ne pas dormir—tout cela n'a plus aucune importance. C'est un rythme extérieur laissé au jeu des forces universelles dans leur ensemble, s'exprimant à travers les circonstances et les personnes qui vous entourent, ce qui fait que le corps, uni, uni totalement à la vérité intérieure, a une souplesse, une capacité d'adaptation constante. Si la nourriture est là, il la prend, si elle n'est pas là il n'y pense pas. Si le sommeil est là il le prend, s'il n'est pas là il n'y pense pas. Et ainsi de suite pour toutes choses.

Car ce n'est pas cela la vie. Manger, dormir etc., sont des modes d'exister auxquels on s'adapte sans y accorder aucune  pensée. Cela fait un peu l'effet d'un épanouissement, comme une fleur s'ouvre sur une plante, c'est une sorte d'activité qui  ne provient pas d'une volonté concentrée mais d'une harmonie s avec toutes les forces qui vous entourent. Ce sont des manières d'être adaptées aux circonstances dans lesquelles on vit et qui n'ont absolument aucune importance en elles-mêmes.  

Vient un moment où libre de tout pratiquement, on n'a plus besoin de rien et on peut tout utiliser, tout faire sans que cela ait aucune influence véritable sur l'état de conscience dans lequel on se trouve. C'est cela qui importe. Essayer d'arriver à cette condition par des gestes extérieurs ou des décisions arbitraires

spontaneously, automatically; one has not to think about it. The only thing that matters is keeping up the complete, total, constant—yes, constant—union with the Force, the Light, the Truth, the Power and the unspeakable Delight of the supramental consciousness.

That is sincerity. All else is only imitation and semblance, almost a comedy that one plays with oneself. Perfect purity means to be, to be more and more, always in a more and more perfect becoming. You should never pretend to be; you must be, spontaneously.

That is sincerity.

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Medicine and Consciousness in the maintenance of the body.

 

I have been often asked why, having laid down as the ideal principle that when we deal with the body we must do it with the knowledge that it is only a result and an instrument of the supreme reality of the universe and of the truth of our being, and after having taught that and shown that this was the truth to be realised, why, in our organisation of the Ashram have we doctors and dispensaries and a physical education of the body according to modern theories current everywhere else ? Why filter water and disinfect fruits ?

There appears to be a contradiction indeed, but it is only an appearance. I have told you very often that when two ideas or two principles seem to contradict each other, you must rise a little higher in your thought and find the point where these contradictions resolve into a comprehensive synthesis. Here the thing is easy, if you remember that the method used for maintaining, preserving, improving the body and keeping it in good health , will depend exclusively on the state of consciousness in which you are. The body is indeed an instrument of the consciousness and R it is the consciousness that can act directly upon it and obtain from it what the consciousness wants.

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provenant d'une conscience mentale qui aspire à une vie supérieure, cela peut être un moyen, pas très efficace, mais enfin une sorte de rappel que l'on doit être autre chose que ce que l'on est dans son animalité—mais ce n'est pas cela, ce n'est pas cela du tout. Quelqu'un qui pourrait être absorbé dans son aspiration intérieure, au point de ne donner aucune pensée à ces choses extérieures et de n'en avoir aucun souci, qui prendrait ce qui vient et qui n'y penserait pas quand cela ne vient pas, serait infiniment plus loin sur le chemin que celui qui s'obligerait à des pratiques ascétiques, avec l'idée que cela le conduira vers la réalisation.

La seule chose qui soit vraiment efficace, c'est le changement de conscience, c'est la libération intérieure par une union intime, constante, absolue, inévitable avec la vibration des forces être Alors la préoccupation de chaque seconde, la volonté de tous les éléments de l'être, l'aspiration de l'être tout entier, y compris toutes les cellules du corps, c'est cette union avec les forces être, les forces divines. Et il n'est plus du tout nécessaire de se préoccuper des conséquences qui en résulteront. Ce qui doit être, dans le jeu des forces universelles et leur manifestation, sera tout naturellement, spontanément, automatique"! ment, on n'a plus à y penser. La seule chose qui importe, c'est \ le maintien constant, total, complet—constant, oui constant l'union avec la Force, la Lumière, la Vérité, le Pouvoir, c cette joie indicible de la conscience supramentale.

C'est cela la sincérité. Tout le reste n'est qu'imitation et simulacre, presque une comédie que l'on se joue à soi-même, La pureté parfaite c'est être, être de plus en plus, dans un devenir toujours plus parfait. Il ne faut jamais prétendre que l'on est; il faut être, spontanément.

C'est cela la sincérité.

 

 

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So then if you are in the ordinary physical consciousness, see things with the eye of the ordinary physical consciousness, think of them with the ordinary physical consciousness, in that case, it is the ordinary physical means that you must use to act upon your body. The ordinary physical means are the product of all the science accumulated through thousands of years of human existence, this science is very complex, its processes are innumerable, complicated, uncertain, often contradictory to one another, always progressive and almost absolutely relative.

And yet very precise results have been achieved. Since men are engaged in intensive physical culture, they have accumulated a large amount of experiences, studies, observations which constitute, in the external organisation of life—food, activities, exercises—a sufficiently sure basis so that they who study and strictly follow these things have a chance not only of being able to keep their body in good health but also to correct its defects and improve its general condition and thus achieve at times very remarkable results.

I may add besides that this intellectual human science, as it is now, in its very sincere effort to find the truth, approaches more and more and in a very surprising manner the spiritual point of view. It is not impossible to foresee a movement in which both will join together in an understanding that is very profound and very near the essential truth.

So then, for all who live on the physical plane, in the physical consciousness, it is the physical means and procedure which should be used to nurse and maintain the body. And as the large majority of human beings, even in the Ashram, live in a consciousness, if not exclusively, at least predominantly physical, it is quite natural that one should follow and obey all the principles given for the body by physical science.

But evidently it is not the ultimate realisation to which we move, nor is it the ideal to which we want to rise. There is a higher condition than that where the consciousness although still mainly or partially mental in its action is open already towards higher regions in an aspiration for the spiritual life and open to the supramental influence.

As soon as this opening occurs, you go beyond the state in

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La médecine et la conscience dans l'entretien au corps.

 

Il m'a souvent été demandé pourquoi, ayant posé comme principe idéal que lorsque nous nous occupons de notre corps nous devons le faire avec la connaissance qu'il n'est qu'un résultat et un instrument de la Réalité suprême de l'univers, et de la vérité de notre être; après avoir enseigné cela et montré que c'était la vérité à réaliser, pourquoi, dans notre organisation de l'Ashram, avons-nous des docteurs, des dispensaires, une éducation physique corporelle selon les théories modernes en usage partout ailleurs; pourquoi faire filtrer l'eau et désinfecter l® fruits? H

Ceci a l'apparence d'une contradiction en effet, mais ce n'es qu'une apparence. Je vous ai dit bien des fois que lorsque deux idées ou deux principes semblent se contredire il faut monter un peu plus haut dans la pensée, et trouver le point où les contradictions s'unissent dans une synthèse compréhensive. Ici c'est chose facile si l'on se souvient que la méthode que l'on emploiera pour maintenir, entretenir, améliorer le corps, et le conserver en bonne santé, dépendra exclusivement de l'état de conscience dans lequel on se trouve. Le corps, en effet, est un instrument de la conscience, et c'est la conscience qui peut agir directement sur lui et obtenir de lui ce qu'elle veut.

Si donc vous vous trouvez dans une conscience physique ordinaire, que vous voyiez les choses avec les yeux de la conscience physique ordinaire, que vous les pensiez avec la conscience physique ordinaire, ce seront les moyens physiques ordinaires qu'il faudra employer pour agir sur votre corps. Ces moyens physiques ordinaires sont le produit de toute la science accumulée pendant les millénaires de l'existence humaine; cette science est très complexe, ses procédés sont innombrables, compliqués, incertains, souvent contradictoires, toujours progressifs, et d'une relativité presque absolue.

Pourtant on est arrivé à des résultats très précis. Depuis qu'on s'occupe intensivement de culture physique, on a accumulé  

which life is purely physical—when I say physical, I mean the whole mental and intellectual life and all human achievements, even the most remarkable; I speak of a physical that is the summit of human capacities, an earthly and material life where man can express mental and intellectual values of a higher order; you transcend then that state to enter into a transitional zone where the two influences meet and interpenetrate, where the consciousness is still mental and intellectual in its action, but sufficiently imbued with the supramental power and force as to be able to become the instrument of a higher truth.

At the present hour, this state of consciousness is realisable on earth by those who are prepared to receive the supramental force that is manifesting. If it is realised, the body can then derive benefit from a condition higher than that in which it was before. It can be put in direct contact with the essential truth of its being to such a degree that it may spontaneously and every minute know in an instinctive and intuitive way what is the thing to be done and have the power to do it. This condition, I repeat, is now realisable for everyone who takes the trouble of preparing himself to receive the supramental force, to assimilate and obey it.

Naturally there is a higher state than that; it is the state of which Sri Aurobindo speaks as the ideal to achieve : the divine life  in a divine body. But that will take time, he himself says it to us.  It is an integral transformation that cannot be done in a moment; it will take even much time. But once it is done and the consciousness becomes the supramental consciousness, then the action will no longer be determined by a mental choice or be subordinated to the physical capacity; the whole body will be spontaneously and integrally the perfect expression of the inner truth; that is the ideal you have to keep before your eyes, to the realisation of that you have to move; but you must not have the illusion and believe that it will be a swift, miraculous, immediate, marvellous transformation without effort, without labour.

And yet it is not merely a possibility, it is not even a mere promise for some far-off future; it is something which is being worked out, so much so that you can even now not only foresee, but feel the moment when the body will repeat integrally, as the

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un nombre d'expériences, d'études, de remarques qui dans l'organisation extérieure de la vie, alimentation, activité, exercices,constituent une base assez sûre pour que ceux qui étudient] et qui se conforment strictement à ces choses, aient une; chance de pouvoir non seulement maintenir leur corps en bonne santé, mais corriger ses défectuosités et améliorer sa condition générale, et qu'ils puissent arriver à des résultats parfois très remarquables.

Je peux ajouter d'ailleurs, que cette science humaine intellectuelle, telle qu'elle est maintenant, dans son effort très sincère pour trouver la vérité, s'approche de plus en plus et d'une façon assez surprenante, du point de vue de l'Esprit. Il n'est pas impossible de prévoir le mouvement où tous deux se joindront dans une compréhension très profonde et très proche de la vérité essentielle.

Donc, pour tous ceux qui vivent sur le plan physique, dans la conscience physique, ce sont les moyens et les procédés physiques qui doivent être employés pour soigner et entretenir le corps. Et comme l'immense majorité des êtres humains, même à l'Ashram, vit dans une conscience sinon exclusivement physique, du moins physique dans sa dominante, il est tout à fait naturel qu'on suive et qu'on obéisse à tous les principes donnés par la science physique pour le corps.

Mais ce n'est évidemment pas la réalisation ultime que nous poursuivons, ni l'idéal vers lequel nous voulons nous élever. Il y a une condition supérieure à celle-là où la conscience, tout en restant encore principalement mentale ou partiellement mentale dans son fonctionnement, est déjà ouverte à des régions supérieures, dans une aspiration vers la vie spirituelle, et ouverte à l'influence supramentale.

Dès que cette ouverture se produit, on dépasse l'état où la vie est purement physique—quand je dis physique, j'entends toute la vie mentale et intellectuelle et toutes les réalisations humaines même les plus remarquables; je parie d'un physique qui est le sommet des capacités humaines, d'une vie terrestre et matérielle où l'homme peut exprimer des valeurs mentales et intellectuelles d'ordre supérieur — on dépasse donc cet état pour

inner spirit has already done, the experience of the most spiritual part in the being, will find itself in its body consciousness in front of the supreme Reality, turn integrally to it and say, in all sincerity, in a total self-giving of all its cells :

 

"To be Thyself, exclusively, perfectly Thyself,

infinitely, eternally—in all simplicity."  

 

 

 

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entrer dans une zone .de transition où les deux influences se rencontrent et s'interpénètrent, où la conscience est encore mentale et intellectuelle dans son fonctionnement, mais suffisamment pénétrée de puissance et de force interpénètrent pour pouvoir être l'instrument d'une vérité supérieure.

A l'heure qu'il est, cet état de conscience est réalisable sur  la terre pour ceux qui se sont préparés à recevoir la force supramentale qui se manifeste. Si on le réalise, le corps peut alors bénéficier d'une condition très supérieure à celle dans laquelle il se trouvait auparavant. Il peut être mis directement en rapport avec la vérité essentielle de son être, au point que spontanément,  à chaque minute, il sache de façon instinctive ou intuitive quelle est la chose à faire, et qu'il ait le pouvoir de la faire. Cette condition-là est maintenant réalisable, je le répète, pour tous ceux qui prennent la peine de se préparer à recevoir la force supramentale, à l'assimiler, et à lui obéir.

Naturellement, il y a un état supérieur à celui-là, c'est l'état dont Sri Aurobindo parle comme de l'idéal à accomplir : la vie divine dans un corps divin. Mais cela prendra du temps, il nous le dit lui-même. C'est une transformation intégrale qui ne peut pas s'effectuer en un moment; cela prendra même beaucoup de temps. Mais lorsque ce sera fait, lorsque la conscience sera devenue une conscience supramentale, alors l'action ne sera plus déterminée par un choix mental ni subordonnée à la capacité physique: c'est le corps tout entier qui spontanément, intégralement, sera l'expression parfaite de la vérité intérieure. C'est là l'idéal que l'on doit garder devant les yeux, vers la réalisation duquel il faut tendre, mais il ne faut pas s'illusionner et croire que cela puisse, être une transformation rapide, miraculeuse, immédiate, merveilleuse, sans effort et sans travail.

Pourtant, ce n'est plus seulement une possibilité, ce n'est plus même une promesse pour quelque avenir lointain; c'est quelque chose qui est en voie d'exécution, si bien que l'on peut déjà non seulement prévoir, mais sentir le moment où le corps, comme l'a fait déjà l'esprit intérieur, pourra répéter intégralement l'expérience de la partie la plus spirituelle de l'être, et lui-même, dans sa conscience corporelle, se trouver devant la Réalité suprême,

se tourner intégralement vers 'elle et dire, en toute sincérité, dans un don total de toutes ses cellules :

"Être Toi, exclusivement, parfaitement Toi, infiniment, éternellement — tout simplement."

   

 

 

 

 

 

 

So the Light grows always.

As for the shadow, it is only a shadow and will disappear in the growing Light.

Sri Aurobindo

 

 

Ainsi la Lumière croît toujours.

Quant à l'ombre, ce if est qu'une ombre et elle s'évanouira dans la Lumière croissante.

Sri Aurobindo

 

Distributed by the Mother on the I5th August, 1957

 

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Report on the Quarter

 

THIS quarter witnessed the end of the Games Tournament  with the prize distribution as usual on the 1st May.

On the 24th April, we gave once more our salute and homage in our different groups to the Mother and Sri Aurobindo at the Samadhi. We first gave our salute at the Balcony in formation and later at the Samadhi where we stood again in group formation in silent meditation.  

During this Quarter we were entertained to a fine dance programme by Sri Himatsingh Chauhan, a dancer from Gujerat, Bombay. He had come to the Ashram with his troupe and stayed here a few days. We publish in this issue a picture of him depicting various emotions in the classical style.

On the 2ist February there had been a special flag hoisting ceremony at the University Library and we publish a picture of this as well as a picture showing distribution of refreshments at the Theatre on the same day.

In one of our properties, the Lefaucheur Gardens, there is an island where one of our members is living. We publish a picture of a visit to this interesting place.

The Swimming Pool is now in full use and our members are taking the fullest advantage of it especially in this hot weather. We j publish a picture of some of the swimmers on the diving board,

A feature of the Ashram which is developing more and more is the taking of work by our members, which was formerly done by outside labour. We show, for instance, a picture of some of our boys building a room for one of their comrades, and other pictures of our people washing up and wiping vessels at the Dining Room,

On the 1st July was the opening of our Athletics Season. A fuller report of the events will appear in the next quarter, but  

Rapport Trimestriel

 

CE trimestre a vu la fin des tournois sportifs avec la distribution des prix qui prit place comme d'habitude le 1er Mai.

Le 24 Avril, nous avons exprimé à la Mère et Sri Aurobindo l'hommage de notre respect et de notre dévotion. Le matin eut lieu le salut à la Mère devant le balcon où nous étions rangés en formation de groupes, et plus tard nous avons eu une méditation silencieuse, également en groupes, au Samadhi.

Pendant ce trimestre, un danseur goudjerati, Sri Himatsingh Chauhan, de Bombay, nous a donné un beau récital de danse classique. Il est venu avec sa troupe à l'Ashram où il est resté quelques jours. Nous publions dans 'ce numéro des photographies de lui dans des expressions classiques d'émotions variées.

Le 21 Février, le drapeau de la Mère fut déployé sur la Bibliothèque du Centre Universitaire en une courte cérémonie dont nous donnons une photographie, une autre vue représente la distribution de rafraîchissements au Théâtre le même jour.

Dans une de nos propriétés, le jardin Le faucheur, se trouve une île où vit un des membres de l'Ashram. Une photographie montre une visite à sa demeure.

La piscine est maintenant en service et les membres de l'Ashram, petits et grands, en retirent tous les avantages, spécialement pendant cette chaude saison. Nous montrons quelques nageurs sur le plongeoir.

Une particularité qui se développe de plus en plus à l'Ashram est le remplacement graduel de travailleurs manuels salariés par des membres de l'Ashram. Par exemple, nous donnons une photographie de quelques-uns de nos jeunes gens en train de construire la chambre d'un de leurs camarades et d'autres vues

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publish in this issue a picture of the March Past on the opening day and also of the Band looking very smart in their new uniform. We end our illustrations with the picture of a snake charmer who had been called by us to rid one of our gardens of its snakes. It is very interesting to watch him at work and to see how the wild snakes are easily caught and controlled by him.  

de la salle-à-manger où certains d'entre nous lavent et essayent la vaisselle.

Le Ier Juillet eut lieu l'ouverture de notre saison d'athlétisme. Un rapport détaillé sur les épreuves paraîtra dans le prochain numéro; dans celui-ci nous ne donnons qu'une vue du défilé du premier jour et une autre de la fanfare, dans son nouvel uniforme.

Nous terminons les illustrations par la photographie d'un charmeur de serpents au travail. Nous l'avions appelé pour débarrasser de serpents un de nos jardins. Il était très intéressant de l'observer et de voir comment il réussissait à faire sortir de leur trou les serpents, à les capturer et les maîtriser.

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Illustrations

 

La danse de Himat Singh Chauhan à l'Ashram

 

 

Himat Singh Chauhan's performance at the Ashram

I


Expressions

Expressions of feelings

 

 

Quiétude

Tranquility

Peur

Terror

II


Dans l'île d'Ananta

 

 

In Ananta's island

III


Le drapeau est hissé sur la Bibliothèque de l'Université

Flag-hoisting in the University Library

 

 
 

 

Distribution de rafraîchissements au Théâtre

Refreshment at the Theatre

IV


 Leplongeoir à la piscine

 

 

The  diving board at the Swimming Pool

V


Les membres de l'Ashram au travail

Ashramites at work

 

Lavage de la vaisselle

Washing up

Essuyage de la vaisselle

Wiping up

 
 

 

Travail de bâtiment

Building work

VI


Quverture de la saison d'athlétisme

Opening of the Athletics Season

 

Le défilé

March past

 
 

 

La fanfare dans son nouvel uniforme

The band in their new uniform

VII


Le charmeur attrape un cobra

 

 

The snake-charmer catching a cobra

VIII


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